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SECONDE GUERRE MONDIALE

 

 

 

 

 

Seconde Guerre mondiale

 DOCUMENT      larousse.fr     LIEN

Seconde Guerre mondiale
Conflit planétaire qui, de 1939 à 1945, opposa les puissances démocratiques alliées (Pologne, Grande-Bretagne et pays du Commonwealth, France, Danemark, Norvège, Pays-Bas, Belgique, Yougoslavie, Grèce, puis URSS, États-Unis, Chine, et la plupart des pays de l'Amérique latine) aux puissances totalitaires de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon et leurs satellites, Hongrie, Slovaquie, etc.).
Introduction
La Seconde Guerre mondiale, qui coûta la vie de plus de 40 millions de personnes, a duré six ans, du 1er septembre 1939, date de l'agression allemande contre la Pologne, au 2 septembre 1945, jour où le Japon capitula. Circonscrite à l'origine à l'Europe, elle devient véritablement mondiale avec l'entrée dans la guerre, en 1941, de l'URSS, du Japon et des États-Unis.

Le nombre des belligérants, la nature et la puissance des moyens mis en œuvre, le caractère idéologique du conflit donneront plus d'ampleur encore à cet affrontement qu'à celui de 1914-1918. On y distinguera deux immenses théâtres d'opérations. Le premier, centré sur l'Europe, va de l'Atlantique inclus à la Volga et de l'océan Arctique à l'Afrique équatoriale ; le second, axé sur le Japon, englobe le Pacifique, l'Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique. En dehors de quelques États d'Amérique latine et de quelques îlots européens (Espagne, Portugal, Suède, Suisse), toutes les nations du monde et leurs dépendances entreront peu à peu dans la guerre.
Si quelques « têtes » dominent particulièrement ce conflit (→ Churchill, Hitler, Roosevelt, Staline), ils le doivent évidemment à leur forte personnalité, mais aussi à l'importance des ressources humaines, économiques, scientifiques et techniques que leur pays mettra à leur disposition.

Les historiens s'accordent à discerner deux parties dans le déroulement de cette guerre.
La première, qui s'étend jusqu'à la fin de 1942, est marquée par le flux conquérant des puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon). Un terme y sera mis dans le Pacifique par l'échec naval japonais de l'archipel des Midway, en Afrique par la bataille d'El-Alamein et le débarquement allié au Maroc et en Algérie, en URSS par le désastre de la Wehrmacht à Stalingrad.
Dans une seconde partie, les Alliés reprennent l'initiative et la direction du conflit, puis, refoulant systématiquement le Japon dans le Pacifique et débarquant en Europe, contraindront d'abord l'Italie (1943), puis l'Allemagne et le Japon (1945) à la capitulation.
1. Les origines du conflit
1.1. Les excès du traité de Versailles

À l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 a été considéré par l’Allemagne comme un diktat, qui la condamne à reconnaître sa responsabilité unilatérale dans le déclenchement de la guerre, à payer au titre de « réparations » pour les dommages causés aux personnes et aux biens (une somme qui implique des versements échelonnés jusqu'en 1988), à subir des amputations de territoires à l'est et une limitation de sa souveraineté à l'ouest (démilitarisation de la Rhénanie).
Mais on ne peut imputer aux seuls excès du traité la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l'épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions (et notamment la crainte de l'Angleterre de voir la France trop puissante), l'éclatement de l'Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l'impuissance d'une Société des Nations (SDN) imposée mais aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de facteurs accentuant la fragilité du nouvel équilibre international.
1.2. La responsabilité de l'Allemagne nazie
Il n'empêche que c'est d'abord à l'Allemagne d'Adolf Hitler qu'appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit.
Soulevé par la mystique du national-socialisme, Hitler est installé en 1933 au pouvoir par le président Hindenburg dans un pays rongé par le chômage et les conséquences économiques et sociales d'une inflation catastrophique. Son objectif est d'effacer le diktat de Versailles et d'assurer à l'Allemagne l'« espace vital » nécessaire à son expansion démographique : le réarmement va donc lui servir à la fois à préparer les conditions d'un changement politique et à remédier à la crise.
Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l'Angleterre et de la France ne répondront que par autant de renoncements. En particulier, leur absence de riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht – en violation du traité de Versailles –, le 7 mars 1936 retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l'égard de l'Allemagne nazie.
1.3. Le rapprochement de Mussolini vers l'Allemagne nazie
En Italie, Mussolini a pris le pouvoir dès 1922, dans un pays qui s'estime lésé par les traités de 1919 et de 1920 : les accords avec l'Autriche-Hongrie et la Yougoslavie ne répondent pas aux promesses faites par les Alliés le 26 avril 1915 (traité de Londres), lorsqu'ils avaient détaché l'Italie de la Triplice. Pourtant, lors de la conférence de Stresa (avril 1935), Mussolini conclut avec la Grande-Bretagne et la France une entente qui stipule que les trois pays s'opposeront à toute modification des traités. Mais, contré par la Grande-Bretagne et la France lors de l'affaire éthiopienne (→ campagnes d'Éthiopie, octobre 1935), Mussolini se rapproche de Hitler et dénonce les accords de Stresa.
1.4. L'expansionnisme nippon
Au même moment s'affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l'empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province chinoise de Jehol et quitté la SDN (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai, Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing Tchang Kaï-chek.
L'extension de l'influence nippone dans le Pacifique ne provoque aucune réaction des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n'interviendront pratiquemen pas dans la crise internationale d'où sortira la Seconde Guerre mondiale.
Pour en savoir plus, voir l'article guerres sino-japonaises.
2. Le déclenchement de la guerre
2.1. La violation des accords de Munich par Hitler

