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BIRMANIE

 

 

 

 

 

 

 

Birmanie
en birman Myanmar

Nom officiel : République de l'Union du Myanmar


État d' Asie du Sud-Est, la Birmanie s'ouvre au sud et à l'ouest sur l'océan Indien (mer d'Andaman, golfe du Bengale) ; elle est bordée à l'ouest et au nord-ouest par le Bangladesh et l'Inde, au nord et au nord-est par la Chine, à l'est et au sud-est par le Laos et la Thaïlande. L'Union du Myanmar est composée de 7 États peuplés en partie de populations non birmanes (Arakan [Rakhine], Chan [Shan], Chin, Kachin, Karen [Kayin], Kayah, Môn), et de 7 provinces proprement birmanes (Irrawaddy [Ayeyarwady], Magwe [Magway], Mandalay, Pegu [Bago], Rangoun, Sagaing, Tenasserim [Tanintharyi]) Nay Pyi Taw, la capitale, est un territoire de l'Union sous administration directe du président.

*         Superficie : 678 000 km2
*         Nombre d'habitants : 53 259 000 (estimation pour 2013)
*         Nom des habitants : Birmans
*         Capitales : Rangoun et Nay Pyi Taw (capitale administrative)
*         Langue : birman
*         Monnaie : kyat
*         Chef de l'État : Myint Swe
*         Nature de l'État : régime semi-parlementaire
*         Constitution :
    *         Adoption : 29 mai 2008
Pour en savoir plus : institutions de la Birmanie

GÉOGRAPHIE

Le pays regroupe en une fédération, l'Union de Myanmar, l'ancienne colonie anglaise de Birmanie et sept États « périphériques » peuplés de minorités ethniques, parfois turbulentes, qui représentent 20 à 25 % de la population totale, en très large majorité bouddhiste. Coupée par le tropique et située dans le domaine de la mousson, la Birmanie est un pays presque exclusivement agricole, notable producteur de riz ; la culture en est répandue surtout dans le delta de l'Irrawaddy, au débouché de la grande dépression centrale, qui est le cœur du pays. Les autres cultures, vivrières ou commerciales (coton, arachide, canne à sucre, thé, hévéa), sont secondaires. L'exploitation de la forêt (teck, bambou) est la principale ressource (avec l'opium) des régions du pourtour, montagneuses, entaillées par les vallées de la Chindwin, de l'Irrawaddy et du Salouen.


La Birmanie possède quelques ressources minières ainsi que d'importantes réserves de pétrole et, surtout, de gaz naturel (gisement offshore de Yadana et de Shwe). Un essor du tourisme s'amorce avec la détente politique.
1. LE MILIEU NATUREL
1.1. LE RELIEF
Le pays comprend trois grandes zones méridiennes : au centre, une dépression de près de 1 000 km de long (bassin de haute Birmanie et delta de basse Birmanie) ; à l'ouest, l'Arakan Yoma ; à l'est, les monts des Kachins (plus de 6 000 m), le plateau Chan et le Tenasserim. Les montagnes, difficilement pénétrables, cernent donc de toutes parts la longue dépression centrale, qui est d'ailleurs accidentée de collines, voire de chaînons (Pegu Yoma) et de volcans éteints, et qui est parcourue par l'Irrawaddy, par son affluent le Chindwin et par le Sittang. Le Salouen, par contre, dont la plus grande partie du cours traverse en gorges le plateau Chan, formant le plus grand canyon du monde, reste, à l'est, en marge de la dépression birmane. Le plateau Chan et le Tenasserim sont constitués de terrains anciens, notamment de calcaires sombres et durs et de granites riches en cassitérite (étain) et en wolfram (tungstène) : ils dominent par un escarpement de faille – de 1 500 m – la dépression birmane, dont les terrains tertiaires (grès, sables, argiles), parfois pétrolifères, sont plissés et en partie affectés par le volcanisme quaternaire.
1.2. LE CLIMAT
Entre 15 et 28° de latitude nord, la Birmanie a un climat chaud, à pluies d'été (mai-novembre) dues à la mousson. Celle-ci déverse des précipitations extrêmement abondantes sur l'Arakan et le Tenasserim (plus de 5 000 mm à Akyab et à Tavoy), couverts de forêts denses sempervirentes, et sur le delta de l'Irrawaddy (plus de 2 000 mm à Rangoun). Par contre, le bassin de haute Birmanie, « sous le vent », est sec (moins de 1 000 mm, parfois moins de 600 m), avec des pluies très irrégulières : les versants montagneux portent une forêt sèche riche en tecks ; ailleurs des épineux et, dans les plus bas fonds, des lacs salés. L'Irrawaddy, axe du pays, est navigable sur 1 600 km.
2. LA POPULATION
État à l'unité fragile (dont les structures fédérales restent encore floues), la Birmanie est une mosaïque ethnique. Habitant la dépression centrale, drainée par l'Irrawaddy, les Birmans proprement dits, bouddhistes et de langue tibéto-birmane, sont majoritaires : ils représenteraient de 65 à 75 % de la population mais mais n'occuperaient qu'environ 53 % du territoire. Des minorités d'importance diverse se partagent les zones périphériques et occupent les montagnes selon un étagement précis. Les Arakanais, en partie islamisés, à l'ouest, et les Môns de l'État Môn et du Tenasserim (auj. Tanintharyi), à l'extrême sud, sont proches des Birmans.
Au sud-est, les Karens, montagnards animistes en partie christianisés, de langue proche du birman, comprennent divers sous-groupes, formant l'une des importantes ethnies minoritaires du pays avec environ 7 % de la population ; on les rencontre aussi dans le delta de l'Irrawaddy.
Plus au nord, on trouve les Chans (ou Shans), la minorité qui serai la plus nombreuse, bouddhistes apparentés aux Thaïs, et des tribus montagnardes proto-indochinoises (Palaungs, Was). Enfin, au nord et au nord-ouest, les montagnards Kachins et Chins, de langues tibéto-birmanes, n'ont pas subi l'influence indienne et sont restés animistes ou ont été en partie christianisés. Les minorités indienne et chinoise, bien représentées dans les villes avant la Seconde Guerre mondiale, ont beaucoup diminué.
La population birmane est d'une densité plutôt faible (78 habitants par km2), sauf dans les deltas du Sud et dans le bassin de Mandalay, fortement peuplés. La plus grande ville, Rangoun, regroupe 4 millions d'habitants. La population a vu son taux d'accroissement naturel diminuer à la fin des années 1990 pour atteindre 1,2 % par an. La natalité (21 ‰) et la fécondité (2,8 enfants par femme) restent, cependant, encore soutenues. La population est relativement jeune (33 % des Birmans ont moins de 15 ans) et faiblement urbanisée (27 % de citadins).
3. L'ÉCONOMIE
La Birmanie bénéficie de ressources minières (plomb, zinc, étain, tungstène, argent, pierres précieuses) situées, en majeure partie, dans les montagnes des États des Chans et de Kawthoolei ainsi que dans le Tenasserim. Mais l'industrie extractive est en régression.

L'agriculture domine l'économie, occupant près des deux tiers des actifs et fournissant 25 % du produit intérieur brut. La principale production agricole est le riz, dont une grande partie est exportée. La basse Birmanie, et surtout le delta de l'Irrawaddy (30 000 km2), constitue le grenier à riz du pays, grâce à des conditions naturelles favorables (pluies régulières, sol fertilisé par le fleuve). Cette monoculture commerciale, pratiquée de manière extensive, a longtemps profité à la grande propriété, souvent aux mains d'usuriers d'origine indienne. Après une première réforme agraire en 1954, la terre a été décrétée propriété d'État en 1970. Outre le riz, la Birmanie exporte également du bois (teck). En haute Birmanie, région pittoresque comptant sept anciennes capitales (dont Pagan et Mandalay), mais aux conditions plus difficiles (climat semi-aride, sols médiocres, sauf pour les îles de l'Irrawaddy), on trouve des cultures plus diversifiées (riz, millets, arachide, coton, légumes, tabac) et de l'élevage. L'artisanat (tissage du coton et de la soie, fabrication de cigares) y est réputé. Enfin, dans la zone proche de la Chine, de la Thaïlande et du Laos, dite « triangle d'or », la culture du pavot prospère. Rangoun, la capitale, est la première ville du pays (4 millions d'habitants dans l'agglomération) et le seul grand port, bénéficiant des liaisons fluviales avec l'intérieur. En 2005, une capitale administrative est créée dans le centre du pays, à Nay Pyi Taw (ou Naypyitaw), près de Pyinmana, à 200 km environ au N. de Rangoun.
Les principaux partenaires commerciaux de la Birmanie sont la Thaïlande (premier client), la Chine (premier fournisseur et investisseur étranger), l'Inde, Singapour, le Japon, la Corée du Sud et la Malaisie. Le pays exporte du gaz naturel (à partir des gisements offshore de Yadana et de Shwe), du pétrole, des pierres précieuses et semi-précieuses (rubis, jade), du bois de teck, divers produits agricoles (haricots secs, sésame). La Birmanie est perçue comme l'un des pays d'Asie les plus corrompus et affiche un développement humain parmi les plus bas de la région.
Depuis 2010, le nouveau gouvernement a mis en place une politique d'ouverture économique par le biais des privatisations et de la libéralisation du secteur financier.

HISTOIRE
1. DES ORIGINES À LA COLONISATION BRITANNIQUE

C'est au début de notre ère qu'arrive dans l'actuelle Birmanie une peuplade tibéto-birmane, les Pyus. Ceux-ci s'installent progressivement dans la vallée de l'Irrawaddy, au sud de laquelle ils entrent en contact avec les Môns. C'est à travers les Pyus que la civilisation indienne et le bouddhisme pénètrent en Birmanie.
Môns et Birmans vont vite s'affronter pour le contrôle du pays ; le conflit durera un millénaire, jusqu'à l'anéantissement des royaumes môns au xviiie siècle.
Au viiie siècle, des populations thaïes – les Chans – arrivent sur le plateau oriental, constituant la plus importante minorité d'un pays au peuplement hétérogène.
Créé au ixe siècle, le royaume birman de Pagan connaît son apogée avec la formation du premier empire par Anoratha (1044-1077), qui soumet les Môns et conquiert leur capitale, Thaton (1057) ; il organise l'empire et étend sa suzeraineté. En 1287, Pagan est prise par les troupes mongoles de Kubilay et, en 1299, elle est brûlée par les Chans.
Le pays se morcelle (royaume môn de Pegu, 1387-1539 ; dynastie chan d'Ava, 1364-1555) et ce n'est qu'au xvie siècle que les rois de Toungoo, Tabinshweti puis Bayinnaung, rétablissent l'unité du pays. Celle-ci est de courte durée, et il faut attendre le milieu du xviiie siècle pour qu'Alaungpaya fonde le troisième empire birman (dynastie Konbaung, 1752-1885), qui conquiert Ayuthia (1767), l'Arakan (1785), le Manipur (1759 et 1817) et l'Assam (1817). Entre-temps, la capitale se déplace vers Rangoun.
2. LA COLONISATION BRITANNIQUE
Déjà installés en Inde, les Anglais vont, par trois guerres successives (1824-1826, 1852, 1885), conquérir le pays et abolir la monarchie. La Birmanie devient une province de l'Empire des Indes (1er janvier 1886). Face à l'exploitation coloniale des richesses du pays, le mouvement nationaliste ne va pas tarder à s'affirmer.
Le premier parti, celui des Thakins (« Maîtres »), est fondé en 1929 par Aung San et U Nu. En 1937, la Birmanie est séparée des Indes britanniques et s'achemine vers l'autonomie lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. Occupée par les Japonais (1942-1945), elle est le théâtre de violents combats dont sortiront victorieuses les troupes de Mountbatten.
3. INDÉPENDANCE ET GUERRES CIVILES
Le 4 janvier 1948, l'Union birmane accède à l'indépendance. Aung San ayant été assassiné (juillet 1947), U Nu prend la tête du gouvernement. En dépit de l'accord de Panglang (février 1947) entre les Birmans et les autres ethnies, les Karens (1948), puis les Kachins (1949) prennent les armes pour obtenir l'autonomie. À la même époque, le parti communiste birman se lance dans la lutte armée. Dès lors, le gouvernement central s'épuise dans une guerre civile sans fin contre les mouvements nationalistes et révolutionnaires. La situation économique du pays est difficile et U Nu se lance dans un programme de réformes au nom du socialisme bouddhique.
En septembre 1958, les militaires prennent le contrôle du pouvoir et le général Ne Win devient Premier ministre. À la suite des élections de février 1960, U Nu revient au pouvoir. Il nationalise certains secteurs économiques et proclame le bouddhisme religion d'État (août 1961). En 1961, les minorités, réunies à Taunggyi, réclament une nouvelle Constitution reconnaissant l'égalité et l'autonomie des différents États de l'Union. Ce projet est mis au point le 1er mars 1962 par le Parlement.
4. COUP D'ÉTAT MILITAIRE ET « SOCIALISME BIRMAN »
Le lendemain, l'armée reprend le pouvoir et le général Ne Win revient à la tête d'un nouveau gouvernement militaire et d'un Conseil révolutionnaire. Il fait emprisonner U Nu, suspend la Constitution et dissout le Parlement. Les postes de commande sont confiés à des officiers. Rangoun contrôle plus étroitement les États. L'abolition des structures traditionnelles entraîne, en 1962, le soulèvement des Chans.
Au nom de la « Voie birmane vers le socialisme », qui s'appuie sur le parti du Programme socialiste birman (BSPP) – devenu parti unique (mars 1964) –, Ne Win décide d'étatiser les principaux secteurs de l'économie, dans le cadre d'un « État socialiste ». Cette politique fait peser une lourde charge financière sur le pays, qui doit dédommager les banques et actionnaires étrangers. De plus, incompétence et corruption vont fortement obérer le développement de la Birmanie.
En cinq ans, de 1962 à 1967, la production de riz baisse de un million de tonnes. Le revenu par habitant est un des plus bas du monde ; la production agricole et industrielle a de la peine à suivre la progression démographique, et le commerce extérieur connaît de graves difficultés.
Les insurrections reprennent, mobilisant contre elles le gros des forces armées. Le parti communiste prochinois du « drapeau blanc », qui groupe des milliers de maquisards retranchés dans des bases proches de la frontière de la Chine, est le plus menaçant. Bien qu'ayant subi de nombreux revers (mort de leur chef Thakin Than Tun [1968], puis mort de son successeur [1975] lors de la prise de la base des monts Pégu), les maquisards du « drapeau blanc », dirigés par Thakin Ba Thein (réfugié en Chine), étendent leur influence chez les Chans et les Kachins. Mais, morcelées, les minorités parviennent difficilement à s'unir de façon durable.
U Nu, qui a été libéré en 1966, se réfugie en Thaïlande et tente vainement d'organiser la résistance contre Ne Win. En 1967, ce dernier, qui poursuit sa diplomatie de non-alignement, doit faire face à une très grave crise. Des manifestations antichinoises ensanglantes Rangoun en juin, et les relations sont suspendues entre la Chine et la Birmanie. Les efforts de Ne Win aboutissent en 1970 à la normalisation des relations sino-birmanes.
En décembre 1973, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum, et la Birmanie devient République socialiste. Le Conseil révolutionnaire remet ses pouvoirs au Congrès du peuple (Pyithu Hluttaw). Les élections législatives de janvier-février 1974 ne modifient pas la situation. Dès juin, l'armée réprime brutalement des manifestations ouvrières à Rangoun. En décembre, des émeutes estudiantines ont lieu dans la capitale à l'occasion des obsèques de U Thant, l'ancien secrétaire général des Nations unies ; la loi martiale est proclamée. Le gouvernement décide une timide ouverture aux capitaux et investissements étrangers. Il s'ensuit un léger début de redressement économique.
En juin 1976, alors que les manifestations reprennent à Rangoun, plusieurs mouvements nationalistes créent le Front uni, pour lutter contre le pouvoir central. Des rivalités au sein du parti ne remettent pas en cause le pouvoir du président Ne Win, assisté du général San Yu, secrétaire général du BSPP et du Conseil d'État. En avril-mai 1978, les exactions de l'armée entraînent la fuite vers le Bangladesh de 200 000 musulmans birmans – les Rohingyas –, dans des conditions dramatiques. Ils seront rapatriés en 1979 sous l'égide des Nations unies.
En septembre 1979, la Birmanie décide de se retirer du mouvement des pays non-alignés. En 1981, Ne Win abandonne ses fonctions, tout en conservant la présidence du parti et en continuant en fait à diriger le pays. San Yu est élu à la présidence de la République après avoir quitté le secrétariat général du parti.
5. LE SLORC ET L'OPPOSITION DÉMOCRATIQUE