Mais c'est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit.
Après s'être habilement assuré à l'automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du pacte Antikomintern, dirigé contre l'URSS, et de l'alliance de l'Italie fasciste par la constitution de l'Axe Berlin-Rome, Hitler annexe l'Autriche en mars 1938 (Anschluss). La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich (septembre), qui, en acceptant l'incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie.
Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l'Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d'Acier (→ traité de Berlin), qui enchaîne inconditionnellement l'Italie à l'Allemagne.
Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor (→ Gdańsk), Londres prépare-t-il avec diligence un traité d'alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d'Alexandrette (aujourd'hui Iskenderun), détaché de la Syrie alors sous protectorat français.
2.2. Le pacte germano-soviétique
À l'approche de l'été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d'un conflit désormais inéluctable est l'attitude de l'URSS. Sans doute la France et l'Angleterre espèrent-elles encore que l'inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale.
Le 11 août, une mission militaire franco-britannique est dépêchée en URSS pour tenter d'obtenir l'appui de l'Armée rouge contre les nouveaux appétits de l'Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprennent la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939 d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète (→ pacte germano-soviétique).
Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l'État et du parti et décapité l'Armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l'URSS hors d'état d'intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères (Molotov remplace Litvinov), Staline prenait le parti d'éloigner la guerre de son pays au prix d'une aide politique, économique et militaire à l'Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits : l'annexion de la Pologne orientale, des pays Baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.
2.3. L'invasion de la Pologne
Ayant chassé le spectre de toute menace à l'est, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939, il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne.
Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne (bientôt suivie par les dominions) et la France déclarent-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne.
Arguant de sa faiblesse militaire, l'Italie demeure provisoirement « non belligérante », tandis que les États-Unis proclament leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques latino-américaines.
3. Première partie : les victoires de l'Axe (1939-1942)
3.1. Élimination de la Pologne (1er septembre-5 octobre 1939)
Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l'état-major allemand s'est vu imposer par Hitler l'audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile d'Espagne et des invasions de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie.
La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Śmigłi d'une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens.
La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions.
Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l'armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résiste jusqu'au 27 septembre. Dix jours avant, elle a reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d'être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht.
Conquise en vingt-six jours, la Pologne est, le 28 septembre à Moscou, l'objet d'un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l'URSS obtient de s'installer dans les États baltes, y compris en Lituanie.
Quant à l'Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor (→ Gdańsk), la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un Gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu.
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Pologne.
3.2. « Drôle de guerre » à l'ouest
Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l'hiver 1939-1940. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow (14 octobre) et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo (17 décembre) ; la Kriegsmarine (marine de guerre) ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n'en est qu'à ses débuts.
Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l'amirauté, et Eden devient ministre des dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s'approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à l'image de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin est reconnu généralissime du front occidental.
La stratégie demeure défensive à l'abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements.
Les forces allemandes sont supérieures à celles des Alliés dans tous les domaines, sauf la Marine : 127 divisions terrestres contre un peu plus d'une centaine ; 5 200 avions contre 1 200 pour la France et 1 700 pour la Royal Air Force ; 3 croiseurs et 3 cuirassés contre 3 croiseurs et 10 cuirassés britanniques, et une vingtaine de croiseurs lourds et 3 cuirassés à la France. Le nombre des sous-marins allemands n'est pas supérieur à celui des Français : 120 contre 130.
Une offre de paix de Hitler (6 octobre) est repoussée, comme la médiation du roi Léopold III de Belgique, et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Au printemps de 1940, un voyage d'information en Europe du secrétaire d'État adjoint américain Sumner Welles, révèle l'impossibilité d'un compromis.
3.3. Campagne de Finlande (30 novembre 1939-12 mars 1940)
Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l'URSS attaque la Finlande (30 novembre), ce qui lui vaut d'être exclue de la Société des Nations (SDN).
La résistance de l'armée finnoise étonne le monde jusqu'en février 1940, date où les Soviétiques finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l'isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l'URSS annexe la Carélie finlandaise et s'empare de la presqu'île de Hanko (Hangö en suédois).
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Finlande.
3.4. Occupation du Danemark, campagne de Norvège (avril-mai 1940)
Le 16 février 1940, le cargo allemand Altmark est arraisonné dans les eaux norvégiennes par un destroyer anglais, et, le 8 avril, les Alliés annoncent le minage des eaux territoriales de la Norvège pour empêcher le Reich de se ravitailler par Narvik en minerai de fer suédois. Dès le lendemain, Hitler devance ces projets en occupant le Danemark et en envahissant la Norvège.
Les Alliés répondent en débarquant au nord et au sud de Narvik du 13 au 20 avril. La flotte anglaise attaque ce port avec succès, mais la supériorité de la Luftwaffe (armée de l'air) contraint les Alliés à concentrer dans cette seule région leur action terrestre : la prise de Narvik le 28 mai par les Français de Béthouart ne sera qu'un succès éphémère, précédant de peu le rembarquement des troupes alliées imposé par l'offensive allemande sur la France.
Par cette nouvelle victoire, Hitler s'assure aussi bien les portes de la Baltique que la côte norvégienne et contrôle ainsi les débouchés vers l'ouest de l'économie suédoise.
Dès le 9 avril, un gouvernement Quisling, aux ordres des Allemands, a été installé à Oslo, forçant le roi de Norvège Haakon VII à gagner l'Angleterre (juin).
Au Danemark, le roi Christian X décide de demeurer avec son peuple, mais l'Islande, où débarquent les troupes anglaises (10 mai 1940), puis américaines (7 juillet 1941), proclame son désir de dénoncer son union avec le Danemark.
3.5. Guerre éclair aux Pays-Bas, en Belgique et en France

La guerre éclair en Europe et l'avance des troupes de l'Axe vers Stalingrad et le Caucase
Le remplacement de Daladier par Reynaud à la tête du gouvernement français le 22 mars 1940 accentue l'engagement de la France dans la guerre : le 28, elle signe avec l'Angleterre une déclaration où les deux nations s'interdisent de conclure toute paix séparée.
La débâcle
Le 10 mai, la Wehrmacht envahit les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Entre le 10 et le 12 mai, le front français est percé sur la Meuse ; le 14, tandis que l'armée néerlandaise dépose les armes, les Allemands percent de nouveau le front français près de Sedan (→ percée de Sedan) et, par la brèche ainsi ouverte entre Sedan et Namur, les divisions allemandes foncent en direction de l'Oise et de la Somme.
Le 27, remontant vers le nord, les Allemands atteignent Calais et encerclent les forces franco-britanniques, qui sont mises hors de combat ; le 28, tandis que les franco-britanniques évacuent Dunkerque dans des conditions dramatiques, l'armée belge, à son tour, capitule.
L'avance allemande a jeté sur les routes civils et militaires en un exode qui désorganise les communications et rend impossibles les manœuvres de rétablissement du commandement allié.
Cet enchaînement de catastrophes pose au gouvernement français de redoutables problèmes politiques, au moment où, le 10 juin, l'Italie lui déclare la guerre.
Le 11, au Conseil suprême interallié de Briare, le général Weygand (successeur de Gamelin et soutenu par Pétain), que Paul Reynaud a appelé le 18 mai dans son gouvernement, évoque à mots couverts la possibilité d'un armistice, tandis que l'amiral Darlan s'engage, vis-à-vis de Churchill, à ce que la flotte française ne tombe jamais aux mains de l'Allemagne.
Pour en savoir plus, voir l'article campagne de France.
L'armistice
L'avance de la Wehrmacht se poursuit, et Reynaud, qui préconisait la continuation de la lutte en Afrique du Nord, démissionne le 16 juin. Appelé par le président Lebrun, Pétain lui succède comme chef du gouvernement et demande aussitôt l'armistice : il est signé le 22 juin à Rethondes (→ armistice de Rethondes) avec l'Allemagne et le 24 à Rome avec l'Italie.

La défaite française est à l'époque une énorme surprise, d'autant que les forces en présence n’étaient pas disproportionnées. Elle s'explique, entre autres, par l'incapacité du commandement, qui s'est cantonné dans la conception d'une guerre défensive et qui n'a su ni prévoir ni parer une attaque utilisant massivement les forces combinées de l'aviation et des blindés (les Français n'avaient que 3 divisions blindées à opposer aux 12 Panzerdivisionen allemandes).
Les clauses de l'armistice, qui, jusqu'à sa libération en 1944, vont peser sur la France, sont particulièrement sévères.
Son gouvernement perd en effet le contrôle des trois cinquièmes du territoire national – soit toute la région nord-est du pays, Paris, la Bretagne et une bande côtière allant jusqu'à la frontière espagnole – qui seront occupés par l'Allemagne.
Il est convenu que les deux millions de prisonniers le resteront jusqu'à la paix, et que la France paiera l'entretien des troupes d'occupation allemandes. Elle conserve toutefois son Empire colonial, sa marine (à peu près intacte), une armée de 100 000 hommes et une zone non occupée où, le 2 juillet, Pétain installe à Vichy son gouvernement.
→ gouvernement de Vichy.
L'appel du 18 juin 1940
Le jour même où le vieux maréchal demande l'armistice, le 17 juin, le général de Gaulle, membre depuis le 5 juin du gouvernement de Paul Reynaud, rallie Londres et proclame le lendemain son refus de l'armistice et son appel à continuer la lutte aux côtés de l'Angleterre (→ appel du 18 juin).
Tandis qu'ainsi naît la France libre, Pétain reçoit le 10 juillet de l'Assemblée nationale le pouvoir constituant et se proclame chef de l'État. Son autorité s'étend sur l'ensemble de l'Empire sauf l'Afrique-Équatoriale française, les établissements de l'Inde, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie, qui, au cours de l'été, se rallient au général de Gaulle.
→ État français.
3.6. L'Angleterre seule
Londres, capitale de la résistance au nazisme
La soudaineté inattendue de l'effondrement français ne pouvait manquer de bouleverser les rapports franco-anglais.
Malgré les assurances réitérées de Darlan, Churchill, dans sa crainte de voir les bâtiments de la marine française utilisés par l'Allemagne, n'hésite pas à attaquer, le 3 juillet, ceux de Mers el-Kébir (où 1 300 marins trouvent la mort) et, le 8 juillet, le cuirassé Richelieu à Dakar, provoquant ainsi la rupture des relations diplomatiques entre Vichy et Londres.
Ce manque de confiance et de sang-froid s'explique par l'isolement subit de la Grande-Bretagne, désormais seule en guerre contre une Allemagne qui apparaît invincible.
Hitler, pourtant, espérait encore amener son adversaire à composition, et, le 19 juillet, il lui fait au Reichstag une ostentatoire offre de paix. C'était compter sans la résolution de Churchill, Premier ministre depuis le 10 mai, et du peuple britannique, qui ont accueilli à Londres – ainsi promue capitale de la résistance au nazisme – les gouvernements tchèque, norvégien, néerlandais, belge et polonais. De Gaulle, qui a échoué dans sa tentative de ralliement de Dakar à la France libre (23 septembre), constitue également à Londres, le 27 octobre, un Conseil de défense de l'Empire français.
La bataille d'Angleterre
C'est alors que commence la fameuse bataille d'Angleterre, dont le succès eût sans doute consacré pour de longues années la victoire allemande.
Occupant toutes les côtes de Narvik (Norvège) à Hendaye, Hitler se trouve dans une position exceptionnelle pour conquérir l'Angleterre. L'offensive aérienne déclenchée le 10 août par la Luftwaffe sur la Grande-Bretagne se heurte toutefois à une telle réaction de la Royal Air Force qu'à la mi-octobre Hitler renonce à l'opération et par là même au débarquement qui devait la suivre.
Pour les Anglais, la menace la plus immédiate se trouve ainsi écartée. Au cours de l'automne, sans renier de Gaulle ni le mouvement de la France libre, Churchill reprend secrètement contact avec Vichy. Les accords Chevalier-Halifax établissent un modus vivendi entre les deux pays : Pétain renonce à reconquérir les territoires français ralliés à de Gaulle et renouvelle ses assurances sur la flotte, mais Churchill s'engage en contrepartie à ne plus rien tenter contre les autres possessions françaises et à ne pas s'opposer aux relations maritimes entre celles-ci et la métropole.
L'effort de guerre britannique