En 1988, une vague de manifestations, durement réprimées, signe l'échec politique et économique du régime. En juillet, Ne Win quitte la direction du BSPP. Le général Sein Lwin, surnommé le « boucher de Rangoun », lui succède et remplace San Yu à la présidence de la République le 27 du même mois. Après avoir écrasé de nouvelles émeutes et une grève générale au prix de milliers de morts en août, il doit céder la place au civil Maung Maung.
L'opposition prodémocratique s'étend à toutes les classes de la société. La fille d'Aung San, le héros de l'indépendance, Aung San Suu Kyi en devient la figure de proue. Au prix d'une répression sanglante, l'armée reprend le pouvoir et forme, le 18 septembre, le State Law and Order Restoration Council (SLORC), avec à sa tête le général Saw Maung, qui ordonne arrestations en masse et exécutions ; des opposants se réfugient à la frontière thaïlandaise. Cependant, le multipartisme est instauré, et les élections qui ont lieu le 27 mai 1990 consacrent la victoire écrasante de la National League for Democracy (NLD), dont la secrétaire générale, Aung San Suu Kyi, a été placée en résidence surveillée. Le BSPP, devenu le National Unity Party (NUP), est balayé. Refusant de tenir compte de ces élections, la junte poursuit la répression, s'en prenant même aux moines bouddhistes. Condamné par la communauté internationale, isolé diplomatiquement – Aung San Suu Kyi, toujours prisonnière, reçoit le prix Nobel de la paix en 1991 –, le régime n'est plus soutenu que par la Chine, qui lui fournit une aide militaire contre des avantages stratégiques.
Le 23 avril 1992, Saw Maung cède la place au général Than Shwe, qui inaugure une politique d'apaisement et d'ouverture économique, destinée à améliorer l'image du pays. Une convention, dans laquelle siège la NLD, est nommée pour préparer une nouvelle Constitution. Aung San Suu Kyi, libérée en juillet 1995, mais étroitement surveillée, s'efforce de relancer la dynamique d'opposition. En décembre, la NLD quitte la convention, mais subit une répression sévère alors qu'elle tente de tenir un congrès. Des centaines d'arrestations paralysent à nouveau le mouvement à la fin de 1996.
Encouragé par ses espoirs de croissance économique, le SLORC parvient à négocier des accords de cessez-le-feu avec la quinzaine de mouvements ethniques en rébellion contre l'autorité centrale, dont certains, comme les Karens, depuis 1949. Khun Sa, « seigneur de la drogue », se soumet en janvier 1995. Le SLORC, épuré de ses membres les plus corrompus, se transforme, en novembre 1997, en State Peace and Development Council (SPDC), composé de 19 membres et où rivalisent, sous la présidence de Than Shwe, la faction dure du général Maung Aye, chef des forces armées, et celle, plus pragmatique, du général Khin Nyunt, l'« homme fort » des services secrets, tandis que Ne Win maintient son influence.
En juillet 1997, la Birmanie entre dans l'ASEAN. Déconcertée par l'échec du modèle indonésien de Suharto, en 1998, la junte continue sa lutte contre le mouvement d'Aung San Suu Kyi (NLD), tandis que cette dernière, au péril de sa vie, développe son action et, face à la crise économique, appelle la convocation du Parlement issu des élections de 1990. Mais l'arrestation en septembre 1998 de plusieurs centaines d'opposants montre la volonté farouche des dirigeants de ne rien céder aux démocrates.

6. LE TRIOMPHE DE LA LIGNE DURE
Tandis que les États-Unis et l'Union européenne maintiennent leurs sanctions à l'égard du régime, celui-ci mise sur la « solidarité asiatique » pour briser son isolement. Un diplomate malaisien obtient, fin 2000, la reprise du dialogue avec Aung San Suu Kyi. Libérée en mai 2002, celle-ci est arrêtée de nouveau en mai 2003.
Entre-temps, un remaniement gouvernemental, la condamnation à mort du gendre de Ne Win et de ses fils, des limogeages au sein des forces armées montrent que des luttes opposent toujours les factions de la junte. La situation économique est catastrophique (inflation de 60 % en 2002, chute du kyat) et seul le commerce transfrontalier, surtout avec la Chine (bois et pierres précieuses), permet aux militaires birmans d'éviter la banqueroute. Ces derniers essuient un échec diplomatique sérieux lorsque l'ASEAN condamne l'arrestation d'Aung San Suu Kyi. Le général Ne Win meurt le 5 décembre 2002 dans l'indifférence.
Alors que de nouvelles arrestations confirment le blocage de la situation, le général Khin Nyunt est nommé Premier ministre par Than Shwe en août 2003. Il fixe aussitôt une « feuille de route » vers la démocratie : il s'agirait de réactiver la Convention nationale (suspendue en 1996 après le retrait de la LND) pour rédiger une Constitution, qui serait ratifiée par référendum avant des élections législatives. Khin Nyunt fait des ouvertures vers les minorités rebelles et conclut des trêves. En septembre 2003, Aung San Suu Kyi, sortie de prison pour subir une opération chirurgicale, est de nouveau assignée à résidence chez elle, à Rangoun. Malgré quelques libérations de personnalités politiques, la Convention nationale, ouverte en mai 2004, est boycottée par la NLD et plusieurs groupes ethniques.
Khin Nyunt est évincé en octobre, officiellement pour « corruption ». Le service des renseignements, qu'il dirigeait depuis 1984, et qui avait, semble-t-il, tenté de prendre le contrôle du commerce frontalier avec la Chine, est alors épuré. Procès et condamnations se poursuivent jusqu'en 2005. Le général Soe Win, premier secrétaire du SPDC, succède à Khin Nyunt. La ligne « dure » triomphe. La Convention nationale, réunie dans un camp sous haute surveillance, se sépare en avril 2005 sans alléger les frustrations. La chute de l'empire financier et commercial de Khin Nyunt contribue à aggraver les difficultés économiques. Dans ce pays en ruine, le budget militaire est trois fois plus important que ceux de l'Éducation et de la Santé réunis. La junte pratique le travail forcé au bénéfice des entreprises qui investissent dans le pays (Total).
La Chine maintient son soutien et son « amitié fraternelle » au régime birman, à qui elle fournit armements et aide économique, obtenant en contrepartie un accès convoité vers le golfe du Bengale et du gaz (accord de 2005). Cela n'est pas sans inquiéter l'Inde (accord pour la construction d'un gazoduc en 2006), les États Unis, le Japon et l'ASEAN, dont la Birmanie, doit assurer, en 2006, la présidence tournante (elle y renoncera peu avant).
Par ailleurs, voulant revenir à la tradition royale et par crainte d'une intervention américaine ou d'une invasion thaïlandaise, la junte entreprend, fin 2005, de déménager la capitale dans le centre du pays, à proximité de Pyinmana et à 300 km environ au nord de Rangoun. La nouvelle capitale est baptisée Nay Pyi Taw (ou Naypyidaw, « Cité royale »).

En août-septembre 2007, des mouvements de protestation populaires contre une brusque augmentation du prix des carburants et leur brutale répression par les forces de l'ordre remettent au premier plan la « question birmane ». L'ensemble de la communauté internationale (l'ONU, l'Union européenne, les États-Unis, mais également la Chine et l'ASEAN) exhorte les autorités birmanes à la modération en les appelant à engager le dialogue avec l'opposition, en particulier avec Aung San Suu Kyi, dont l'assignation à résidence a été prorogée d'un an en 2006.
L'envoyé spécial des Nations unies pour la Birmanie, Ismaïl Gambari, chargé de promouvoir un dialogue entre la junte et la société birmanes, se heurte à de nombreux obstacles mais parvient à rencontrer Aung San Suu Kyi en mars 2008. Invoquant la « souveraineté » de la Birmanie, la junte militaire campe sur ses positions et refuse tout geste significatif s'agissant des prisonniers politiques et des personnes détenues à la suite des manifestations.
Le 3 mai 2008, le typhon Nargis provoque un désastre humanitaire (2,4 millions de sinistrés). Alliant l'inflexibilité au cynisme, la junte n'accepte l'aide internationale qu'au compte-gouttes et dans cette situation chaotique, fait adopter par référendum une nouvelle Constitution afin de pérenniser son pouvoir dans la perspective des élections prévues en 2010. Réservant aux militaires certains des ministères clés et un quart des sièges dans les deux chambres, le texte interdit également aux personnes ayant épousé un étranger de se porter candidat. Cette clause ad hoc vise Aung San Suu Kyi dont l'assignation à résidence est renouvelée d'un an le 27 mai et qui est de nouveau arrêtée le 14 mai 2009 pour avoir laissé un ressortissant américain séjourner chez elle. Au terme d'un procès de près de trois mois, l'opposante, dont la popularité est toujours redoutée par les militaires, est condamnée à dix-huit mois de résidence surveillée malgré les démarches en faveur de sa libération du secrétaire général de l'ONU ainsi que de l'ASEAN.

7. UN PARAVENT DÉMOCRATIQUE
Boycottées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, officiellement dissoute, les élections générales – d’un Parlement bicaméral et de quatorze assemblées régionales – se tiennent le 7 novembre 2010 en l’absence d’observateurs internationaux. La junte garde la haute main sur la consultation et le parti de la Solidarité et du Développement de l’Union (USDP) qu’elle a créé de toutes pièces, massivement présent et mené par le Premier ministre Thein Sein, l’emporte aisément en s’arrogeant la très grande majorité des sièges à la Chambre des représentants et à celle des nationalités. Parmi les 38 partis autorisés à se présenter (dont le parti de l’Unité nationale, résurgence de la vieille garde militaire, et 21 formations représentant les minorités ethniques), les deux principaux mouvements d’opposition – la Force démocratique nationale, fondée par des dirigeants de la LND ayant refusé le boycott, et le parti démocratique des Nationalités Shan – n’ont pu, faute de moyens, présenter que respectivement 151 et 73 candidats pour les 498 sièges à pourvoir au Parlement au suffrage universel. Le 13 novembre, Aung San Suu Kyi est libérée et lance un appel à l’union de l’opposition et au dialogue entre toutes les forces politiques. En février 2011, le Premier ministre sortant est élu par le collège électoral à la tête de l’État, ainsi que deux vice-présidents, Tin Aung Myint Oo, un ex-militaire, et Sai Mauk Kham, membre de l'USDP.

8. PREMIERS SIGNES D'OUVERTURE
Le gouvernement civil formé en mars 2011 reste sous la surveillance étroite des militaires. Mais, dans le but de briser l’isolement du pays et d’obtenir la levée des sanctions occidentales, il laisse entrevoir une ouverture politique dont prennent acte aussi bien l’opposition intérieure que la communauté internationale. Le contrôle exercé sur les médias est ainsi partiellement assoupli et l’adhésion à des syndicats et le droit de grève sont autorisés ; après la création d’une Commission nationale sur les droits de l’homme, quelque deux cents prisonniers politiques sont libérés (octobre), tandis que la Ligue pour la démocratie est réintégrée dans le jeu politique (novembre).
En décembre, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, effectue une visite historique à Nay Pyi Taw et à Rangoun, la première d'un chef de la diplomatie américaine dans le pays depuis 1955, ouvrant la voie au rétablissement de relations diplomatiques pleines et entières.
La Birmanie resserre parallèlement ses liens avec ses partenaires de l’ASEAN qui accepte de lui confier sa présidence tournante en 2014. Puis, alors qu’une plus vaste amnistie est décrétée et que s’ouvrent des discussions avec la rébellion karen, c’est au tour du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, de se rendre dans le pays (janvier 2012).
Décidée à participer à cette libéralisation encore timide et ayant obtenu la levée des restrictions sur ses déplacements, Aung San Suu kyi s’engage dans la campagne électorale en vue des élections législatives partielles d’avril 2012. Bien que ce scrutin ne concerne que 45 sièges laissés vacants, dont 37 à la Chambre des représentants, sa régularité est considérée comme un nouveau test de la volonté de réforme du gouvernement birman. La très large victoire de la LND et l’élection d’Aung San Suu Kyi dans la région de Yangon marquent ainsi une importante étape dans l'évolution du régime.

9. VERS LA FIN DE L'ISOLEMENT
L’accélération de la libéralisation politique – suppression de la censure, autorisation d’une presse privée, nouvelle libération de prisonniers politiques – et économique – ouverture aux investissements étrangers, réforme de la Banque centrale en vue d’une plus grande autonomie et du développement du secteur bancaire – semble montrer une volonté réelle de réforme de la part du président Thein Sein et de ses alliés.
La normalisation des relations avec les États-Unis peut ainsi se poursuivre : après son passage en septembre 2012 devant l’Assemblée des Nations unies (où il rend hommage à Aung San Suu Kyi en visite aux États-Unis au même moment) et après avoir accueilli Barack Obama en Birmanie en novembre, Thein Sein est le premier chef d’État birman à être reçu à la Maison-Blanche depuis 47 ans en mai 2013.
Parallèlement, en juillet et septembre 2012, Washington met fin aux restrictions sur les investissements américains en Birmanie et lèvent l’interdiction d’importer des produits birmans.
À la suite d’un voyage officiel dans plusieurs pays européens et à Bruxelles (février-mars 2013) le président birman obtient également en avril la levée des sanctions commerciales imposées par l’UE, à l’exception de l’embargo sur les armes. Soucieux ainsi de contrebalancer l’influence de la Chine, la Birmanie améliore aussi ses relations avec l’Inde, la Thaïlande et le Japon.

10. LE LANCEMENT DU PROCESSUS DE PAIX
L’une des avancées mises en avant par Thein Sein est la relance de plusieurs initiatives de paix avec les multiples mouvements rebelles en lutte contre le pouvoir central depuis des décennies pour défendre les droits politiques, économiques et culturels des principales ethnies non birmanes du pays. Des accords de cessez-le-feu locaux ont été signés depuis la fin 2011 notamment avec les rébellions arakanaise, wa, chan, karenni, karen, môn ou certaines de leurs fractions. Cependant, ils ne sont pas toujours respectés et des affrontements éclatent sporadiquement, tandis que des exactions de militaires à l’encontre des populations déplacées sont dénoncées. Les tensions restent particulièrement vives dans l’État Kachin.
Au-delà des trêves susceptibles d’être rompues, un dialogue politique global est engagé au niveau national, avec notamment l’ouverture en novembre 2012 du Myanmar Peace Center, chargé de piloter à plus long terme et de superviser la mise en œuvre du processus de paix qui se heurte à divers obstacles. La coordination entre les groupes armés s’avère difficile malgré l’existence depuis février 2011 d’un Conseil fédéral des nationalités unies (UNFC), principal interlocuteur du gouvernement dans les négociations en cours mais qui ne représente pas la totalité des mouvements. Les plus pessimistes mettent surtout en doute la loyauté de l’armée birmane, avant tout préoccupée par la préservation de ses intérêts économiques acquis dans les zones sous son contrôle.
L’un des enjeux clés des négociations avec les mouvements rebelles étant la révision de la Constitution de 2008 en vue de la création d’un authentique État fédéral, leur issue reste incertaine, même si un accord national de cessez-le-feu est signé par huit guérillas séparatistes, dont l’Union nationale karen, le 15 octobre 2015.
Quant au sort réservé aux Rohingyas, minorité musulmane de l’État de l’Arakan, il s’aggrave de manière inquiétante à la suite de nouvelles violences intercommunautaires en 2012. Privés, pour la plupart d’entre eux, de la nationalité birmane depuis la loi sur la citoyenneté de 1982 et exclus des « races nationales » du pays, car considérés officiellement comme des Bengalis et des « immigrants illégaux », ils sont toujours la cible de brutalités attisées par des extrémistes bouddhistes. De nombreux réfugiés sont déplacés de force dans des camps ou tentent de fuir vers le Bangladesh, et, souvent en vain, vers la Thaïlande, l’Indonésie ou la Malaisie.