En cette période dramatique, la chance de l'Angleterre est d'avoir à sa tête Winston Churchill, qui incarnera, durant ces six années, la résistance au nazisme. Excentrique, autoritaire, d'un courage indomptable, il est le chef incontesté de la stratégie comme de l'effort de guerre britannique, auquel le Commonwealth est directement associé (les Premiers ministres des dominions font partie du cabinet de guerre britannique).
Dans l'immédiat, c'est de soldats que la Grande-Bretagne a le plus besoin. En dehors de ceux qu'elle a rembarqués à Dunkerque, Churchill ne dispose que de 30 000 à 40 000 hommes en Afrique. Aussi l'apport des dominions, dont les armées sont en 1940 quasi inexistantes, sera-t-il essentiel. Malgré la tiédeur des Canadiens français, le Premier ministre Mackenzie King parviendra à mobiliser au Canada tous les hommes de 21 à 24 ans. L'Australie et la Nouvelle-Zélande fourniront 5 divisions, qui arriveront juste à temps en Égypte à la fin de 1940. L'Afrique du Sud est, elle aussi, en guerre, mais il est entendu que ses troupes ne serviront pas hors d'Afrique. En Inde, les partis nationalistes (→ Congrès et Ligue musulmane) cherchent à monnayer leur appui contre un statut de dominion et donc l'indépendance. Le refus de Churchill, attaché à l'Empire colonial britannique, freinera l'emploi de cet immense réservoir d'hommes. Huit divisions indiennes seront envoyées en Égypte à partir de février 1941, mais l'Angleterre devra laisser des troupes en Inde pour y maintenir l'ordre.
C'est évidemment à la Grande-Bretagne elle-même qu'il revient de fournir le plus gros effort. Plus mal préparée encore que la France (en 1938, 7 % seulement de son revenu sont consacrés au réarmement), elle ne réquisitionne sa flotte marchande qu'en janvier 1940, et, cinq mois plus tard, a encore un million de chômeurs.
Un an après, 40 % de la population active (dont les femmes de 20 à 30 ans) sont mobilisés dans l'armée ou l'industrie. La production monte aussitôt (626 chars par mois en 1941, 717 en 1942), mais plafonne rapidement (2 000 avions par mois contre 2 300 prévus en 1942). Les résultats atteints resteront considérables jusqu'à la fin de la guerre grâce à l'esprit civique des Anglais, à une inflation jugulée au prix d'une baisse du niveau de vie de 14 % par rapport à 1938 et d'un gros effort de justice sociale : le plan Beveridge de 1942 pour l'assurance nationale sera, après 1945, le modèle des systèmes de sécurité sociale.
L'aide américaine

Dès la fin de l'été de 1940, le président Roosevelt, en avance sur l'opinion publique américaine, oriente sa politique vers un appui de la Grande-Bretagne. Passés le 2 septembre de l'état de neutralité à celui de non-belligérance, les États-Unis prêtent 50 destroyers aux Anglais en échange de la location de leurs bases de Terre-Neuve, des Antilles et de Guyane. Le 16 septembre, ils adoptent le service militaire obligatoire. La loi du prêt-bail du 11 mars 1941 ouvre à l'Angleterre un crédit financier illimité.
3.7. La guerre en Afrique et au Moyen-Orient
Après l'élimination militaire de la France, c'est en Libye que se situe le seul front terrestre de la guerre. En septembre 1940, les forces italiennes – 200 000 hommes aux ordres de Graziani – attaquent la petite armée britannique d'Égypte (36 000 hommes commandés par Wavell). Après leur éphémère succès de Sidi-Barrani, les Italiens sont refoulés au-delà de Benghazi par une vigoureuse contre-attaque de Wavell (décembre 1940-février 1941).
C'est alors que Hitler, inquiet de la défaillance italienne, envoie en Libye Rommel et deux divisions blindées (→ Afrikakorps) qui, en avril 1941, reconquièrent la Cyrénaïque et assiègent Tobrouk, dont la garnison restera investie jusqu'au 27 novembre.
Pour en savoir plus, voir l'article campagne de Libye.
Ce succès allemand ne compensera pourtant pas la perte par les Italiens de leur Empire d'Afrique orientale, totalement conquis par les Britanniques : le 10 avril 1941, ceux-ci occupent Addis-Abeba en Éthiopie, où rentrera le négus Hailé Sélassié, tandis que le duc d'Aoste, vice-roi d'Éthiopie, devra capituler le 19 mai à Amba Alagi.
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes d'Éthiopie.
Au même moment éclate en Iraq un soulèvement dirigé contre la Grande-Bretagne par Rachid Ali. Pour l'appuyer, le Führer exige de Vichy, au cours de son entrevue avec Darlan le 12 mai 1941, l'usage, pour la Luftwaffe, des aérodromes français du Levant. Mais les Anglais étouffent la révolte et, avec le concours d'un contingent des forces françaises libres du général Catroux, attaquent le 8 juin les troupes françaises de Syrie aux ordres du général Dentz, fidèle au maréchal Pétain. Celles-ci résisteront énergiquement durant un mois, puis cesseront le combat et négocieront avec les Britanniques à Saint-Jean-d'Acre un armistice et leur rapatriement en France (14 juillet 1941).
L'Iran, dont les gisements d'hydrocarbures attisent les convoitises, est devenu depuis le début de l'opération Barbarossa, un carrefour stratégique pour les Alliés qui envoient du matériel à l'Union soviétique par la route reliant le golfe Persique à la mer Caspienne. Britanniques et Soviétiques, inquiets de la présence de milliers de ressortissants allemands dans le pays, exigent du chah Reza Khan de les expulser. Ce dernier, qui ne cache pas ses sympathies pour le Reich, refuse. L'Iran est attaqué dans la nuit du 25 au 26 août 1941 par les armées britanniques et soviétiques, puis occupé par les Alliés qui exploitent le pétrole et les voies de communication. Reza Khan accepte de rompre ses relations avec les pays de l'Axe mais doit abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza (16 septembre).
3.8. L'instauration du nouvel ordre européen
Ayant les mains libres à l'ouest, Hitler peut entamer la construction de la nouvelle Europe destinée à remplacer l'édifice périmé mis en place par le traité de Versailles.
Pour accentuer l'isolement de l'Angleterre, il tente vainement d'entraîner dans la guerre l'Espagne de Franco. Mais le Caudillo, qu'il voit à Hendaye le 23 octobre 1940, fait la sourde oreille.
À son retour, le 24, Hitler rencontre Pétain à Montoire, où est évoquée en présence de Laval la possibilité d'une collaboration entre la France de Vichy et le IIIe Reich. Cette entrevue n'apporte aucun changement au dur régime de l'Occupation et notamment au fardeau que représente pour la France l'indemnité de 400 millions de francs par jour qui permet au Reich d'« acheter l'économie française avec l'argent des Français ».
La Belgique et la Hollande connaissent le régime de l'administration allemande directe ; les vrais « collaborateurs » du type norvégien de Quisling se font rares.
Pour en savoir plus, voir les articles la collaboration, l'Occupation.
La « Nouvelle Europe »
C'est en Europe centrale et orientale que s'ébauche la nouvelle Europe, qui se présente d'abord comme un compromis germano-soviétique. Dans le cadre du pacte du 23 août 1939, l'URSS annexe en août 1940 les pays Baltes, la Bessarabie et la Bucovine roumaines. Il n'y a plus d'État polonais. La Slovaquie « indépendante » de Monseigneur Tiso est dominée par l'Allemagne, qui contrôle directement le protectorat de Bohême et de Moravie. Le 29 août 1940, Hitler rend à Vienne une sentence arbitrale qui achève de dépouiller la Roumanie en donnant à la Bulgarie la Dobroudja méridionale, à la Hongrie les deux tiers de la Transylvanie et en faisant occuper par la Wehrmacht ce qui restait de ce malheureux pays.
Ce nouvel ordre est consacré par la signature à Berlin le 27 septembre 1940 du pacte tripartite – Allemagne, Italie, Japon – dirigé contre la Grande-Bretagne et les États-Unis et auquel les États satellites du Reich sont invités à adhérer, recevant en retour le « bienfait » de la protection et de l'occupation allemandes.
Les différentes formes de l’occupation allemande
Deux principes guident l'administration de l'Europe conquise : elle doit nourrir l'effort de guerre, en fournissant hommes et produits ; elle doit préparer l'avènement d'un nouvel ordre européen. Dans cette « Nouvelle Europe », dominée par l'Allemagne, la position de chaque peuple sera déterminée par sa place sur l'échelle des races établie par la doctrine hitlérienne : les peuples de langue germanique seront associés au Reich, les Latins maintenus dans une position subordonnée, les Slaves déportés ou anéantis, afin de permettre l'expansion allemande vers l'est, de même que les Juifs. Les difficultés de l'arbitrage entre ces deux impératifs expliquent la diversité des formes de l'Occupation nazie.
Quatre types principaux d'administration des territoires soumis se dégagent :
– La Pologne occidentale, l'Alsace, la Moselle, la Slovénie, le Luxembourg sont annexés et germanisés. Une partie des populations non germaniques est expulsée, la mise en valeur des terres devenues vacantes est confiée à des colons allemands. L'administration échoit à des fonctionnaires venus du Reich. La loi du Reich et l'usage de la langue allemande sont imposés.
– Le reste de la Pologne et les territoires pris sur l'URSS sont administrés directement par l'État allemand : soumis à un pillage en règle, ils seront le cadre d'une exploitation sans pitié des populations locales. Les déclarations de Himmler aux chefs SS en 1943 illustrent l'esprit de cette occupation : « Peu m'importe que 10 000 femmes russes meurent pour creuser un fossé antichar si le fossé est creusé. ».
– Le nord de la France, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique sont également placés sous administration allemande, soit pour préparer leur annexion, soit parce que les nazis n'ont pu y recruter de collaborateurs locaux qui les satisfassent. L'exploitation y est cependant moins brutale, même si les opposants et les Juifs sont impitoyablement pourchassés.