11. LA BIRMANIE APRÈS LA VICTOIRE DE LA LND
Le 8 novembre 2015, les premières élections générales démocratiques depuis 1990 sont très largement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) qui obtient 255 sièges des 330 sièges à pourvoir à la Chambre des représentants et 135 des 168 sièges à pourvoir à la Chambre des nationalités.
Aung San Suu Kyi étant toujours écartée de cette fonction, en vertu de la clause constitutionnelle de 2008, parce que veuve d’un étranger et mère de citoyens britanniques, c’est l’un de ses plus proches collaborateurs, Htin Kyaw, qui devient le premier président civil de la Birmanie depuis 1988, le 15 mars 2016. Les militaires conservent toutefois d’importants leviers de pouvoir à la Chambre des représentants tout comme dans le gouvernement, à la Défense, l’Intérieur et aux « affaires frontalières ». Cumulant les fonctions de « Conseillère spéciale de l'État », ministre des Affaires étrangères et ministre du Cabinet de la Présidence, Aung San Suu Kyi fait figure de véritable cheffe de l’État.
Cette dernière doit toutefois composer avec l’armée, et son image internationale est passablement ternie par sa réaction timide à la suite d’une intervention militaire en août-septembre 2017 dans l’État de l’Arakan, en proie à de nouvelles tensions. La situation des Rohingyas, qui se réfugient en masse au Bangladesh, suscite cette fois de nombreuses réactions et l’attention des médias – le HCR craignant un « nettoyage ethnique » – qu’elle s’efforce de dissiper.
En mars 2018, à la suite de la démission de Htin Kyaw pour des raisons personnelles et de santé, Win Myint, autre fidèle d’A. San Suu Kuy, accède à la présidence, une fonction devenue largement honorifique.

 

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BÉNIN

 

 

 

 

 

 

 

Bénin
anciennement Dahomey

Nom officiel : République du Bénin


État d'Afrique de l'Ouest baigné au sud par l'océan Atlantique (golfe de Bénin), le Bénin est limité au nord par le Burkina et le Niger, à l'est par le Nigeria et à l'ouest par le Togo.

*         Superficie : 113 000 km2
*         Nombre d'habitants : 10 323 000 (estimation pour 2013)
*         Nom des habitants : Béninois
*         Capitale : Porto-Novo
*         Langue : français
*         Monnaie : franc C.F.A.
*         Chef de l'État : Patrice Talon
*         Chef du gouvernement : Patrice Talon
*         Nature de l'État : république à régime présidentiel
*         Constitution :
    *         Adoption : 2 décembre 1990
    *         Entrée en vigueur : 11 décembre 1990
Pour en savoir plus : institutions du Bénin

GÉOGRAPHIE
Au Sud, équatorial et partiellement forestier, s'oppose le Nord, tropical et recouvert de savanes. Le manioc est la base de l'alimentation ; l'huile de palme, le coton et l'arachide sont les principaux produits d'exportation passant par le port de Cotonou, principale ville.

1. LE MILIEU

1.1. LE RELIEF
Étiré sur 670 km entre le 6e et le 12e degré de latitude nord, le Bénin se présente comme une étroite bande de terre s'élargissant légèrement au nord. La façade atlantique (125 km) est bordée de cordons littoraux isolant de vastes plans d'eau lagunaires ou lacustres. En arrière de ce liseré littoral, un plateau légèrement ondulé, formé de matériaux sédimentaires sablo-argileux de couleur rouge, constitue la zone des terres de barre (en portugais barro, argile). C'est une région fertile, où l'ancienne forêt a fait place à la palmeraie et aux cultures de manioc et de maïs. Le reste du pays est un grand plateau entre 200 et 400 m d'altitude, accidenté de quelques inselbergs, ridé par les plissements du Parakou et qui se relève progressivement vers le nord jusqu'au vieux massif de l'Atakora. Cette chaîne, d'altitude modeste (800 m), se présente comme une succession de surfaces cuirassées, emboîtées et inclinées vers le nord ; de direction S.-O./N.-E., elle prend le pays en écharpe parallèlement à la frontière voltaïque.

1.2. LES COURS D'EAU
Le réseau hydrographique comprend deux groupes de cours d'eau à régime irrégulier ; issus pour la plupart de la région du 10e parallèle, ils rejoignent l'Atlantique, soit directement, soit par l'intermédiaire du Niger ou de la Volta.

1.3. LE CLIMAT
Le climat de la zone sud est de type équatorial de transition à deux saisons des pluies (mai-juillet et septembre-octobre) ; cependant, l'effet de mousson est atténué en raison d'un courant frais qui longe la côte d'est en ouest. La tendance tropicale à deux saisons contrastées s'affirme vers le nord ; l'harmattan, qui pénètre fréquemment en janvier jusque sur le rivage atlantique, accentue les amplitudes thermiques et hygrométriques.

2. LA POPULATION

La population, assez dense en moyenne (environ 90 habitants par km2), est inégalement répartie. Le Sud, où se concentrent de nombreuses agglomérations, est particulièrement peuplé, avec notamment Porto-Novo, la capitale, et surtout Cotonou. Le Bénin est, en effet, l'un des pays les plus urbanisés de l'Afrique subsaharienne : 40 % de ses habitants vivent en milieu urbain. De ce fait, on y dénote, plus qu'ailleurs, une modification des comportements démographiques, la fécondité commençant à décroître légèrement (5,4 enfants par femme). Le développement urbain des régions côtières mais aussi l'histoire du pays sont à rapprocher de certaines caractéristiques culturelles et économiques du pays comme l'importance des pratiques religieuses ancestrales (le Vaudou) ou de type syncrétique, ou encore le développement exceptionnel des petites activités dites informelles, propres à couvrir, au moindre coût, les besoins de la vie quotidienne.

3. LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
Jouxtant le riche Nigeria, doté d'une infrastructure de transport appréciable (port de Cotonou, voie ferrée Cotonou-Parakou, routes bitumées reliant les pays voisins), le Bénin est avant tout voué au commerce (on a parlé, à son sujet, « d'État-entrepôt »), plus souvent incontrôlé que régulier. Son activité est étroitement liée aux variations du taux de change de la monnaie nigériane par rapport au franc C.F.A. qui, malgré la dévaluation de janvier 1994, demeure une monnaie de référence du fait de sa libre convertibilité à taux fixe avec le franc français. Le secteur tertiaire représente officiellement plus de 55 % du P.I.B., chiffre sans doute inférieur à la réalité. De même, les statistiques du commerce extérieur ne sont guère significatives, et il est très vraisemblable que la balance des services et des transferts compense largement l'excédent des importations de marchandises sur les exportations. En raison de l'étirement en latitude du pays, les productions rurales sont assez diversifiées. En simplifiant, on peut dire que le Nord est principalement voué à l'élevage, le Centre au coton (qui fournit la moitié des exportations officielles), le Sud aux cultures destinées à l'approvisionnement des villes ainsi qu'à la pêche (en lagune et en mer), qui fournit un appoint alimentaire appréciable. L'industrie, peu développée, est essentiellement tournée vers la transformation des produits agricoles (textiles et corps gras). Les ressources minières sont, quant à elles, négligeables.
Depuis 1990, le Bénin s'est engagé dans la voie de l'ajustement structurel prôné par le F.M.I. et la B.I.R.D. (privatisations, diminution du nombre des fonctionnaires, rigueur salariale). Cette politique ne va pas sans susciter des tensions, que limite, cependant, la capacité des Béninois à s'organiser de manière informelle.

HISTOIRE

1. LES ROYAUMES DE LA CÔTE DU BÉNIN

1.1. LE ROYAUME DE BÉNIN (XIIe-XVe SIÈCLES)

Le royaume de Bénin est fondé au milieu du xiie siècle. Il atteint son apogée au xve siècle. Le souverain (Oba) en est le monarque absolu, résidant dans un palais, dont la grandeur et la richesse ont impressionné les voyageurs étrangers. Centré sur le Nigeria, le royaume n'occupe qu'une petite partie du Bénin actuel. Les Portugais atteignent ses côtes en 1472.

1.2. LES ROYAUMES DE PORTO NOVO ET DE DAN HOMÉ (XVIIe-XIXe SIÈCLES)
Au xviie s., les Fons dominent la région et les royaumes de Porto Novo (nom donné par les Portugais à la ville de Hogbonou) et de Dan Homé (ou Dahomey) auraient été fondés par deux frères. Le premier, au point de contact entre les royaumes intérieurs et les négriers européens, établit avec eux des relations commerciales essentiellement fondées sur la traite. Il mène une politique d'ouverture aux Français dans la seconde moitié du xixe siècle et devient protectorat en 1883.
Le royaume de Dan Homé, solidement organisé autour de son roi Aho, entreprend de contrôler les clans environnants à partir de la forteresse d'Agbomé (→ royaume d'Abomey). Entraîné par son successeur, le roi Agadja (1708-1732), qui crée l'armée des « amazones », le Dan Homé annexe, en 1724, le royaume d'Allada et, en 1727, le port négrier d'Ouidah (déjà le plus important centre de traite des esclaves de toute l'Afrique de l'Ouest). Il s'affronte avec le royaume d'Oyo, lutte qui durera jusqu'au xixe siècle, chacun voulant s'assurer le contrôle du trafic, négrier notamment, avec la côte.
Sous Guézo, l'administration est affermie, le territoire intérieur est contrôlé. La poursuite de la traite devenant de plus en plus aléatoire, Guézo développe des palmeraies, à une époque où l'Europe se met à rechercher de l'huile de palme. En 1821, il libère le royaume de la tutelle d'Oyo, lance des campagnes victorieuses vers l'est et le nord, mais il doit s'arrêter en 1851 devant Abeokuta.
Son remplaçant, Glélé, continue ses campagnes contre Abeokuta.
Pour en savoir plus, voir l'article traite.

2. LA CONQUÊTE DU DAHOMEY ET LA RÉSISTANCE DE BÉHANZIN (1851-1894)
En 1851, la France signe avec Guézo un traité d'amitié et fait reconnaître son comptoir d'Ouidah. Toutefois, l'autorité du roi sur le port demeure totale. La France s'installe à Grand-Popo en 1857, à Agoué et à Cotonou en 1868.

        Glélé, privé des droits de douane qu'il percevait habituellement, s'insurge contre le traité. Son successeur, Béhanzin, montre la même hostilité. Il doit affronter une première expédition militaire française en 1890, qui aboutit à un compromis, puis une deuxième en 1892, menée par le colonel Alfred Dodds, qui se solde par la prise d'Abomey en novembre 1892.

Béhanzin ne se rend qu'en 1894 avant d'être déporté. La « pacification » du pays ne sera totalement acquise qu'à la fin de la Première Guerre mondiale, après des révoltes dans le nord du pays, liées aux excès de la conscription.

3. LA COLONISATION
Les Établissements français du golfe du Bénin, créés en 1883, deviennent la colonie du Dahomey en 1894, rattachée dix ans plus tard à l'Afrique-Occidentale française (A-OF).

La France met fin aux royaumes, dont elle dénonce la cruauté et la participation à la traite négrière, et applique une politique d'administration directe. Les membres de l'aristocratie sont réduits au rôle de chef de canton ou de village. Grâce à l'appui des missions religieuses, le sud du pays connaît un développement notable de la scolarisation, qui lui vaut d'être surnommé « le Quartier latin de l'Afrique ». De fait, les Dahoméens vont être nombreux à tenir des postes de cadres subalternes et moyens dans les administrations de l'A-OF et même de l'Afrique-Équatoriale française (A-ÉF), ainsi que dans l'armée coloniale.
Le Dahomey bénéficie également d'un certain nombre d'investissements, principalement localisés dans le Sud pour la production, le transport et l'exportation de l'huile de palme. La colonie souffre de la baisse des revenus générés par cette culture commerciale dans les années 1930. Ce n'est qu'après 1945 qu'une attention plus grande sera portée au Nord, insuffisante toutefois pour combler le retard de la région.
La contestation politique, non marxiste, de la situation coloniale s'exprime dès l'entre-deux-guerres. Les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, qui marquent le début de l'évolution de l'« empire français », voient naître une vie politique intense, avec la création de nombreux partis et de journaux, souvent éphémères. Peu à peu, trois personnalités émergent, dont les rivalités vont marquer durablement le pays : Sourou Migan Apithy, originaire de Porto-Novo (Sud-Est), est le premier député élu à l'Assemblée constituante française en 1945 ; il est rejoint au Palais-Bourbon en 1951 par Hubert Maga, né dans le Nord, où il est très implanté ; le troisième homme, Justin Ahomadegbé, s'appuie quant à lui sur les Fons d'Abomey (Sud-Ouest).

4. INDÉPENDANCE ET INSTABILITÉ POLITIQUE (1960-1972)
Avec la loi-cadre « Defferre » de 1956, les territoires d'outre-mer accèdent à l'autonomie interne, puis sont appelés en 1958 à voter sur le statut d'État membre de la Communauté.
Le Dahomey, comme tous les autres pays d'Afrique francophone, à l'exception de la Guinée de Sékou Touré, vote « oui » à une écrasante majorité, mais les abstentions sont nombreuses (44 %).
Lors de l'indépendance, le 1er août 1960, Hubert Maga, qui, en 1959, a succédé à S. M. Apithy au poste de Premier ministre, continue d'assumer le pouvoir et devient président de la République. Les deux leaders ont formé une alliance, et S. M. Apithy devient vice-président. Mais Hubert Maga ne parvient pas à juguler le chômage qui sévit dans le pays, aggravé par le rapatriement des fonctionnaires dahoméens contraints d'abandonner leur poste dans les autres pays de l'ancienne Union française. Le retour au pays de nombreux cadres avive les rivalités tant politiques qu'économiques. Hubert Maga est renversé le 28 octobre 1963 par le colonel Christophe Soglo, qui redonne le pouvoir aux civils dès le mois de janvier 1964.
S. M. Apithy puis Justin Ahomadegbé se succèdent à la tête de l'État, et une formule de tripartisme est même mise en place, jusqu'à ce que C. Soglo, devenu général, reprenne les rênes du pouvoir (novembre-décembre 1965). Il est lui-même renversé en décembre 1967 et la présidence est assurée par le lieutenant-colonel Alphonse Alley. Un nouveau régime civil est instauré en 1968 (présidence d'Émile Zinsou), auquel succède en 1970 une nouvelle tentative de triumvirat – S. M. Apithy, H. Maga, J. Ahomadegbé –, qui s'achève par un nouveau coup d'État (1972).

5. LE RÉGIME MARXISTE-LÉNINISTE DE MATHIEU KÉRÉKOU
L'homme qui prend le pouvoir le 26 octobre 1972, le colonel Mathieu Kérékou, va faire preuve d'une longévité politique exceptionnelle, due sans doute à un grand pragmatisme, mais aussi à une certaine retenue de comportement qui lui permet de ne pas devenir un véritable dictateur. Il suspend la Constitution et met en place un Conseil national de la révolution. À partir de 1974-1975, il donne au pays une orientation marxiste-léniniste : le Dahomey devient République populaire du Bénin (30 novembre 1975) ; un parti unique, le parti de la Révolution populaire du Bénin (PRPB), est créé, et une Constitution (26 août 1977) organise le pouvoir du peuple, autrement dit la prééminence de l'État et du parti. Mais, en réalité, l'idéologie de Mathieu Kérékou n'est pas dogmatique et rien ne la caractérise mieux que le jeu de mots – le « marxisme-béninisme » – par lequel les humoristes la désignent. C'est dire que les réformes du régime ne prendront guère un tour excessif. Au milieu des années 1980, le Bénin connaît une grave crise financière : ruiné, le régime est contraint de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI).

6. LE « MODÈLE DÉMOCRATIQUE BÉNINOIS »
En 1989, un vent de contestation souffle au Bénin, comme dans bien d'autres pays africains après la chute du mur de Berlin. Les fonctionnaires, qui ne sont plus payés, se mettent en grève, ainsi que les étudiants. Mathieu Kérékou abandonne vite la voie de la répression et, en décembre, annonce que le marxisme n'est plus la doctrine officielle de l'État. Bien plus, dès février 1990, il accepte de réunir une Conférence nationale, innovation béninoise qui va connaître un grand succès en Afrique, au sud du Sahara, en particulier (mais non exclusivement) dans les pays francophones. La Conférence nationale béninoise, associant institutions et « société civile », et dans laquelle la hiérarchie catholique nationale joue un rôle important (c'est l'archevêque de Cotonou, Monseigneur de Souza, qui est élu à la présidence), constitue le point de départ d'un processus très rapide de démocratisation.
Le multipartisme est adopté (40 partis se créent dans l'année), un Premier ministre est nommé (Nicéphore Soglo, neveu de l'ancien chef de l'État) – ce qui limite considérablement les pouvoirs du président –, des élections locales sont organisées (maires, mais aussi responsables de quartiers et de villages) et, le 2 décembre 1990, une nouvelle Constitution est adoptée à une très forte majorité, avec cependant une abstention touchant le tiers des électeurs. En vertu de ce texte, une élection présidentielle se tient en février-mars 1991. Le Premier ministre Nicéphore Soglo, qui bénéficie d'une bonne image de spécialiste de l'économie – il est diplômé de l'université et a occupé des postes de responsabilité à la Banque mondiale –, est élu aux dépens du président sortant par près de 68 % des votants (36 % d'abstentionnistes).

7. LE RETOUR DU GÉNÉRAL KÉRÉKOU
L'alternance démocratique, acceptée sans discussion par la classe politique comme par la population, va jouer une nouvelle fois en 1996.
Fiers de l'exemple donné par leur pays en matière de transition démocratique, les Béninois sont déçus des maigres résultats obtenus par le nouveau président. L'ajustement structurel imposé par le FMI et par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) est source de contraintes économiques (« vérité » des prix, « compressions » de personnel), et la dévaluation du franc CFA de janvier 1994, vécue comme un abandon de la part de la France, entraîne dans un premier temps une flambée des prix.
Nicéphore Soglo, dont les soutiens intérieurs s'effritent, gouverne de plus en plus par ordonnances. Accusé de personnaliser son pouvoir et de népotisme, il est battu de peu au second tour de l'élection présidentielle de mars 1996 par l'ancien président Mathieu Kérékou, qui obtient 52,5 % des voix, les abstentions ne dépassant guère 20 %.
Alors que Nicéphore Soglo se montre mauvais perdant, contestant âprement les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle, Mathieu Kérékou, surnommé « le Caméléon », fait preuve une nouvelle fois de maturité politique : il gouverne avec des personnalités connues pour leur opposition à l'ancien régime marxiste, dont Albert Tévoédjrè, ancien directeur général adjoint du Bureau international du travail (BIT), très respecté au plan international. Et, reprenant la formule fameuse, il organise en octobre 1996 une Conférence économique nationale pour définir les orientations économiques du pays. Son retour a peut-être surpris la communauté internationale, mais les conditions dans lesquelles il s'est réalisé ainsi que la stabilité qui règne depuis dans le pays ont rassuré celle-ci.
L'opposition remporte les élections législatives de mars 1999, marquant le retour en force de Nicéphore Soglo, l'ex-président battu en 1996, dont le parti obtient 27 sièges. La cohabitation s'avère difficile entre Mathieu Kérékou et l'opposition menée par son vieil adversaire politique. À l'approche de l'élection présidentielle (mars 2001), l'opposition tente d'unir ses forces tandis que le clan présidentiel hésite sur la stratégie à adopter. À l'issue du premier tour, Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo se retrouvent face à face pour la troisième fois consécutive, avec un net avantage cependant pour le président sortant (45,4 % au premier contre 27,1 % au second). Les retraits successifs de Nicéphore Soglo, déçu par son score et qui dénonce une « mascarade électorale », puis du candidat arrivé en 3e position, transforment la réélection de Mathieu Kérékou en une simple formalité (84 % des voix).
Organisées en application du processus de décentralisation, les premières élections locales (décembre 2002) sont favorables à la majorité gouvernementale, à l'exception de Cotonou, où s'impose Nicéphore Soglo. De même, les élections législatives (mars 2003) donnent la majorité aux partis de la mouvance présidentielle (65 sièges sur 83), à laquelle s'est rallié le parti du Renouveau démocratique jusqu'alors dans l'opposition.

8. L'ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE (DEPUIS 2006)
Un an avant l'issue de son dernier mandat présidentiel – marqué par un recul économique sur fond d'affairisme et par une détérioration du niveau de vie –, Mathieu Kérékou, atteint par la limite d'âge, assure qu'il ne modifiera pas la Constitution à son avantage. Parmi les très nombreux candidats qui s'affrontent le 5 mars 2006, Thomas Boni Yayi, sans appartenance politique, arrive en tête avec 35,64 % des suffrages, et l'emporte au second tour (74,52 % des voix) devant le candidat de l'opposition, Adrien Houngbédji (parti du Renouveau démocratique).

8.1. BONI YAYI
Économiste de formation, Boni Yayi prône la rupture et, secondé par un gouvernement réduit de jeunes technocrates, lance une politique de relance économique et de moralisation de la vie politique.
L'image positive dont bénéficie le Bénin auprès de la communauté internationale lui permet de mobiliser les bailleurs de fonds (France, Union européenne, États-Unis, Chine) pour lutter contre la pauvreté, moderniser les infrastructures et engager une série de réformes (police, justice).
Après que le chef de l'État a échappé à un attentat le 15 mars 2007, les élections du printemps mènent à l'Assemblée 35 députés d'une alliance hétéroclite « Forces Cauris pour un Bénin émergent » (FCBE), soutenant le gouvernement. En juin, celle-ci se transforme en un parti, l'Union Cauri pour la majorité présidentielle (UCMP). Privé, depuis le printemps 2008, du soutien des députés, le président Boni Yayi est engagé dans un bras de fer avec l'opposition rassemblée, en prévision de l'élection présidentielle de mars 2011, autour de la candidature d'Adrien Houngbédji (Parti pour un renouveau démocratique, PRD).
Ce dernier revendique la victoire alors que le président sortant est officiellement donné vainqueur dès le premier tour du scrutin, avec 53 % des suffrages contre 35,6 % pour son principal concurrent. Malgré la dénonciation des irrégularités par l’opposition dont une manifestation est dispersée par la police, l’élection, jugée libre et transparente par l’Union africaine et saluée par le secrétaire général des Nations unies, est validée par la Cour constitutionnelle.
La mouvance présidentielle arrive également en tête des élections législatives avec 41 sièges devant la coalition de l’opposition (l'Union fait la nation, 30 députés) et peut, grâce au ralliement de divers députés – dont ceux de « La Renaissance du Bénin », parti de Nicéphore Soglo – disposer d’une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Au mois de mai, un gouvernement presque entièrement renouvelé est formé, avec pour la première fois depuis 1998 un poste de Premier ministre – chargé de la coordination de l’action gouvernementale, de l’évaluation des politiques publiques, du programme de dénationalisation et du dialogue social – auquel est promu Pascal Irénée Koupaki, principal collaborateur du chef de l’État et présenté comme l’un de ses potentiels dauphins.
Par ailleurs, alors que le gouvernement précédent avait tardé à réagir lors de l’écroulement d’une vaste escroquerie (chaînes de Ponzi) impliquant des réseaux illégaux de micro-crédit, qui avait ruiné des milliers de petits épargnants, les nouveaux ministres souscrivent aux principes (probité, transparence, défense de l’intérêt général…) contenus dans une « Charte de fonctionnement du gouvernement », censée confirmer la rupture annoncée en 2006 et redonner un souffle au « modèle béninois ».

8.2. PATRICE TALON
Après les élections législatives d'avril 2015, la situation évolue dans une certaine confusion. Les FCBE demeurent la première force politique du pays avec 33 sièges, tandis que le premier parti d’opposition, l’Union fait la Nation (UN) passe de 15 à 13 députés, devant le PRD qui en obtient 10. L'élection de son président, Adrien Houngbédji, à la présidence de l’Assemblée nationale, avec 42 voix contre 41 pour le candidat du parti au pouvoir Komi Koutché, sonne comme un premier revers pour les FCBE qui connaissent par la suite une série de défections.
Critiqué pour son maigre bilan et abandonné par plusieurs de ses alliés, le chef de l'État Boni Yayi, qui effectue son deuxième et dernier mandat, nomme à la tête du nouveau gouvernement celui qu'il présente comme son dauphin à l'approche de la présidentielle de mars 2016, l’économiste et financier Lionel Zinsou.
Ce dernier, qui prône la continuité et prend la tête d’une « Alliance républicaine » réunissant les FCBE, le PRD et le parti « Renaissance du Bénin », arrive en tête du premier tour du scrutin mais doit finalement s’incliner face à Patrice Talon, prospère hommes d’affaires dans le secteur du coton, candidat d’une coalition dite « de la rupture » qui remporte plus de 65 % des voix et auquel se rallie le PRD. Entré en fonctions le 6 avril, le nouveau président déclare notamment vouloir n’effectuer qu’un seul mandat et réformer en ce sens la Constitution, tandis qu’il forme un gouvernement sans Premier ministre.

 

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EMPIRE BYSANTIN ( 1 )

 

 

 

 

 

 

 

Empire byzantin : histoire ( 1 )

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Cet article fait partie du dossier consacré à l'Empire byzantin.
Empire chrétien gréco-oriental, héritier de l'Empire romain d'Orient, qui a duré de 395 à 1453.

En 330, après avoir rétabli l'unité de l'Empire romain, Constantin Ier le Grand fonde la ville de Constantinople, la « nouvelle Rome », sur le site de l’antique Byzance. Il va ainsi contribuer à déplacer le centre de gravité de l'Empire romain vers l'Orient. Cependant, il faut attendre le partage de l'Empire entre les fils de Théodose Ier, Honorius et Arcadius, en 395, puis l'effondrement de sa pars occidentalis (partie occidentale), sous les coups des grandes invasions, pour que la partition de l'Empire romain d'Orient soit consommée. C'est cet empire qu'il est convenu d'appeler également Empire byzantin (du nom de Byzance, la colonie grecque sur le site de laquelle fut fondée Constantinople), à partir de son hellénisation administrative, acquise sous le règne d'Héraclius Ier (610-641).
Pour ses dirigeants, comme pour ses sujets, le nouvel Empire, unique héritier de l’antique Empire romain après 476, ne cessera jamais d'être « romain », même si une culture spécifique s’y développe progressivement pour lui conférer son caractère gréco-oriental proprement « byzantin ».


EMPEREURS BYZANTINS

1. DE THÉODOSE À JUSTINIEN (379-565)
Après les Théodosiens Théodose Ier (379-395), Arcadius (395-408) et son fils Théodose II (408-450), ce dernier assisté de sa sœur Pulchérie, qui épouse son successeur Marcien (450-457), l’Empire échoit au Thrace Léon Ier (457-474), qui le transmet à son petit-fils Léon II (474), puis au père de celui-ci, son gendre Zénon (474-491). Ce dernier doit d’abord disputer le pouvoir à l’usurpateur Basiliscos (474-476). À sa mort, l’Épirote Anastase Ier épouse sa veuve pour lui succéder (491-518). Une intrigue de palais permet ensuite l’avènement de l’officier illyrien Justin Ier (518-527), qui prépare la succession à son neveu Justinien Ier le Grand (527-565).

1.1. LES CONFLITS RELIGIEUX
Cette période est marquée par les querelles dites christologiques (portant sur la nature du Christ), de portée non seulement religieuse, mais aussi politique et sociale.
L'ARIANISME

Théodose Ier livre une lutte sans merci au paganisme, proscrit en 381, et surtout à l'arianisme, dont les adeptes encourent la terrible accusation de lèse-majesté. Le concile de Nicée (325), en affirmant la parfaite divinité du Fils et sa pleine égalité avec le Père, avait résolu théoriquement la question trinitaire soulevée par le prêtre alexandrin Arius, mais il n'avait pas supprimé pour autant l'hérésie arienne, qui dure jusqu'à la fin du ive siècle et à sa nouvelle condamnation au concile de Constantinople (381). Le christianisme « nicéen », c'est-à-dire conforme au concile de Nicée, est déclaré religion d'État, et ressortit désormais au domaine politique ; toute autre confession est interdite.

LE NESTORIANISME
Cette querelle liquidée, une autre surgit, portant sur la conception de l'union des deux natures, divine et humaine, dans la personne du Verbe incarné ; c'est la querelle nestorienne (Nestorius, patriarche de Constantinople, sépare radicalement les deux natures du Christ) qui est reléguée au concile d'Éphèse (431) au profit de Cyrille d'Alexandrie, dont la doctrine obtient gain de cause. Le nestorianisme trouvera refuge en Asie, dans des communautés disséminées de l’Iraq à la Chine.

LE MONOPHYSISME
Mais l'emploi inconsidéré d'une formule ambiguë de Cyrille, « une seule nature du Christ incarné », rouvre bientôt la querelle christologique en suscitant le monophysisme, qui prône une confusion presque complète des deux natures.
Bien que condamné au concile de Chalcédoine (451), le monophysisme provoque un schisme aux conséquences politiques lourdes : l'Égypte, la Syrie, la Palestine et bientôt l'Arménie se rangent sous la bannière monophysite et ne tardent pas à afficher des aspirations séparatistes. Pour des raisons plus politiques que religieuses, les empereurs suivants, Basiliscos en 475 et Zénon en 482, esquissent un compromis entre les deux conceptions, et Anastase Ier répudie la doctrine chalcédonienne, mais sans autre résultat que de troubler gravement la paix civile et de déclencher un schisme de trente ans (482-518) entre Constantinople et Rome, qui rejette le compromis avec les monophysites.

1.2. L’EMPIRE D'ORIENT FACE AUX BARBARES
LES WISIGOTHS
Les Wisigoths, Barbares particulièrement turbulents et dangereux, dont les empereurs byzantins avaient pensé dissiper la menace en les installant à l'intérieur des frontières, se révoltent en 378 et écrasent les armées romaines à Andrinople ; l'empereur Valens est tué. Son successeur, Constantin Ier, juge plus politique de les enrôler comme fédérés au service de l'Empire, mais la germanisation poussée de l'armée, en augmentant les charges du Trésor, accroît d'autant les contributions fiscales et donc la misère du menu peuple, qui cherche dans le servage un remède à ses malheurs. En 395, à l'appel d'Alaric, les Wisigoths font de nouveau défection : ils dévastent la péninsule balkanique, puis prennent le chemin de la péninsule italienne, où ils pillent Rome en 410 avant de s’installer dans le sud de la Gaule et en Espagne.

LES HUNS

Un peuple autrement redoutable, celui des Huns, vient camper sur le Danube. Théodose II leur concède un tribut annuel en or, mais leur roi Attila manifeste de nouvelles exigences et marche sur Constantinople (441) : on se résigne à tripler le tribut. Il revient à la charge en 447, puis se dirige vers l'Occident, où ses troupes sont sévèrement étrillées aux champs Catalauniques, en 451. Sa mort, en 453, délivre l'Empire de ses ravages.

LES OSTROGOTHS
La menace des Huns fait place à celle des Ostrogoths, qui saccagent à leur tour la péninsule des Balkans, mais Zénon s'en débarrasse en chargeant leur chef Théodoric (488) d'évincer Odoacre, le roi des Hérules, qui a fait main basse sur l'Italie. Les Ostrogoths victorieux y fondent le royaume de Ravenne (493). La péninsule est perdue pour l'Empire, mais l'Orient est sauvé pour la troisième fois.

En Occident, dont les Barbares se partagent les dépouilles, émerge, au cœur des ruines et du vide politique, un pouvoir destiné à un brillant avenir : le siège de Rome, dont un titulaire illustre, l'énergique pape Léon Ier le Grand (440-461, à ne pas confondre avec son contemporain l'empereur Léon Ier le Thrace), affiche des prétentions à régenter souverainement l'Église universelle.

1.3. L'ŒUVRE DE JUSTINIEN

À la mort de l'empereur Anastase Ier (518), l'Empire, débarrassé des Barbares, s'estime en mesure d'entreprendre le sauvetage des territoires perdus d'Occident.
Le sénat et l'armée placent à la tête de l'Empire un officier illyrien, Justin (518-527). Cet empereur trouve en son neveu Justinien un conseiller de grande envergure, auquel il s'en remet dès le début du soin du gouvernement. L'action amorcée par Justinien avant même qu'il ne devienne empereur vise essentiellement deux objectifs, dont l'avenir devait montrer le caractère chimérique : rétablir l'Empire romain dans ses anciennes frontières et imposer à tous ses sujets l'orthodoxie élaborée par les conciles œcuméniques.
LA RECONQUÊTE DE L'OCCIDENT
L'entreprise de reconquête de Justinien Ier (527-565) cible d'abord le royaume vandale fondé en Afrique du Nord par Geiséric (ou Genséric) au siècle précédent. En 533, Bélisaire, le meilleur général du règne, y débarque quelques régiments, et le roi Gélimer ne tarde pas à se soumettre. Les insurgés berbères sont définitivement matés en 548.
Pour en savoir plus, voir l'article Vandales.
L'expédition africaine est suivie, en 535, de la campagne contre les Ostrogoths d'Italie. Les débuts sont prometteurs : la Sicile, Naples, Rome et Ravenne tombent aux mains des Byzantins, et le roi Vitigès est emmené en captivité à Constantinople. Mais, à l'appel du roi Totila, les Ostrogoths se soulèvent, et les armées romaines sont contraintes à la défensive et à la retraite : l'habile général Narsès ne parvient à rétablir la situation qu'au prix d'une laborieuse et onéreuse guerre de dix ans (552).
Pour en savoir plus, voir l'article Ostrogoths.
Enfin, de 550 à 554, un faible contingent byzantin conquiert une large bande de terre au sud-est de l'Espagne. La reconquête en Occident n'ira pas plus avant : la Méditerranée est redevenue une mer romaine, même si l'ancien Empire n'est pas, et de loin, reconstitué.