– Plusieurs pays, dont la France de Pétain, la Serbie de Nedić, la Slovaquie de Tiso, conservent une administration nationale. Leur situation n'est cependant pas très éloignée de la précédente, à cette différence que l'existence d'un gouvernement propre légitime leur exploitation. Le sort des alliés de l'Allemagne – Hongrie, Roumanie, Bulgarie, voire Italie – se rapprochera de plus en plus de celui de ces pays, au fil des difficultés rencontrées par l'Axe.
3.9. De l'alliance à la guerre germano-soviétique
Le plan Barbarossa
Le pacte germano-soviétique de 1939 fut suivi de l'accord commercial du 11 février 1940, qui, pour Berlin, atténua de façon importante les effets du blocus britannique. Les Allemands obtiennent de payer en 27 mois ce qu'ils reçoivent en 18 : cuivre, nickel, tungstène, céréales, coton et produits pétroliers ; l'URSS accorde une réduction de tarif de 50 % aux marchandises transitant par le Transsibérien.
Tandis que les services de propagande nazis et soviétiques continuaient à converger contre l'impérialisme anglais, de sérieuses divergences se manifestaient lors de la venue en novembre 1940 de Molotov à Berlin. En offrant à Moscou l'Iran et l'Inde, Hitler tente de diriger vers l'Orient la politique soviétique, mais Staline entend affirmer sa position en Europe et exige la révision du régime des détroits turcs des Dardanelles et des détroits danois.