LES REVERS EN ORIENT

Ces succès incontestables s'accompagnent, sur d'autres fronts, de graves revers. La paix achetée aux Perses sassanides en 532 est violée en 540 par leur chah Khosrô Ier, qui envahit la Syrie, l'Arménie et l'Ibérie. Faute de puissants moyens militaires, Justinien est contraint de renouveler périodiquement le tribut et n'obtient une paix ferme qu'en 562.
Pour en savoir plus, voir l'article Sassanides.
Un danger autrement plus sérieux pèse sur les provinces balkaniques, celui des Slaves, qui prennent l'habitude de franchir presque tous les ans le Danube pour opérer des razzias jusqu'en Grèce. En vue de se prémunir contre cette calamité, l'Empire avait, à grands frais, créé une puissante ligne de fortifications, mais les masses fluides des Slaves se glissent entre les mailles de ce réseau insuffisamment protégé par des troupes mobiles. On tente d'obtenir quelque répit en achetant la paix, mais les subsides et les tributs ne font qu'attiser la convoitise des Barbares, qui voient l’Empire byzantin toujours disposé à satisfaire leurs exigences.

L'ŒUVRE INTÉRIEURE

L'œuvre de restauration dont rêvait Justinien faillit avorter à ses débuts : en janvier 532, la capitale Constantinople passe, une semaine durant, aux mains d'émeutiers, et l'empereur découragé s'apprête à fuir ; il en est empêché par son énergique épouse Théodora, et la sédition Nika est noyée dans un bain de sang.
La paix civile rétablie, Justinien s'emploie à assurer l'ordre et la prospérité de l'Empire. Son œuvre législative se résume dans ce qu'on appellera plus tard le Corpus juris civilis, une codification du droit romain en quatre parties : le Code Justinien, ou recueil de toutes les Constitutions impériales depuis Hadrien (117-138), paru en 529 et 534 ; les Pandectes, ou synthèse logique de toute la jurisprudence romaine (533) ; les Institutes, ou manuel pratique de droit à l'usage des étudiants ; enfin les Novelles, ou ordonnances impériales, la plupart en grec, postérieures à 534. Redécouverte par l'Occident au xiie siècle, cette somme législative conditionnera l'évolution juridique européenne.
Par des réformes administratives généreuses, l'empereur se propose d'améliorer les conditions de vie de ses sujets.

LES PROBLÈMES RELIGIEUX

En matière religieuse, Justinien se montre un chrétien zélé, mais l'Église doit se plier aux volontés du maître, qui n'admet que des serviteurs dociles : l'empereur fait et défait patriarches et évêques ; le pape Silvère est déposé et exilé (537), le pape Vigile enlevé et sommé de ratifier les décisions du concile de Constantinople II (553), qui accorde de nouvelles concessions aux monophysites.
Durant le règne de Justinien, de grands travaux sont réalisés dans tout l'Empire, et de splendides églises, tant à Constantinople (→ la basilique Sainte-Sophie) qu'à Ravenne, témoignent de l'éclat de la civilisation justinienne.

2. DE L'EMPIRE D'ORIENT À L'EMPIRE BYZANTIN (565-717)

2.1. LE REFLUX DE L'EMPIRE (565-610)
Après l’embellie du règne de Justinien, plus illusoire et coûteuse que déterminante, le délabrement de l'Empire s'accentue sous ses successeurs, son neveu Justin II (565-578), frappé de folie, Tibère II (578-582), qui le supplée, et son gendre Maurice (582-602).

REFLUX EN OCCIDENT
Sous Justin II, les Lombards envahissent l'Italie en 568 et occupent en peu de temps une grande partie de la péninsule. En Espagne, les Wisigoths passent à l'offensive : Cordoue, reprise en 572 par les Byzantins, est définitivement perdue en 584. Maurice tente d'enrayer cette décomposition en transformant les territoires de Ravenne et de Carthage en exarchats, dont les gouverneurs concentrent entre leurs mains tous les pouvoirs civils et militaires.

REFLUX EN ORIENT
L'Orient est le théâtre de guerres incessantes contre les Perses : l'enjeu en est la possession de l'Arménie. Un conflit dynastique chez les Sassanides permet à Maurice d'en annexer la majeure partie (591). La situation de la péninsule balkanique est désespérée : elle est constamment et presque impunément ravagée par les Avars (d'origine mongole) et leurs sujets slaves. À partir de 580, ceux-ci ne se contentent plus de pillages, mais commencent à prendre possession du sol jusqu'en Grèce, première étape de la future création de principautés slaves indépendantes. Les expéditions organisées contre eux par Maurice ne sont, malgré des succès partiels, jamais décisives.

LA TYRANNIE DE PHOKAS
En 602, l'armée du Danube refuse de franchir le fleuve et se révolte : un officier subalterne, Phokas, est proclamé empereur par les mutins. Leurs régiments investissent Constantinople, et une révolte intérieure leur en ouvre les portes. Tous les membres de la famille impériale sont mis à mort : le règne de Phokas (602-610) est un régime de terreur, jusqu’à son renversement par le fils de l’exarque de Carthage Héraclius, fondateur de la dynastie des Héraclides (610-715).

2.2. LE RÈGNE D'HÉRACLIUS : GRANDEUR ET DÉCADENCE DE L’EMPIRE (610-641)
FIN DE LA ROMANITÉ ET NAISSANCE DE L’EMPIRE « BYZANTIN »
Sous le règne d'Héraclius Ier (610-641), l’Empire cesse d'être « romain » pour devenir « gréco-oriental » (ou « byzantin ») dans ses frontières, sa composition ethnique, sa langue (le grec) et son administration. Le grec devient la seule langue officielle et l'empereur prend le titre oriental de basileus.

L’EMPIRE AUX ABOIS
Son règne est également une lutte incessante contre les Barbares, qui, sur tous les fronts, assaillent l'Empire. La domination byzantine dans les Balkans s'effondre : des masses d'Avars et de Slaves se déversent sur toute la péninsule balkanique, refoulant les populations indigènes vers le littoral et les îles de l'Égée et laissant à chaque reflux des tribus entières en Macédoine, en Thessalie et jusqu'au cœur de la Grèce. Toutes les provinces européennes se trouvent slavisées en même temps que repeuplées.
L'Asie Mineure est en passe de tomber aux mains des Perses : ceux-ci occupent l'Arménie, la Syrie et même Jérusalem (614), d'où ils transfèrent la vraie Croix à Ctésiphon. En 615, un détachement perse bivouaque sur les rives du Bosphore et, en 617, commence la conquête de l'Égypte, grenier à blé de l’Empire byzantin.

LES RÉFORMES INTÉRIEURES
Au moment où tout semble perdu, Héraclius entame des réformes (poursuivies par ses successeurs) qui vont donner à l’administration et à l’armée leurs caractères médiévaux.
Les régions asiatiques qui avaient échappé au déluge perse sont transformées en vastes circonscriptions administratives de caractère militaire, appelées « thèmes » et gouvernées par des stratèges. On y installe des stratiôtês (soldats paysans), auxquels on attribue à titre héréditaire des propriétés contre l'engagement d'un service militaire également héréditaire. Cette réforme aboutit à la création d'une armée nationale solide et permanente : l'Empire abandonne le système onéreux et dangereux du mercenariat, allégeant d'autant les charges du Trésor. À la refonte de l'administration provinciale s'ajoute celle de l'administration centrale, dont les attributions sont fragmentées et dont l'omnipotence est atténuée.

LES GUERRES CONTRE LES PERSES ET LES AVARS
La situation militaire chaotique ne dissuade pas l'empereur de passer à l'offensive. En 619, Héraclius conclut la paix avec les Avars ; en 622, la régence est confiée au patriarche Serge, et l’empereur rassemble en Asie Mineure une puissante armée qu'il dirige sur l'Arménie. Il remporte de brillantes victoires sur les Sassanides, mais aucun succès décisif.

Le grand siège de Constantinople (626) et ses suites
Durant l'été 626, alors que l'empereur guerroie dans le Caucase, les Perses et les Avars s'entendent pour investir Constantinople. Une armée perse commandée par le général Shahrbarâz traverse l'Asie Mineure et campe à Chalcédoine ; de leur côté, les Avars, secondés par des Slaves, des Bulgares et des Gépides, assiègent la ville par terre et par mer. Le moral de la population est soutenu, en l'absence de l'empereur, par l'énergique patriarche Serge. La flotte byzantine anéantit les bateaux des Slaves, et les assaillants sont contraints de se retirer.

La victoire sur les Perses et les Avars
Cette victoire retentissante marque le début de la contre-offensive byzantine. Du Caucase, Héraclius descend jusqu'à Ninive et Dastagerd, en basse Mésopotamie. Ses triomphes précipitent la décadence de la puissance perse : le chah Khosrô II est renversé, et son fils doit conclure avec les Byzantins un traité de paix qui leur restitue tous leurs territoires : Arménie, Mésopotamie, Syrie, Palestine, Égypte.
À l'ouest, l'échec des Avars devant Constantinople a ébranlé définitivement leur hégémonie : des tribus slaves secouent leur joug et, avec l'assentiment du gouvernement byzantin, émigrent en territoire d'Empire (Croates et Serbes).

L'IRRUPTION DE L'ISLAM (636-642)
Cependant, les reconquêtes d'Héraclius sont sans lendemain : les territoires recouvrés vont passer en une décennie aux mains des Arabes musulmans, dont l'expansion fulgurante s'amorce quelques années après la mort du prophète Mahomet. La Syrie est enlevée en 636, la Palestine et Jérusalem en 638, la Mésopotamie en 639-640 ; l'Arménie est envahie en 640, et l'Égypte en 642.

LA CRISE MONOTHÉLITE (638)
La conquête musulmane est certes facilitée par l'épuisement de l’Empire byzantin, consécutif à la longue guerre gréco-perse, mais surtout par les tendances séparatistes de toutes ces provinces acquises depuis un siècle au monophysisme, que répudiait et persécutait le gouvernement impérial, tout en ayant tenté avec lui un ultime rapprochement par l’instauration du monothélisme (Ekthèsis de 638), affirmation de l’unicité de volonté du Christ, à défaut de son unicité de nature prônée par les monophysites. Mais cette concession, sans effet sur ces derniers, n’avait fait que susciter un nouveau courant hétérodoxe et une nouvelle crise avec la papauté.

2.3. LES SUCCESSEURS D'HÉRACLIUS
La mort d'Héraclius, le 11 février 641, est suivie d'un grave conflit dynastique entre ses deux fils, Constantin III Héraclius et Héraclius II Héraclonas, issus de deux unions différentes. Le sénat et l'armée y mettent un terme en élisant empereur le fils de Constantin III, Constant II Héraclius (641-668). Lui succèdent son fils Constantin IV (668-685) et son petit-fils Justinien II, qui règne à deux reprises (685-695 et 705-711).

L'OFFENSIVE MUSULMANE
La poussée musulmane
Afin de contrer la poussée arabe, Constant II Héraclius tente un coup de main contre l'Égypte, mais son expédition de 646 tourne court, et la province est définitivement perdue. Les Arabes continuent leur progression le long du littoral africain, en Arménie et en Asie Mineure, jusqu'en Phrygie. Ils occupent Chypre, saccagent Rhodes et d'autres îles de la mer Égée qui contrôlent la route maritime de Constantinople. Un conflit interne pour la succession au califat musulman offre à l’Empire byzantin quelques années de répit, et un traité de paix est signé en 659. La guerre reprend toutefois en 663, et l'Asie Mineure est ravagée presque chaque année.

Le premier siège de Constantinople (674-678)
Assurés de la quasi-maîtrise de la mer Égée, les Arabes du califat omeyyade décident de porter un coup décisif au cœur même de l'État byzantin. Ils prennent Cyzique comme base d'opérations et, de 674 à 678, assiègent Constantinople presque sans interruption. Mais toutes leurs tentatives contre la plus puissante forteresse de l’époque échouent ; leur flotte, déjà éprouvée par le feu grégeois, est décimée par une violente tempête au large de la Pamphylie, et l'intervention d'une escadre byzantine achève de l'anéantir. Pour la première fois, l'élan arabe s'est brisé sur les murailles de Constantinople.

Persistance de la menace
Des difficultés intérieures empêchent les Arabes de renouveler leur tentative durant un demi-siècle. Ils n'en restent pas moins une constante menace sur d'autres fronts : en 692, ils écrasent les armées grecques en Arménie, et la partie byzantine de ce territoire passe sous suzeraineté arabe. Sous Justinien II, ils font des incursions fréquentes en Cappadoce et en Cilicie ; enfin, de 693 à 698, l'Afrique byzantine tout entière passe sous leur contrôle.

LA CAMPAGNE CONTRE LES SLAVES
Constant II organise une campagne contre les Slaves de Macédoine en 658 et parvient à leur faire reconnaître la souveraineté byzantine ; un contingent en est transféré en Asie Mineure. Justinien II entreprend une expédition similaire en 688-689 et pousse jusqu'à Thessalonique ; une partie des tribus soumises est déportée dans la province de Bithynie afin de repeupler et de renforcer militairement ces contrées gravement éprouvées durant le siège arabe de 674 à 678 ; elles y sont bientôt rejointes par des populations amenées de Chypre.

L'ARRIVÉE DES BULGARES
L'équilibre politique de la péninsule balkanique est perturbé par l'irruption des Protobulgares, peuplade turque installée depuis 670 dans le delta du Danube. Sortis victorieux de leur première guerre contre les Byzantins en 680, ils franchissent le fleuve sous le commandement d'Asparuh et soumettent les tribus slaves réparties entre le Danube et la chaîne des Balkans. Ils y fondent le premier royaume bulgare, à encadrement protobulgare et à population majoritairement slave, dont l'indépendance est bientôt reconnue par Constantinople, qui achète la paix en leur consentant un fort tribut annuel. Le Bulgare Terbel ayant aidé Justinien II à reconquérir son trône (705), celui-ci lui abandonne imprudemment la plus grande partie de la Roumélie orientale.

LA FIN DE LA CRISE MONOTHÉLITE (681)
Les dissensions religieuses battent alors leur plein. L'Occident latin fait figure de bastion de l'orthodoxie contre le pouvoir central, en quête perpétuelle d'une politique de conciliation capable de satisfaire orthodoxes et monothélites intransigeants. Constant II croit mettre fin aux querelles en interdisant toute discussion sur les points litigieux, par le Typos de 648, mais le pape Martin Ier passe outre. L'empereur ordonne à l'exarque de Ravenne de l'arrêter : il est traîné à Constantinople, jugé et exilé à Chersonèsos (ou Kherson), en Crimée, où il meurt en 655. Un autre opposant de marque, Maxime le Confesseur, est à son tour brutalisé et banni en Lazique (Caucase).
Constantin IV, conscient que le soutien du monothélisme est nuisible à l'État, répudie la politique religieuse de son père : au concile de Constantinople III de 680-681, convoqué par ses soins, le monothélisme est condamné et ses champions sont anathématisés.

LE QUINISEXTE (692)
Un second concile réuni par Justinien II en 691-692 s'emploie à compléter sur le plan juridique les décisions dogmatiques des conciles de Constantinople II (553) et Constantinople III, les 5e et 6e à vocation œcuménique (universelle), d'où son nom de Quinisexte (« 5e-6e ») : 102 ordonnances ou canons ont pour objet d'améliorer les mœurs du clergé et du peuple. Mais le pape rejette les décisions conciliaires : Justinien II, furieux, entend lui réserver le sort de Martin, mais c'est lui-même qui, détrôné et mutilé (son nez est coupé), est expédié à Chersonèsos.

L'INSTABILITÉ IMPÉRIALE (695-717)
La chute de Justinien II, en 695, inaugure une longue période de troubles. Au désordre intérieur s'ajoutent de nouvelles amputations territoriales : Carthage tombe en 698 aux mains des Arabes, qui atteignent le détroit de Gibraltar en 711.
Après les courts règnes des usurpateurs Léontios (695-698) et Tibère (698-705), Justinien II reprend le pouvoir, mais ne l'emploie qu'à assouvir sa soif de vengeance dans la capitale, à Ravenne et à Chersonèsos. Après son assassinat en 711, trois empereurs – Philippikos Bardanes (711-713), Anastase II (713-715) et Théodose III (715-717) – ne font que passer sur le trône.

3. LE SIÈCLE DE L'ICONOCLASME (717-867)
3.1. DES ISAURIENS AUX AMORIENS
En 717, le pouvoir est usurpé par un général originaire de la Syrie du Nord, Léon III (717-741). Lui et ses deux successeurs, Constantin V (741-775), associé à son père dès 720, et Léon IV (775-780), représentent ce qu'on appelle improprement la dynastie isaurienne. La veuve de Léon IV, Irène, assume la régence durant la minorité de son fils Constantin VI : quand il atteint sa majorité, elle le fait déposer et règne encore seule de 797 à 802. Elle est à son tour détrônée par un fonctionnaire civil, Nicéphore Ier le Logothète (802-811), qui trouve la mort dans un combat contre les Bulgares. Son fils Staurakios abdique aussitôt en faveur de son beau-frère Michel Ier Rangabé (811-813), qui laisse lui-même le trône à Léon V l'Arménien (813-820). Son successeur, Michel II le Bègue (820-829), fonde la dynastie d'Amorion, représentée après lui par Théophile (829-842) et Michel III l'Ivrogne (842-867).

3.2. LA QUERELLE ICONOCLASTE
Durant plus d'un siècle (730-843), le monde byzantin est bouleversé par la querelle des Images (→ iconoclasme). Le conflit divise l'Empire : les provinces orientales se déclarent iconoclastes (contre le culte rendu aux représentations des saints, jugé idolâtre), tandis que les provinces occidentales restent iconodoules (défenseurs de ces images saintes). Au sein de la société byzantine, les images trouvent dans les moines leurs plus ardents défenseurs.

LE PREMIER ICONOCLASME (730-787)
À la suite de premières mesures iconoclastes, l’empereur Léon III prend officiellement position contre le culte des images en 730, au cours d'un silention (réunion publique). Le patriarche Germain, récalcitrant, est déposé, et la destruction des images commence. Rome s'émeut et anathématise les iconoclastes. Léon III riposte en soustrayant à la juridiction papale la Calabre, la Sicile et l'Illyricum (ouest des Balkans).
Constantin V mène la lutte avec encore plus de vigueur que son père. Il se livre à une active propagande et le concile de Hiereia, dont les 338 membres sont tous acquis à sa cause, sanctionne la doctrine officielle en 754 : la représentation des saints est interdite et la vénération de leurs images prohibée. L'empereur s'emploie à appliquer ces décisions : on badigeonne les icônes, on disperse les reliques et on leur substitue des peintures profanes à sujet végétal et animal, surtout des décorations à la gloire de l'empereur. De l’hostilité de Constantin V, les moines sont les principales victimes : des monastères sont sécularisés, leurs propriétés confisquées, des moines et des religieuses sommés de se marier. L'intransigeance impériale va jusqu'à interdire le culte de la Vierge et des saints.

LE RÉTABLISSEMENT DE L’ORTHODOXIE (787-815)
L'impératrice Irène, pour sa part fervente iconodoule, prépare habilement la restauration du culte des images, qu'elle fait sanctionner en 787 par le second concile de Nicée, considéré comme œcuménique : l'iconoclasme est condamné comme hérésie et la vénération des icônes rétablie. Les moines recouvrent du même coup leurs privilèges et leurs richesses.

LE SECOND ICONOCLASME (815-843)

La querelle se rallume sous Léon V : les iconodoules intransigeants sont malmenés et prennent la route de l'exil. En 815, un concile iconoclaste réuni en la basilique Sainte-Sophie de Constantinople rejette les décisions du concile de Nicée II et ordonne la destruction des images. Avec Michel II, le mouvement iconoclaste connaît une accalmie, mais la restauration des images n'est pas rétablie. Théophile leur livre un dernier combat : une violente persécution se déchaîne contre les iconodoules et notamment contre les moines, mais le mouvement ne lui survit pas. Le 11 mars 843, un synode réuni à Sainte-Sophie par la régente Théodora, mère de Michel III, rétablit solennellement et définitivement le culte des images.
Pour en savoir plus, voir l'article iconoclasme.

3.3. LES MENACES EXTÉRIEURES

LES ARABES
L’échec du second siège de Constantinople (717-718) et ses suites
Deux décennies de troubles intérieurs à l’Empire byzantin ont ranimé les ambitions des Arabes : en 717, ils se présentent de nouveau sous les murailles de la ville, mais elle est âprement défendue par Léon III. Le feu grégeois, la peste, la famine et l'intervention des Bulgares obligent les assaillants à lever le blocus à l'été 718. Ils n'en continuent pas moins leurs raids annuels en Asie Mineure, mais la grande défaite qu'ils essuient à Akroïnon (près d'Amorion), en 740, les contraint à évacuer la partie occidentale de l'Anatolie. Leur puissance est de surcroît ébranlée par une grave crise intérieure : au terme d'une longue guerre civile, la dynastie musulmane des Abbassides supplante celle des Omeyyades en 750.

La contre-offensive byzantine
Les Byzantins en profitent pour reprendre l'offensive : en 746, Constantin V pénètre en Syrie septentrionale, et, l'année suivante, une flotte arabe est anéantie près de Chypre ; en 752, l'empereur remporte de nouveaux triomphes en Arménie et en Mésopotamie. Mais les querelles religieuses et politiques qui secouent l’Empire byzantin provoquent un revirement : en 781, les Arabes victorieux imposent aux Grecs un traité de paix humiliant qui ne leur vaut d'ailleurs qu'un répit de courte durée. L'empereur Nicéphore Ier ose interrompre le versement du tribut, mais, en 806, le calife abbasside Harun al-Rachid l'amène à composer : les Byzantins, vaincus, sollicitent la paix et reprennent le versement du tribut.

La poursuite de l’antagonisme
En 822, les Arabes apportent une aide efficace au général rebelle Thomas le Slave, qui assiège Constantinople durant plus d'un an. Quelques années plus tard, la Crète est enlevée par des corsaires musulmans ; elle devient pour cent cinquante ans la base d'opérations des pirates arabes de la mer Égée. Ils prennent pied en Sicile en 827, et la conquête de l'île leur est facilitée par les dissensions entre gouverneurs locaux et l'absence d'une puissante flotte de guerre byzantine. Au centre de l'Asie Mineure, l'Empire byzantin affronte le calife al-Mutasim, qui s'empare d'Ancyre et d'Amorion en 838 : Constantinople atterrée fait appel à l'Occident, mais n'en reçoit que des promesses.

LES BULGARES

Depuis leur installation dans la péninsule balkanique, les Bulgares entretiennent des relations pacifiques avec les Byzantins : ils ont aidé Justinien II à reprendre le pouvoir en 705 et lutté contre les Arabes en 718. Mais les Bulgares tirent prétexte de la fortification de la frontière par les Byzantins pour déclencher la guerre en 755. Constantin V est victorieux sur le littoral de la mer Noire en 762 et, jusqu'à sa mort, organise contre eux plusieurs expéditions, en général heureuses. Mais, en 792, les Byzantins sont finalement vaincus et contraints de payer tribut.
L'empereur Nicéphore reprend la lutte, mais son armée est anéantie en 811 dans les Balkans, et lui-même est tué. Le khan Krum se rue sur la Thrace, dont il déporte les populations au-delà du Danube, et assiège Constantinople en 813. Son successeur, Omurtag, conclut avec l’Empire byzantin une paix de trente ans, rompue par le khan Malamir en 831.

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EMPIRE BYSANTIN ( 2 )

 


4. APOGÉE MACÉDONIEN ET DÉCADENCE (867-1081)

4.1. L’APOGÉE MACÉDONIEN (867-1025)
LES EMPEREURS

Avec les empereurs dits « macédoniens » (en fait d'origine arménienne), l'Empire byzantin atteint son apogée : ses adversaires sont partout refoulés et ses frontières rétablies de l'Adriatique au Caucase.
Le fondateur de la dynastie est Basile Ier (867-886), qui usurpe le pouvoir après avoir tué de ses propres mains son bienfaiteur Michel III l’Ivrogne. Il lègue le trône à ses fils Léon VI le Sage et Alexandre, mais seul le premier gouverne réellement (886-912), Alexandre ne régnant seul que quelques mois (912-913). Le fils de Léon VI, Constantin VII Porphyrogénète, règne de 913 à 959, même si de 913 à 919 le pouvoir est exercé par sa mère Zoé Carbonopsina, puis de 919 à 944 par l'amiral Romain Ier Lécapène, associé à l'Empire dès 920.

       
Le trône est ensuite occupé par Romain II (959-963) et les usurpateurs Nicéphore II Phokas (963-969) et Jean Ier Tzimiskès (969-976). Le pouvoir revient ensuite à l'héritier légitime, Basile II (976-1025), fils de Romain II, officiellement empereur depuis 963, le représentant le plus illustre de la lignée des Macédoniens.

L'ŒUVRE LÉGISLATIVE
Basile Ier, le premier des empereurs macédoniens, entreprend de rajeunir l'œuvre législative de son lointain et illustre prédécesseur Justinien, mais ne peut publier que deux ouvrages préparatoires, le Prokheiron, un manuel pratique de droit ne contenant que les prescriptions essentielles, et l'Epanagôgê, une introduction au vaste recueil de lois projeté.
Celui-ci sera le grand œuvre de Léon VI le Sage : les Basiliques, un recueil monumental des lois impériales groupées en 60 livres, eux-mêmes distribués en 6 tomes. Le tout est complété par 113 édits du même empereur. Sous son règne sont également rédigés le Livre du Préfet, où sont énumérés les corporations des négociants et des artisans de la capitale ainsi que les règlements auxquels elles sont soumises, et le Klétorologion de Philothée, qui nous fournit la liste hiérarchique des fonctionnaires vers 900.

LE DANGER ARABE
En 863, la grande victoire du général Pétronas contre l'émir de Mélitène, Umar, à Poson inaugure l'ère de l'offensive byzantine en Asie Mineure. En 872, le général Christophore détruit Tephrikè (aujourd'hui Divriği), la citadelle des hérétiques pauliciens (manichéens), et, l'année suivante, l'empereur pénètre dans la région de l'Euphrate, en haute Mésopotamie.

Mais ces succès n'éclipsent pas de graves revers en Occident : Malte est enlevée par les Arabes en 870 ; puis, avec les prises de Syracuse (878) et de Taormina (902), la Sicile devient une province arabe. En juillet 904, Thessalonique est pillée durant dix jours par les pirates arabes de Léon de Tripoli. L’Empire byzantin renforce sa flotte et tente de reprendre le contrôle de la mer Égée, mais l'expédition organisée en 912 contre la Crète échoue.
La mort du tsar bulgare Siméon en 927 permet à Constantinople de passer à l'offensive en Orient : les exploits de Courcouas (prise de Mélitène en 934 et d'Édesse en 944) ouvrent la voie à l'offensive décisive de Nicéphore II Phokas et de Jean Ier Tzimiskès : le premier reprend la Crète (961) et Chypre (969) ; le second franchit l'Euphrate et conquiert une partie de la Palestine (975). Basile II annexe à l'Empire une partie de l'Arménie et de la Géorgie, et, en 1045, Ani est livrée aux Byzantins.

LES DANGERS RUSSE ET BULGARE
De l’offensive au baptême des Russes
En 860, les Russes font une première apparition devant Constantinople ; leur violente attaque est repoussée. Ils reviennent en 907 et dictent leurs volontés au gouvernement byzantin, mais leur assaut de 941 se solde par un désastre. Le prince Igor campe sur les rives du Danube en 944 ; l’Empire s'en débarrasse par des présents. Le prince de Kiev, Vladimir Ier, épouse une princesse byzantine et fait baptiser son peuple en 988-989.

Le baptême de la Bulgarie
En 864-865, le souverain bulgare Boris se fait baptiser par un évêque byzantin et prend le nom de Michel. Après avoir hésité quelques années entre Rome et Constantinople, il confie finalement au clergé grec (de rite byzantin) le soin d'organiser l'Église bulgare et d'évangéliser son peuple.

L’empire de Siméon

Il n’en demeure pas moins que son fils Siméon Ier (893-927) devient bientôt l'adversaire acharné de l’Empire byzantin. Il envahit le territoire impérial en 894 et vainc les armées byzantines en 896. Constantinople doit conclure la paix et s'engager à lui payer le tribut. La guerre reprend en 913 : en août, Siméon paraît sous les murs de la capitale, réclamant la couronne des basileis. Le gouvernement capitule, mais se rétracte sitôt le tsar parti. Durant dix ans, Siméon parcourt la péninsule des Balkans, bousculant toutes les armées qu'on lui oppose. En 924, il assiège de nouveau la capitale, mais toujours sans succès. Sa mort en 927 met fin au conflit ; son fils Pierre Ier (927-969) fait aussitôt la paix.

L’empire de Samuel
La Bulgarie, tombée en 968 au pouvoir du prince russe Sviatoslav, est attaquée par Jean Ier Tzimiskès : les Russes en sont chassés en 971 et la région est incorporée à l'Empire. Mais, quinze ans plus tard, toute la péninsule balkanique se soulève contre l'autorité byzantine : le tsar Samuel y fonde un puissant empire, que Basile II mettra quelque trente ans à réduire. L'empereur mène la lutte avec une énergie farouche qui lui vaut le surnom de « Bulgaroctone », ou Tueur de Bulgares.

4.2. LA DÉCADENCE (1025-1081)
Dès la mort de Basile II en 1025 percent les signes de la désagrégation de l’Empire : l'autorité impériale s'affaiblit, le parti des grands propriétaires fonciers gagne en puissance et la conquête du pouvoir revêt l'aspect d'une lutte serrée entre la noblesse civile de la capitale et la noblesse militaire des provinces.

LES DERNIERS MACÉDONIENS (1025-1056)
Constantin VIII (1025-1028), qui était officiellement associé à son frère Basile II depuis 963, se désintéresse des affaires de l'État. Sa fille Zoé Porphyrogénète (1028-1050), déjà quinquagénaire, honore du diadème impérial ses trois époux successifs : Romain III Argyre (1028-1034), dont la politique agraire favorise les latifundistes au détriment des petits paysans ; Michel IV le Paphlagonien (1034-1041), souverain capable et brave soldat, mais dont les impairs de son ministre et frère Jean l'Orphanotrophe provoquent un vif mécontentement populaire et le soulèvement des Bulgares ; enfin, après le bref règne du neveu de Michel IV, Michel V le Calfat (1041-1042), qui tente d’évincer sa mère adoptive Zoé, Constantin IX Monomaque (1042-1055), empereur insignifiant dont le règne est marqué par le relâchement de l'administration provinciale, la consolidation des puissances féodales, l'affaiblissement de l'armée, où le mercenariat tend à supplanter le recrutement indigène, les insurrections de Georges Maniakês (1043) et de Léon Tornikios (1047), l'apparition d'ennemis nouveaux (Turcs seldjoukides en Orient, Normands, Petchenègues, Oghouz et Coumans en Occident) et enfin le schisme de 1054 avec Rome, sans effet sur le moment, mais qui servira a posteriori à justifier la rupture de 1204. Avec Théodora (1055-1056), associée au pouvoir depuis 1042, la dernière fille de Constantin VIII, s'éteint la glorieuse lignée des Macédoniens.

LA LUTTE POUR LE POUVOIR (1056-1081)
Le successeur de Théodora, son fils adoptif Michel VI Stratiotikos (1056-1057), champion du parti civil, se heurte au parti des militaires. Il est détrôné par le général Isaac Ier Comnène (1057-1059), qui tente d'établir un régime militaire solide et de remédier aux abus des gouvernements précédents. Il échoue, et le parti civil le remplace par Constantin X Doukas (1059-1067) : l'armée est négligée, les fonctionnaires sont comblés de faveurs, le territoire impérial est envahi par les Oghouz à l'ouest (1064) et les Seldjoukides à l'est.
L'empereur Romain IV Diogène (1068-1071) essaie d'enrayer le déferlement turc en Asie Mineure, mais son armée est écrasée à Mantzikert en août 1071 et lui-même est fait prisonnier. Sous Michel VII Doukas (1071-1078), fils de Constantin X, les Turcs seldjoukides envahissent l'Asie Mineure, et les Normands l'Italie byzantine.
La confusion s'étend dans les Balkans, et la crise économique ébranle l'État. Ces maux conjugués excitent les ambitions des militaires. Dans la course au pouvoir, Nicéphore III Botanéiatès (1078-1081) devance ses compétiteurs. Après avoir éliminé pour le compte de l'empereur deux prétendants au trône (Nicéphore Bryenne et Basilakès), le jeune général Alexis Comnène, neveu de l'ancien basileus Isaac Ier, usurpe le pouvoir le 1er avril 1081. La dynastie des Comnènes régnera un siècle sur l’Empire byzantin (1081-1185).