Ces prétentions confirment Hitler dans sa volonté d'abattre l'URSS : il prescrit à son état-major d'accélérer le plan Barbarossa d'attaque contre la Russie, lequel, confié au général Paulus, est adopté le 5 décembre 1940. L'attaque est fixée au printemps suivant, mais la décision en reste secrète, et, jusqu'au dernier jour, des trains soviétiques alimenteront largement l'économie allemande.
Pendant ce temps, la diplomatie de Berlin s'efforce d'isoler l'URSS : des avantages économiques sont concédés à la Finlande, un pacte d'amitié est négocié avec la Turquie (il sera signé le 18 juin 1941), et c'est sans doute pour tenter un compromis avec Londres que Rudolf Hess s'envole pour l'Écosse le 10 mai 1941.
Le préalable des Balkans
Le déclenchement de l'agression contre l'URSS exige que l'Allemagne ait préalablement éliminé toute difficulté pouvant surgir des Balkans. Or, Mussolini, refusant le rôle de parent pauvre de la nouvelle Europe, avait décidé, sans en avertir Hitler, de conquérir la Grèce.
La guerre italo-grecque
Le 28 octobre 1940, les troupes italiennes passent à l'attaque, mais les forces grecques, refoulant leurs agresseurs, occupent bientôt le tiers de l'Albanie ; les Anglais décident alors d'appuyer la Grèce, où ils débarquent des troupes en mars 1941.
Parallèlement, des éléments antiallemands commencent à s'agiter à Belgrade.
L'invasion de la Yougoslavie et de la Grèce par l'Allemagne
Hitler décide alors d'intervenir : huit jours après qu'un coup d'État chassant le régent Paul de Yougoslavie a porté au pouvoir le roi Pierre II, la Wehrmacht envahit brutalement le 6 avril 1941 la Yougoslavie et la Grèce. Dès le 17, les forces yougoslaves doivent capituler, et, le 27 avril, les Allemands entrent à Athènes, chassant de Grèce les unités britanniques ; celles-ci rembarquent au début de mai en direction de l'Égypte, où se réfugie le roi Georges II. Du 20 au 30 mai, les parachutistes allemands du général Student conquièrent la Crète.
L'Éclatement de la Yougoslavie
Ce nouveau succès de la guerre éclair, auquel se sont associées la Bulgarie et la Hongrie, entraîne l'éclatement de la Yougoslavie. La Slovénie est partagée entre l'Allemagne et l'Italie, qui crée une Croatie « indépendante » dont un prince italien est proclamé roi. La Bulgarie reçoit la majeure partie de la Macédoine et de la Thrace, tandis que le Monténégro reconstitué est soumis à l'Italie.
Le retard apporté par ces opérations au déclenchement de l'attaque allemande contre l'URSS sera lourd de conséquences.
Pour en savoir plus, voir l'article Yougoslavie.
3.10. L'invasion de l'Union soviétique
Quelques heures après le franchissement de la frontière soviétique par la Wehrmacht, l'ambassadeur de Staline à Berlin est informé de l'ouverture des hostilités, tandis que Hitler proclame par radio sa « volonté » d'assurer la sécurité de l'Europe… et de « sauver le monde ».
22 juin 1941 : l'entrée en guerre
Appuyées par 2 000 avions et secondées par 50 divisions « alliées » (finlandaises, roumaines, italiennes, hongroises), 145 divisions allemandes, dont 19 blindées (3 300 chars), articulées du nord au sud dans les trois groupes d'armées de Leeb, Bock et Rundstedt, se lancent à l'assaut de l'URSS.
L'Armée rouge compte 140 divisions, dont 24 de cavalerie à cheval et 40 brigades blindées réparties en quatre grands fronts aux ordres de Vorochilov, Timochenko, Boudennyï et Meretskov.
Malgré les avertissements des Américains et des Anglais, et les multiples violations aériennes du territoire russe par la Luftwaffe, il semble bien que Staline se soit laissé surprendre.
Batailles de Smolensk et de Kiev
Tandis que Leeb conquiert les Pays baltes et marche sur Leningrad, investie le 8 septembre, Bock gagne la grande bataille pour Smolensk (8 juillet-5 août). Mais, contre l'avis de son état-major, qui voulait centrer tout son effort sur l'axe Smolensk-Moscou, Hitler envoie Rundstedt conquérir l'Ukraine. Ses troupes sont à la fin d'août sur la ligne Jitomir-Ouman-Odessa et livrent avec les groupements blindés Kleist et Guderian une nouvelle bataille d'encerclement du 13 au 26 septembre autour de Kiev.
Vers Moscou

Ce n'est qu'au début d'octobre, après la prise de Viazma et d'Orel, que les chars allemands de Guderian sont rameutés sur Toula et Moscou. Le 1er novembre, les avant-gardes allemandes atteignent Mojaïsk, à 90 km de Moscou. Le 5 décembre, elles sont à 22 km au nord de la capitale, dont Hitler et le monde entier attendent la chute avant Noël.
Contre-offensive soviétique de l'hiver 1941-1942

Mais, le 6 décembre, une brutale contre-offensive soviétique dirigée par Joukov dégage Toula, reconquiert Kline et Kalinine, sauve Moscou et bloque définitivement la Wehrmacht, à bout de souffle et incapable de tenir tête aux rigueurs d'un hiver où le thermomètre descend jusqu'à −50 °C.
Ce premier et retentissant échec de la guerre éclair entraîne dans la Wehrmacht une grave crise. Le Führer chasse plusieurs chefs de l'armée (Brauchitsch, Rundstedt et Guderian) et assume désormais directement le commandement des forces terrestres.
Soutien des Alliés à l'Union soviétique et ébauche des futures Nations unies

Alors que Hitler se lançait dans une aventure qui scellera sa perte, Staline bénéficiait aussitôt de l'assistance des alliés occidentaux.
Le 10 juillet 1941, Churchill s'engage à ne conclure avec l'Allemagne aucun armistice ni paix séparée. Roosevelt décide en septembre de faire bénéficier l'URSS de la loi du prêt-bail : elle recevra de 1942 à 1945 du matériel de guerre américain dont la valeur s'élèvera à 11 milliards de dollars.
En juillet 1941, les troupes américaines relèvent les Britanniques en Islande, et, le 14 août, Churchill et Roosevelt se rencontrent en mer ; ils proclament la charte de l'Atlantique, affirmant leur unité de vues sur les principes qui doivent guider le rétablissement d'une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ces principes seront réaffirmés le 1er janvier 1942 par la déclaration des Nations unies signée à Washington par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et vingt-trois pays en guerre avec l'Axe.
Pour en savoir plus, voir l'article Organisation des Nations unies.
3.11. Japon et États-Unis : la rupture et l'entrée en guerre

Si les États-Unis s'engagent ainsi sur le théâtre occidental, leur vigilance est attirée plus encore en Extrême-Orient par l'attitude du Japon.
Pressions et tensions
En 1940, pour interdire les fournitures d'armes à Tchang Kaï-chek, Tokyo, profitant de la défaite française, avait imposé en juin la fermeture du chemin de fer du Yunnan et obtenu de l'Angleterre en juillet celle de la nouvelle route de Birmanie.
Au moment de la signature du pacte tripartite avec l'Allemagne et l'Italie (septembre), le prince Konoe annonce un « ordre nouveau » en Extrême-Orient, qui, pour lui, comprend la Mandchourie, la Chine, l'Inde, le Sud-Est asiatique (y compris l'Australie) et le Pacifique.
La pression du Japon s'accroît sur l'Indochine française, qui doit accepter la présence de ses troupes, d'abord au Tonkin (juillet 1940), puis, après l'arbitrage imposé par Tokyo au conflit franco-thaïlandais, en Cochinchine (juillet 1941).
À cette attitude, Roosevelt répond d'abord par des mesures économiques, mettant l'embargo sur les expéditions américaines à destination du Japon (notamment le pétrole), puis bloque le 26 juillet 1941 les avoirs japonais aux États-Unis.
Cependant, le Japon hésite encore à se lancer dans la guerre : au mois de mars, le ministre Matsuoka entreprend un voyage en Europe, où, après s'être arrêté à Rome et à Berlin, il signe, le 13 avril, à Moscou, un pacte d'amitié avec l'URSS.
Mais, après l'échec de nouvelles négociations nippo-américaines (Hull-Nomura), le cabinet Konoe démissionne le 16 octobre 1941 et est remplacé par celui du général Tojo Hideki, qui personnifie le parti militaire, résolu à s'assurer par la force les richesses (pétrole, étain, caoutchouc) du Sud-Est asiatique.