5. LE SIÈCLE DES COMNÈNES (1081-1185)

5.1. ALEXIS Ier COMNÈNE (1081-1118)

Le premier soin du nouveau souverain est de sauver l'Empire, assailli sur tous ses flancs. Palliant par une astucieuse diplomatie l'insuffisance de ses moyens militaires, il réussit non seulement à tirer Constantinople de cette situation alarmante, mais aussi à lui rendre son rang de grande puissance.

LES MENACES EXTÉRIEURES
Les Turcs seldjoukides submergent en une décennie (1071-1081) toute l'Asie Mineure et s'installent même à Nicée. Incapable de les repousser par les armes, Alexis Ier Comnène (1081-1118) signe un traité de paix avec le sultan Sulayman ibn Kutulmich en 1081, avec d'autant plus de hâte qu'il lui faut parer à l'ouest à un danger plus pressant.
Les Normands de Robert Guiscard débarquent à Durazzo la même année et occupent rapidement l'Épire, la Macédoine et la Thessalie. Manquant de troupes, le basileus enrôle des mercenaires turcs et occidentaux, confisque des trésors d'églises et sollicite l'appui de la flotte vénitienne (1082). Une lutte incessante de quatre ans lui permet, au prix fort, de bouter l'envahisseur hors du territoire impérial (1085).
Cette guerre à peine finie, les Petchenègues franchissent le Danube et ravagent durant cinq ans la partie orientale de la péninsule balkanique. En février-mars 1091, ils assiègent la capitale, mais l'armée impériale, aidée des Coumans, les écrase en avril. L’Empire byzantin en est débarrassé pour trente ans. Le répit des années suivantes est mis à profit pour abattre le turbulent émir de Smyrne, Tzakhas, réduire l'agitation des Slaves occidentaux et stopper une incursion des Coumans en 1095.

L'EMPIRE FACE À LA PREMIÈRE CROISADE
L'Empire byzantin encore convalescent voit surgir en 1096 les bandes des premiers croisés, d'abord les troupes faméliques de Pierre l'Ermite et de Gautier Sans Avoir, bientôt exterminées par les Turcs près de Nicée, puis les armées organisées des barons francs. Répudiant leur engagement de céder aux Byzantins les villes qu'ils prendraient en Asie, les chefs croisés y fondent pour leur compte de petites principautés féodales : Édesse, Antioche, Jérusalem, Tripoli. L'avantage immédiat qu'en retire Constantinople est de voir affaiblie pour un temps la pression des Turcs.
Devenu prince d’Antioche, Bohémond Ier, qui a hérité de son père Robert Guiscard l'ambition de ceindre la couronne des basileis, entreprend une croisade personnelle contre la schismatique Constantinople. Il débarque en Épire à la fin de 1107, mais Alexis ne lui laisse pas la liberté de développer son offensive et le contraint à traiter.

LA POLITIQUE INTÉRIEURE
Le sauvetage de l'Empire byzantin s'accompagne d'une rénovation de l'État. La hiérarchie nobiliaire est profondément modifiée, et l'administration, tant centrale que provinciale, réorganisée. La grave crise financière que lui ont léguée ses prédécesseurs oblige Alexis Ier Comnène à une forte dévaluation monétaire, dont le fisc saura tirer le meilleur parti. Le poids de la fiscalité, conséquence de guerres incessantes, d'une diplomatie onéreuse et du mercenariat, augmente encore avec la généralisation de la ferme de l'impôt, que des percepteurs sans vergogne utilisent pour se bâtir leur fortune. La grande propriété laïque et ecclésiastique ne cesse de croître en étendue et en puissance. Les postes les plus en vue sont en général réservés à des membres de la famille impériale. Le commerce byzantin est fortement concurrencé par les Vénitiens, qui, depuis 1082, jouissent dans l'Empire de privilèges commerciaux exorbitants : c'est à ce prix qu'ils ont fait payer leur appui maritime cette année-là et la base du puissant empire économique qu'ils commencent d'édifier en Orient.

5.2. JEAN II COMNÈNE (1118-1143)

À la mort de son père, l'héritier légitime s'empare prestement du trône, que convoitait sa sœur aînée, Anne. Jean II Comnène passe la plus grande partie de son règne dans les camps. Sa politique est rigoureusement calquée sur celle de son père : assurer la tranquillité dans les Balkans, chasser les Turcs de l'Anatolie et imposer la souveraineté byzantine aux barons de Cilicie et de Syrie.

POLITIQUE OCCIDENTALE
Il inaugure son règne en mettant fin à la prépondérance commerciale de Venise, mais il doit vite en rabattre et renouveler sous la contrainte, en 1126, le traité de 1082. La sécurité des provinces européennes, de nouveau troublée, est rétablie avec promptitude et énergie : les Petchenègues sont définitivement battus en 1122, les Serbes amenés à résipiscence et les Hongrois vaincus en 1128-1129.

POLITIQUE ORIENTALE
Libre à l'ouest, Jean II Comnène entreprend en Anatolie une série de campagnes contre les émirats d'Iconium et de Mélitène. En 1137, il prend la tête d'une puissante expédition et se dirige vers la Syrie franque. La Cilicie-Petite Arménie est matée au passage et incorporée à l'Empire, et le siège d'Antioche commence au mois d'août : la ville se reconnaît vassale de Constantinople. L'année suivante, les barons francs l'accompagnent dans une campagne contre les musulmans de la Syrie méridionale, et l'empereur fait une entrée solennelle à Antioche (1138). Mais les relations entre Grecs et Latins se détériorent très vite et, en 1142, Jean Comnène met sur pied une nouvelle expédition dont le but ultime semble avoir été la conquête de la Palestine. Mais il meurt près de Mopsueste en avril 1143, blessé au cours d'une partie de chasse par une flèche empoisonnée.

5.3. MANUEL Ier COMNÈNE (1143-1180)
Le pouvoir échoit au fils benjamin du défunt, Manuel. Contrairement à son père, souverain austère, celui-ci ne dédaigne pas les joies de l'existence ; il introduit à sa cour les mœurs occidentales, s'entoure de conseillers latins et épouse successivement deux princesses franques : Berthe de Sulzbach (belle-sœur de l'empereur germanique) en 1146, puis Marie d'Antioche en 1161.

L’EMPIRE ET LA DEUXIÈME CROISADE
Dès qu'il s'est assuré du pouvoir, Manuel Ier Comnène reprend le projet avorté de son père : réprimer les incursions du sultan d'Iconium et rétablir la souveraineté byzantine sur la principauté franque d'Antioche. Il en est momentanément détourné par la deuxième croisade (1147-1149). À l'appel enflammé de Bernard de Clairvaux, le roi de France Louis VII et l'empereur germanique Conrad III se croisent et leurs armées traversent le territoire impérial en 1147. Tous deux échouent dans leur objectif : les troupes germaniques sont décimées par les Turcs en Asie Mineure, et le roi de France doit abandonner les siennes à Satalia (Antalya).

SUCCÈS ET REVERS FACE AUX NORMANDS
Le seul résultat de la croisade est de laisser aux Normands de Sicile leur liberté d'action. Le roi Roger II lance une attaque en profondeur contre l'Empire byzantin : il enlève Corfou et fait un raid audacieux jusqu'à Corinthe et Thèbes ; il ramène à Palerme les ouvriers de la soie qu'il y a fait prisonniers (1147). Pour se prémunir contre la coalition mise sur pied par Manuel Ier Comnène (dans laquelle figurent Venise et le Saint Empire romain germanique), Roger II entretient l'agitation des Serbes et des Hongrois contre l'Empire byzantin, et s'allie à la France et à la papauté. Manuel perd un appui précieux : le successeur de Conrad III, Frédéric Barberousse, s'oppose aux prétentions de Constantinople sur l'Italie, qu'il convoite pour son propre compte.
Profitant de la mort de Roger II (1154), Manuel entreprend alors la conquête de l'Italie méridionale. Les débuts sont prometteurs : en 1155, toute la région, d'Ancône à Tarente, est occupée par ses généraux. Mais la résistance s'organise ; Constantinople, abandonnée par Venise et le Saint Empire, est bientôt acculée à la défensive. Le nouveau roi de Sicile, Guillaume Ier, inflige une série de défaites aux armées byzantines et contraint Manuel à signer un traité de paix en 1158.

SUCCÈS ET REVERS EN ORIENT
Ces revers en Occident sont compensés par des succès en Asie Mineure. La Cilicie-Petite Arménie est réincorporée à l'Empire en 1158. À Mopsueste, Renaud de Châtillon, prince d'Antioche (1153-1160), vient s'humilier au pied du basileus et s'engage à honorer les dures conditions que lui dicte son suzerain. En 1159, Manuel fait son entrée solennelle à Antioche : l'objectif poursuivi sans interruption durant un demi-siècle est enfin réalisé.
Les campagnes des années suivantes sont dirigées contre le sultan d'Iconium ; ce dernier consent à traiter en 1161 et fait un séjour de trois mois à Constantinople. La paix recouvrée en Asie Mineure autorise Manuel à intervenir militairement en Hongrie et en Serbie. Cependant, le sultan rompt bientôt ses engagements. En 1176, Manuel met sur pied une puissante expédition contre Iconium, mais son armée est anéantie dans les défilés de Myrioképhalon, en Phrygie, le 17 septembre, et peu s'en faut que l'empereur lui-même ne soit fait prisonnier.
L'échec cuisant de Myrioképhalon marque un tournant de l’histoire byzantine et met un terme à une politique dont les visées ambitieuses dépassaient de loin les moyens militaires et financiers de l'Empire byzantin.

5.4. L'EFFONDREMENT DES COMNÈNES (1180-1185)
ALEXIS II COMNÈNE (1180-1183)
La glorieuse dynastie des Comnènes finit dans l'anarchie. Le jeune Alexis II Comnène n'ayant que douze ans, sa mère Marie d'Antioche assume la régence (1180-1182) ; son gouvernement maladroit mécontente toutes les couches de la société. En 1182, la haine des Byzantins contre les Occidentaux se soulage dans un grand massacre de marchands latins de la capitale. La population remet le pouvoir à Andronic Comnène, qui est associé à l’Empire.

ANDRONIC Ier COMNÈNE (1183-1185)
Cet aventurier ambitieux, qui ne manque d'ailleurs pas de qualités d'homme d'État, se débarrasse promptement de ses rivaux : l'impératrice Marie est étranglée dans son cachot et le jeune basileus dans son lit en 1183 ; le souverain sexagénaire épouse la veuve de sa victime, Agnès de France, âgée de douze ans. La politique intérieure d’Andronic Comnène marque une réaction violente contre tous les abus dont souffrait l'État. Les membres de l'aristocratie sont impitoyablement exécutés, incarcérés ou bannis ; la vénalité des charges est abolie ; les extorsions des fonctionnaires du fisc et de la justice sont sévèrement réprimées. Mais le régime qu'Andronic fait peser sur l'Empire suscite l'hostilité, et la foule qui l'avait acclamé comme le sauveur de l'Empire en 1182 le dépèce littéralement le 12 septembre 1185.

6. LES ANGES (1185-1204)

6.1. ISAAC II ANGE (1185-1195)
On donne pour successeur à Andronic Comnène un membre de la noblesse, son cousin Isaac Ange, arrière-petit-fils d’Alexis Ier Comnène, devenu brusquement célèbre pour avoir sabré le ministre de la police du tyran. Sous son règne, tous les vices qui gangrenaient l'État reprennent de plus belle, et l'affaiblissement de l'autorité centrale s'accentue. Les Normands, qui ont occupé Thessalonique et les provinces occidentales en 1185, sont refoulés. En revanche, après cent soixante-dix ans de domination byzantine, les Bulgares se révoltent et créent en 1186 un nouveau royaume indépendant, dont Constantinople est obligée de s'accommoder. En 1189-1190, les croisés germaniques de Frédéric Barberousse traversent le territoire impérial, qu'ils traitent en pays conquis. Durant les dernières années de son règne, Isaac II Ange tente vainement d'imposer son autorité aux Serbes et aux Bulgares.

6.2. ALEXIS III ANGE (1195-1203)

Isaac II Ange est détrôné par son frère aîné Alexis III Ange, dont l'impuissance précipite la décadence de l'État. Constantinople, que l'empereur germanique Henri VI avait envisagé de subjuguer, est la victime de la quatrième croisade (1202-1204), mise en branle par le pape Innocent III. Le vieux doge Enrico Dandolo met la grande entreprise au service des intérêts mercantiles de la république de Venise, désireuse de se faire payer son armement de la flotte croisée.
Le plan du Vénitien reçoit le concours inespéré du fils d'Isaac II détrôné (le futur Alexis IV Ange) : le jeune prince propose aux croisés de l'aider à renverser son oncle usurpateur et les allèche par de belles promesses. Et c'est ainsi que la flotte des croisés, initialement destinée à gagner Le Caire, s'en vient défiler sous les murailles maritimes de Constantinople le 24 juin 1203. La ville, restée inexpugnable depuis sa fondation en 330, tombe entre leurs mains le 17 juillet, Alexis III prend la fuite, tandis qu’Isaac II et son fils Alexis IV Ange (1203-1204) recouvrent le trône.

6.3. LE SAC DE CONSTANTINOPLE PAR LES CROISÉS (1204)

Ne pouvant honorer les promesses faites aux croisés, les nouveaux basileis sont renversés dès janvier 1204 et remplacés par l’éphémère Nicolas Kanabos, puis par le gendre d’Alexis III, Alexis V Murzuphle. L'avènement de ce nouvel usurpateur, qui refuse d’acquitter aux Francs les tributs promis par ses prédécesseurs, précipite la chute de Constantinople. Les croisés, las d'être lanternés, se partagent l'Empire byzantin en mars 1204 et, le 12 avril suivant, escaladent les murailles. Réfugié chez son beau-père, Alexis V est bientôt livré aux Francs, qui le mettent à mort. Ils fondent l’Empire latin de Constantinople, lequel, après quelques années de prospérité, va végéter un demi-siècle (1204-1261).
Pour en savoir plus, voir l'article les croisades.
7. DE L'EMPIRE DE NICÉE À LA FIN DE L'EMPIRE BYZANTIN (1204-1453)
7.1. L’EMPIRE DE NICÉE (1204-1261)
Au moment où les barons francs et les Vénitiens procèdent au partage du butin, des princes byzantins en fuite créent des principautés : Théodore Lascaris à Nicée (→ empire de Nicée), Michel Ange en Épire, Alexis et David Comnène à Trébizonde (→ empire de Trébizonde). C’est la première de ces principautés qui restaurera l'Empire byzantin.

THÉODORE Ier LASCARIS (1204-1222)
Théodore s'emploie d'abord à assurer la survie de son petit État nicéen, dont la création gêne autant les seigneurs byzantins du voisinage que les Latins, qui entendent entrer en possession de leurs fiefs d'Asie Mineure. Cependant, du fait des interventions répétées du tsar bulgare Jean II Kalojan dans les Balkans, Théodore Lascaris parvient à asseoir progressivement son autorité et organise sa principauté sur le modèle de l'ancienne Constantinople, dont il se prétend l'unique empereur légitime (1208). Sa victoire inattendue sur le sultan d'Iconium en 1211 avive ses ambitions. En 1214, il annexe une large bande de territoire le long de la mer Noire au détriment des Comnènes de Trébizonde. La même année, les Latins reconnaissent tacitement l'existence de son royaume, et, en 1219, il signe un accord commercial avec Venise.