Le 7 décembre 1941, la flotte combinée japonaise de l'amiral Yamamoto surprend et détruit en deux heures l'escadre américaine de Pearl Harbor (Hawaii). Le 8, les États-Unis déclarent la guerre au Japon, lequel déclare la guerre à la Grande-Bretagne et à ses dominions ; le 11, Berlin et Rome sont en guerre avec les États-Unis : le conflit est alors devenu mondial, à la seule et essentielle réserve près de la neutralité maintenue jusqu'en 1945 entre l'URSS et le Japon.
La guerre éclair japonaise (décembre 1941-juin 1942)

Son principal adversaire étant provisoirement maîtrisé, l'état-major nippon, qui, seul, détient le pouvoir à Tokyo, lance aussitôt ses forces à l'attaque.
Le 10 décembre 1941, elles torpillent deux grands bâtiments de la flotte britannique d'Extrême-Orient, le Prince of Wales et le Repulse ; à Noël, elles ont occupé la Thaïlande, Hongkong, débarqué aux Philippines, conquis Guam.
La vague déferle ensuite sur Bornéo, la Malaisie, les Célèbes, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; Singapour capitule le 15 février 1942. En mars, l'Indonésie et la Birmanie sont complètement conquises, puis c'est le tour des Philippines avec les capitulations de Bataan (9 avril) et de Corregidor (7 mai). Au début de l'été, une ultime avance pousse les Japonais aux îles Aléoutiennes (juin), dans les îles Salomon (Guadalcanal, 4 juillet) et en Nouvelle-Guinée (juillet-août).
Leurs avions, qui ont bombardé l'Australie (février) et Ceylan (5 avril), attaquent maintenant l'Alaska et l'île canadienne de Vancouver (20 juin).
Ainsi, le rêve des impérialistes nippons semble réalisé : en huit mois, Tokyo s'est rendu maître de la moitié du Pacifique et contrôle plus de 90 % de la production mondiale du caoutchouc, 75 % de celle de l'étain et une immense réserve de pétrole.
Contre-offensive américaine
Dès le printemps de 1942, toutefois, la réaction des États-Unis se fait sentir, infligeant à la marée japonaise ses premiers coups d'arrêt par les deux victoires de la flotte américaine du Pacifique, commandée par l'amiral Nimitz dans la mer de Corail (4-8 mai) et aux îles Midway (4-5 juin).
Mais c'est aux Salomon que l'état-major américain a décidé de constituer la base de sa contre-offensive : celle-ci débutera le 7 août par un débarquement de vive force à Guadalcanal, qui amorce le retournement de la situation stratégique en Extrême-Orient.
Pour en savoir plus, voir l'article campagnes du Pacifique.
4. La guerre à mi-course
À la fin de 1942, au moment où l'Allemagne, l'Italie et le Japon ont atteint le zénith de leur puissance expansive, leurs forces subissent en Russie, en Afrique et dans le Pacifique des coups d'arrêt que l'avenir révélera décisifs.
4.1. Ultimes poussées de l'Axe en URSS et en Afrique
La bataille de Stalingrad (novembre 1942-février 1943)
La victoire de l'armée soviétique devant Moscou est suivie dans les deux camps par une période de relative accalmie, mise à profit par l'URSS pour réorganiser ses armées et transférer de nombreuses usines de guerre en direction de l'Oural, en Sibérie et au Turkestan.