JEAN III DOUKAS VATATZÈS (1222-1254)
Gendre de Théodore Ier Lascaris, le deuxième empereur de Nicée, Jean III Doukas Vatatzès, consolide la position de la principauté et prend pied en Thrace, où il occupe Andrinople. Il en est refoulé par son rival Théodore Ange et le tsar bulgare, qui, chacun pour son compte, poursuivent le même objectif : supplanter les Latins à Constantinople. Mais les événements favorisent l'empereur de Nicée : l'armée de Théodore Ange est écrasée à Klokotnica en Thrace, en 1230, par les Bulgares de Jean III Asen II ; ce dernier meurt en 1241, et son royaume est peu après contrôlé par les Mongols de la Horde d'Or. Jean III Doukas Vatatzès n'a désormais plus de compétiteur à sa mesure : il étend son autorité de la Thrace à la Macédoine. En 1242, Thessalonique reconnaît sa souveraineté, et il occupe la ville en 1246. À sa mort, l'empire de Nicée a plus que doublé, et toutes les conditions sont réunies pour le rétablissement de l'Empire byzantin.

DES LASCARIS AUX PALÉOLOGUES (1254-1261)

Son fils Théodore II Doukas Lascaris (1254-1258), souverain très cultivé et homme d'action, conserve dans son intégrité l'héritage paternel et pratique à l'intérieur une politique anti-aristocratique. À sa mort, la noblesse relève la tête : un de ses représentants les plus en vue, Michel Paléologue, est nommé régent, et ses pairs en font un associé du jeune Jean IV Doukas Lascaris (1258-1261), fils de Théodore II. L'Empire, menacé par une coalition de la Sicile, de l'Épire et de l'Achaïe, est sauvé à la bataille de Pelagonia (1259). Contre Venise, il signe un accord avec Gênes (mars 1261), qui promet son appui militaire en échange de privilèges commerciaux. Constantinople, vide de défenseurs, est enlevée pratiquement sans coup férir par le général Alexis Strategopoulos (25 juillet 1261).
Empereur associé au trône, Michel VIII Paléologue (1261-1282) fait son entrée solennelle dans la capitale restaurée, Constantinople, le 15 août 1261. Il reçoit la couronne impériale en la basilique Sainte-Sophie. Quelques mois plus tard, il fait aveugler l'héritier légitime, Jean IV Lascaris. La nouvelle dynastie des Paléologues va diriger l'Empire jusqu'à sa chute.
Pour en savoir plus, voir l'article empire de Nicée.

7.2. L'EMPIRE DES PALÉOLOGUES (1261-1453)

MICHEL VIII PALÉOLOGUE (1261-1282)
Une situation alarmante
L'Empire restauré n'est de fait qu'un pâle reflet de l'Empire d'antan : les villes maritimes italiennes contrôlent les eaux byzantines ; les Serbes et les Bulgares ont grignoté la péninsule des Balkans ; des princes grecs et latins se sont partagé la Grèce. En Occident, les puissances qui ont soutenu l'Empire latin n'aspirent plus qu'à la destruction du nouvel Empire grec. Le danger le plus menaçant vient du roi de Sicile, Charles Ier d'Anjou (frère du roi de France Louis IX), qui a pris la tête d'une vaste coalition regroupant l'Achaïe, l'Épire, la Thessalie, la Serbie et la Bulgarie.

L’échec de l’union des Églises
Pour prendre à revers les puissances balkaniques, Michel VIII Paléologue noue des alliances matrimoniales avec la Hongrie et les Tatars de la Horde d'Or. Contre Charles d'Anjou, il se tourne vers Rome et propose à la papauté d'entamer de nouvelles négociations sur l'union des Églises latine et grecque – afin de s’assurer du soutien des papes contre toute attaque occidentale de l'Empire byzantin. Sommé par le pape Grégoire X de passer aux actes, Michel VIII Paléologue se résout à signer l'union au concile de Lyon (juillet 1274).
Fort de ce soutien, l'Empire byzantin lance aussitôt une grande offensive contre les principautés grecques et franques de Grèce, et reprend l'avantage dans la mer Égée. Mais le peuple et le clergé byzantins ne souscrivent pas à la politique unioniste du souverain à laquelle ils opposent une résistance acharnée : l'empereur, qui voit dans l'union des Églises une nécessité politique vitale pour l'Empire, écarte sans pitié tous les récalcitrants.

La fin de la menace occidentale
La paix avec les puissances occidentales est remise en question avec l'avènement du pape Martin IV (en 1281), qui appuie ouvertement les plans de conquête du roi de Sicile. La menaçante coalition occidentale est réactivée. Cependant, Michel VIII Paléologue exploite le mécontentement de la population sicilienne et s'abouche avec le roi Pierre III d'Aragon, qui convoite la Sicile : la révolte à Palerme, le 30 mars 1282, et la domination angevine en Sicile sont étouffées dans le sang des Vêpres siciliennes. Quand Michel VIII Paléologue meurt, en décembre de la même année, la menace occidentale a disparu.

LES SUCCESSEURS DE MICHEL PALÉOLOGUE

D’Andronic II à Andronic III (1282-1341)
Andronic II Paléologue (1282-1328), souverain cultivé et capable, qui s’associe son fils Michel IX (1295-1320), militaire sans talent, est dépassé par les événements : le trône lui est enlevé par son petit-fils Andronic III, qui s'empare de la capitale en 1328 et règne jusqu'en 1341. Lui succède son fils, Jean V Paléologue, un enfant de neuf ans, dont le règne sera le plus long (1341-1391), mais aussi le plus tragique de toute l'histoire byzantine.

Le règne désastreux de Jean V Paléologue (1341-1391)
Au terme d'une longue guerre civile (1341-1347), le général Jean Cantacuzène, qui s’est proclamé empereur sous le nom de Jean VI en 1341, évince l'impératrice régente Anne de Savoie et règne à Constantinople de 1347 à 1354, d’abord associé à Jean V jusqu’en 1351, puis, après la reprise de la guerre civile par ce dernier, à son propre fils Matthieu (1354). Celui-ci continue jusqu’en 1357 la lutte contre Jean V Paléologue après l’abdication de son père Jean VI Cantacuzène (1355).
Contre les Turcs, Jean V Paléologue sollicite le secours de la papauté et des royaumes d'Occident : il fait le voyage de Hongrie en 1366 et de Rome en 1369, où il en vient à adopter le catholicisme ; à Venise, il est même retenu comme débiteur insolvable (1370-1371). Encore évincé à deux reprises, par son fils aîné Andronic IV (1376-1379), puis par son petit-fils Jean VII (1390-1391), il termine sa vie jalonnée d'épreuves en 1391.

De Manuel II à Constantin XI (1391-1453)

Son second fils, Manuel II Paléologue, lui succède (1391-1425). Constantinople est assiégée par le sultan ottoman Bayezid Ier de 1394 à 1402. Après avoir délégué le pouvoir à son neveu Jean VII, l'empereur se rend à Venise, Paris et Londres (1399-1402) pour quérir du secours, mais n'obtient que de vagues promesses. Son fils Jean VIII Paléologue (1425-1448), pressé par les Turcs ottomans, entreprend de nouvelles négociations en vue de l'union des Églises, condition préalable d'un secours occidental. Scellée au concile de Florence en 1439, celle-ci elle est rejetée par le peuple byzantin. Constantin XI Paléologue succède à son frère Jean VIII comme empereur en 1449 : il succombe les armes à la main au moment de la prise de Constantinople par les Ottomans de Mehmed II, en 1453.

7.3. LES CAUSES DE LA DÉCADENCE
LES PROBLÈMES MINEURS

L'affaiblissement spectaculaire de l'Empire byzantin aux xive et xve siècles ne s'explique pas uniquement par les conflits armés à l'intérieur et à l'extérieur ; des vices graves minent également le corps de l'État. La grande propriété civile et ecclésiastique ne cesse de croître et se soustrait de plus en plus à l'autorité centrale. Le fossé entre nantis et petit peuple, source d'importants déséquilibres sociaux, n'en finit pas de se creuser. L'armée est composée presque exclusivement de mercenaires étrangers et les effectifs sont extrêmement réduits. Constantinople renonce à l'entretien (trop onéreux) d'une puissante flotte de guerre et se repose sur la puissance maritime de ses alliés génois. La monnaie byzantine subit plusieurs dévaluations qui entraînent des hausses de prix et la chute de son crédit international traditionnel. Le budget de l'État a fondu et une partie des finances publiques sert à acheter des concours ou une paix qu'on ne peut assurer par les armes.

LES GUERRES CIVILES
Au lieu de faire front face à leurs adversaires communs, les Paléologues sont minés par les conflits familiaux qui dégénèrent en guerres civiles.
Andronic II contre Andronic III (1319-1328)
En 1319 éclate un conflit entre l’empereur Andronic II et son petit-fils (futur Andronic III) : des sbires à la solde du jeune prince tuent par méprise son frère Manuel, et ce meurtre provoque la mort de chagrin de leur père l’empereur associé Michel IX (1320) et la colère du vieil empereur Andronic II, qui prive son petit-fils de ses droits au trône. En 1321, ce dernier rejoint ses nombreux partisans, à la tête desquels se trouve Jean Cantacuzène, rassemblés à Andrinople, et marche sur la capitale. L'empereur capitule et se résigne à un partage du territoire impérial. Une guerre ouverte éclate, et chacun des partis fait appel aux étrangers, Serbes et Bulgares. Andronic III enlève Constantinople et détrône son grand-père en 1328.

Jean V contre Jean VI (1341-1354)
La mort d'Andronic III en 1341 déclenche une seconde guerre civile, plus désastreuse que la précédente. L'épouse de l'empereur, Anne de Savoie, doit exercer la régence au nom de Jean V Paléologue, un enfant de neuf ans, mais Jean Cantacuzène, l'ami intime du défunt, agit d'autorité en tuteur du jeune basileus. Deux partis se créent et se livrent une lutte féroce durant six ans, dont profitent surtout Serbes, Bulgares et Turcs. Jean Cantacuzène se fait proclamer empereur en Thrace en 1341. Une grave crise sociale (massacre des aristocrates en Thrace et à Thessalonique) et une querelle religieuse passionnée (l'hésychasme, tendance mystique très présente au mont Athos fondée sur la contemplation et l’invocation répétée du nom de Jésus) approfondissent davantage le fossé entre les clans ennemis.
Contre le pouvoir central, Jean Cantacuzène sollicite le concours du prince serbe Étienne IX Uroš IV Dušan, mais leur alliance est éphémère ; l'usurpateur fait alors appel à l'émir Umur Bey, puis au chef turc ottoman Orhan Gazi, auquel il accorde la main de sa fille Théodora (1345). Appuyé par des contingents turcs, il prend rapidement l'avantage et s'empare de Constantinople en 1347. La guerre civile se rallume dès 1351 entre les deux empereurs Jean V Paléologue et Jean VI Cantacuzène, le premier aidé par les Serbes, le second par les Turcs. En 1354, Jean V entre à Constantinople et Jean Cantacuzène est contraint d'abdiquer en faveur de son fils Mathieu, qui résiste jusqu’en 1357.

Jean V contre Andronic IV et Jean VII (1373-1391)
Retenu à Venise en 1370-1371, Jean V Paléologue n'est pas soutenu par son fils (futur Andronic IV), qui exerce la régence à Constantinople ; ce dernier se rebelle contre son père en 1373, et le détrône à l'instigation des Génois en 1376. Jean V Paléologue récupère le pouvoir en 1379 avec l'agrément du Turc ottoman Orhan Gazi. Andronic IV se révolte encore en 1385 ; il est imité par son fils Jean VII, qui s'empare du trône impérial en 1390, poussé par l’Ottoman Bayezid Ier (dont l’État est devenu un sultanat). Il en est dépouillé par son oncle Manuel II Paléologue, dont le règne (1391-1425) clôt l'ère des guerres civiles.

7.4. LE PÉRIL SERBE
Dans le même temps, les États grecs séparatistes d'Épire et de Thessalie s'épuisant dans des luttes continuelles, la seule rivale sérieuse de Constantinople dans les Balkans est la Serbie. Le kral (prince) Étienne VI Uroš II Milutin s'empare en 1282 de Skopje et lance des attaques répétées en direction de la Macédoine ; marié en 1299 à une petite-fille d'Andronic II, il reçoit en dot toute la région située au nord d'Ohrid. En 1330, les Serbes écrasent les Bulgares alliés de Constantinople à Kjustendil.
Le kral (roi) Étienne IX Uroš IV Dušan (1331-1355) profite de la décomposition de l'État byzantin pour arrondir ses domaines ; il enlève les principales places fortes de la Macédoine et s'avance jusqu'à Thessalonique (1334). La guerre civile (1341-1347) qui désole l'Empire byzantin favorise ses desseins expansionnistes. Les provinces d'Épire et de Thessalie récupérées par Jean Cantacuzène tombent en son pouvoir, et le royaume d’Étienne IX finit par s'étendre du Danube au golfe de Corinthe et de la mer Adriatique à la Struma et à la mer Égée. En 1346, il se fait couronner à Skopje et prend le titre d'empereur des Serbes et des Grecs.
Mais après sa mort en 1355, son empire s'émiette en principautés indépendantes. Le prince Lazare Hrebeljanović tente encore avec le souverain de Bosnie d'enrayer la progression des Turcs ottomans, mais leurs armées sont écrasées à la bataille de Kosovo (15 juin 1389).

7.5. LE PÉRIL OTTOMAN

L'invasion mongole qui déferle sur l'Asie Mineure orientale au milieu du xiiie siècle refoule en direction de l'ouest plusieurs tribus turques. L'une d'elles s'installe dans la province de Bithynie : son chef Osman Gazi (mort avant 1324) sera le fondateur de la dynastie ottomane.

BYZANCE ENTRE OTTOMANS ET CATALANS
Pour contenir les nouveaux envahisseurs, Constantinople enrôle des contingents alains (caucasiens iranophones) et catalans. La Grande Compagnie catalane conduite par Roger de Flor fait merveille contre les Turcs ottomans (1304), mais elle ne tarde pas à se retourner contre ses employeurs. De Gallipoli où ils se sont retranchés, les Catalans ravagent la Thrace. En 1307, ils se transportent en Macédoine, puis en Grèce, semant partout la dévastation. Ils s'emparent d'Athènes et fondent en Attique un duché catalan qui durera plus d'un demi-siècle.

LES PROGRÈS DE LA PUISSANCE TURQUE JUSQU’EN 1402
Les Catalans partis, l'armée impériale est impuissante à contenir les Turcs : Brousse (Bursa)tombe en 1326 et devient la capitale des Ottomans, Nicée est perdue en 1331 et Nicomédie en 1337. L'État ottoman en pleine expansion intervient dans la guerre civile byzantine, tour à tour appelé par l'un ou l'autre parti. En 1352, les Turcs ottomans prennent pied en Europe ; ils s'emparent de Gallipoli en 1354, d'où ils s'élancent à la conquête de la Thrace. Ils enlèvent Andrinople (1361 ou 1362), qui leur sert de point d'appui pour la conquête méthodique des Balkans ; Philippopolis (→ Plovdiv) est conquise en 1363-1364. Les Serbes sont écrasés à Černomen en 1371 et la Macédoine passe sous suzeraineté du sultan ottoman. Les principales villes de la péninsule balkanique succombent : Sérres (Sérrai), Sofia, Niš, Thessalonique en 1387, Tărnovo en 1393. Les Serbes sont vaincus à Kosovo en juin 1389 (→ bataille de Kosovo). Constantinople, assiégée de 1394 à 1402 par le sultan Bayezid Ier (qui défait en 1396 à Nicopolis l’armée de secours des croisés d’Occident et du roi de Hongrie), est délivrée grâce à la campagne des Mongols de Tamerlan (→ Timur Lang) en Anatolie.

UN RÉPIT SANS LENDEMAIN (1402-1453)
Ce désastre vaut à Constantinople deux décennies de répit. Mais la capitale est de nouveau investie par le sultan Murad II en 1422 ; Thessalonique, restituée aux Byzantins en 1403 et cédée aux Vénitiens en 1423, succombe définitivement en 1430. La croisade occidentale organisée en 1444 pour secourir l’Empire byzantin subit le même sort que celle de 1396 : elle est anéantie à Varna (→ bataille de Varna).

LA CHUTE DE CONSTANTINOPLE (1453)

Le siège de Constantinople par les Turcs, 1453
L'avènement du sultan Mehmed II (en 1451) précipite la chute de l’Empire byzantin. Une puissante armée ottomane bivouaque sous les murs de Constantinople au début d'avril 1453 ; l'artillerie turque a raison de la solidité des remparts byzantins, et, le 29 mai, les janissaires escaladent les remparts. Le centre de l'État byzantin va devenir celui de l'Empire ottoman. Avec la conquête du despotat grec de Morée en 1460 et de l'empire grec de Trébizonde en 1461, il ne reste plus rien de l'Empire chrétien d’Orient.

 
 
 
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