Le 5 avril 1942, Hitler fixe à la Wehrmacht les objectifs de sa prochaine offensive, qui visera la Volga, le Caucase et son pétrole. Retardée par une action de l'Armée rouge au sud de Kharkov (mai), elle débouche le 28 juin en direction de Voronej, pivot à la boucle du Donets, tandis que capitule Sébastopol après un siège de 250 jours.
Le front russe est percé sur 500 km, et, après la chute de Rostov (23 juillet), les Allemands se lancent vers le Caucase, entrent à Maïkop, plantent le drapeau à croix gammée au sommet de l'Elbrous (21 août) ; ils sont bloqués dans la région du Terek à 120 km de la Caspienne, mais à 600 km de Bakou.
Au même moment, la VIe armée (→ Paulus) franchit le Don à Kalatch, atteint la Volga (20 août) et conquiert du 1er au 15 septembre une grande partie de la ville de Stalingrad.
Alors que Hitler croit tenir la victoire, débouche le 19 novembre la contre-offensive soviétique qui, encerclant l'armée de Paulus, la contraint à capituler le 2 février 1943.
Cette première grande défaite allemande a un énorme retentissement : toute une armée a été détruite après avoir perdu 250 000 hommes à cause de l'entêtement du Führer, ce qui a pour effet de dresser contre lui nombre de chefs militaires. L'Armée rouge a pris l'initiative des opérations ; elle ne l'abandonnera plus jusqu'à Berlin.
Pour en savoir plus, voir l'article bataille de Stalingrad.
La campagne de Libye
En Libye, l'année 1942 marque également la dernière avance africaine des forces de l'Axe. Après son offensive de janvier, qui l'avait porté à proximité de Tobrouk (10 février), Rommel déclenche le 27 mai une nouvelle attaque. Elle est d'abord retardée par la résistance de Bir Hakeim, tenu du 27 mai au 11 juin par les Français libres du général Kœnig qui permet aux Britanniques de se replier vers l'Égypte.
Mais, après avoir pris Tobrouk le 21 juin, l'Afrikakorps de Rommel franchit la frontière égyptienne et contraint la VIIIe armée britannique à se replier au début de juillet sur la position d'El-Alamein, à 130 km d'Alexandrie, qui marque le point extrême de l'avance allemande en direction du canal de Suez.
Après avoir vainement tenté de rompre le front adverse, Rommel est surpris le 23 octobre par une brutale contre-offensive de Montgomery (nommé en août à la tête de la VIIIe armée), et doit à son tour rompre le combat le 2 novembre. Six jours plus tard, les Américains débarquent au Maroc. Six mois après, la Wehrmacht sera chassée d'Afrique.
Pour en savoir plus, voir l'article campagne de Libye.
Le développement de la guerre sous-marine
D'autre part, la guerre sous-marine a pris un développement considérable. Dans l'Atlantique, l'année a été désastreuse pour les Alliés : 3 millions de tonnes de navires coulés de janvier à juillet, 700 000 en novembre. Mais là aussi la situation tend à se renverser : en octobre 1942, les pertes des sous-marins allemands atteignent en nombre celui des submersibles construits, et, grâce à l'effort prodigieux des chantiers américains, le tonnage allié construit dépassera, au début de 1943, celui qui est coulé par les sous-marins de l'Axe.
Dans le Pacifique, les sous-marins américains détruisent en 1942 un million de tonnes de navires nippons, chiffre à peine inférieur à celui des prises de guerre et constructions neuves du Japon.
4.2. L'effort de guerre allemand
Dans l'ensemble, l'Allemagne réussira à financer par ses propres ressources la moitié de son imposant effort de guerre. L'autre moitié sera fournie par les territoires occupés et singulièrement (40 %) par la France.
Anarchique jusqu'à la mort de Fritz Todt (février 1942), la production allemande d'armement, placée sous la haute autorité de Göring, directeur du plan, est pour l'ensemble des années 1941 et 1942 nettement inférieure à celle de la Grande-Bretagne pour les avions (24 000 contre 31 000) et à peine supérieure pour les chars (14 500 contre 13 400).
Le successeur de Todt, Albert Speer, sait planifier cette production sans trop diminuer jusqu'à la fin de 1943 la consommation allemande. Un effort considérable est accompli dans la fabrication de carburants et huiles synthétiques (3,8 millions de tonnes en 1943), mais, dès 1942, c'est le problème de la main-d'œuvre, confié au Gauleiter Fritz Sauckel, qui devient primordial.
Le problème de la main-d'œuvre
En 1943, 11 millions d'hommes servent dans la Wehrmacht, dont les pertes (tués, blessés, disparus et prisonniers) sont alors de 4 millions. Pour y remédier, les Allemands enrôlent à titre d'auxiliaires (dits « Hilfswillige ») de nombreux Soviétiques, si bien que, compte tenu de leurs « alliés », les effectifs sur le front est comprennent 25 % d'étrangers. La main-d'œuvre civile comprend 30 millions de personnes, dont 8 dans l'industrie. En 1944, Sauckel aura ramené dans le Reich, au titre du Service du travail obligatoire (STO), 6,3 millions d'ouvriers étrangers (dont 723 000 Français). Leur travail s'ajoute à celui de plus de 2 millions de prisonniers de guerre et aussi à celui des déportés des camps de concentration.
Une étonnante efficacité jusqu'à la fin
Aussi Speer réussit-il à faire passer la fabrication des chars de 9 400 en 1942 à 19 800 en 1943 et à 27 300 en 1944, et celle des avions de 13 700 en 1942 à 22 000 en 1943 et à 36 000 en 1944. Ces résultats sont obtenus alors que les bombardements aériens de la Royal Air Force et de l'US Air Force atteignent des proportions écrasantes : 48 000 tonnes de bombes en 1942, 207 000 t en 1943, 915 000 t en 1944.

Cet effort de guerre se poursuivra jusqu'à la fin avec une étonnante efficacité : 7 200 avions sont encore construits dans les quatre premiers mois de 1945, ce qui porte la production totale allemande de 1939 à 1945 à environ 100 000 avions, chiffre un peu supérieur à la production anglaise (88 000 avions). Il permettra notamment l'engagement, à la fin de 1944, de nouvelles armes, tels les avions à réaction « Me 262 » (produits à 1 200 exemplaires) et les fusées de type V1 et V2, mises au point au centre de recherche de Peenemünde sous la direction de Wernher von Braun.
4.3. L'effort de guerre soviétique
La direction de la guerre en Union soviétique est confiée à un organisme nouveau, le Comité d'État pour la défense, présidé par Staline, qui étend son autorité sur tous les organismes de l'État et du parti. Il dirige la production et l'économie, mais aussi les forces armées, avec le concours de la Stavka (l'état-major), que commande de 1937 à novembre 1942 un militaire de grande classe, le maréchal Chapochnikov, auquel succédera le maréchal Vassilevski.
L'intelligence de Staline le conduit à mettre l'accent sur le patriotisme et les traditions militaires russes (restauration des ordres de Souvorov, d'Alexandre Nevski) ; les insignes de grades des officiers réapparaissent, l'Internationale cesse d'être l'hymne national, et le Komintern est supprimé (15 mai 1943).
Contrecoups de l'invasion allemande
Du fait de l'invasion allemande, la production industrielle globale baisse en septembre 1941 de plus de 50 %. La situation s'aggrave encore en 1942, où la production du charbon baisse de 142 à 75 millions de tonnes, celle de la fonte de 18 à 5, celle de l'acier de 13,8 à 4,8… Mais, au même moment, les Soviétiques évacuent 1 300 entreprises de grandes dimensions, ainsi que 10 millions de personnes (dont 2 de la région de Moscou), qui vont s'installer dans l'Oural, en Sibérie occidentale et en Asie centrale, où de nouvelles usines sortent de terre.
À la fin de 1942, la situation est redressée : la production de matériel de guerre dépasse celle de 1941, et les livraisons anglo-américaines, qui ont débuté dès octobre 1941, arrivent alors par Arkhangelsk, par l'Iran et par Vladivostok (elles comprennent notamment 22 000 avions, 12 184 chars, 2,6 millions de tonnes d'essence, 4,5 millions de tonnes de vivres).

 
 
 
 

ARMES ANTIQUES ...

 

Paris, 10 mars 2016
Découverte d'armes antiques inédites en Arabie

Un ensemble exceptionnel d'armes en bronze datant de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.) a été mis au jour près d'Adam, au Sultanat d'Oman. Ces vestiges ont été découverts éparpillés sur le sol, dans un bâtiment appartenant à un complexe a priori cultuel, lors de fouilles menées par la mission archéologique française en Oman central. Ils comprennent en particulier deux carquois complets et des armes métalliques, parmi lesquelles cinq arcs. Des objets pour la plupart non fonctionnels et inédits en Arabie. Seule la poursuite des recherches archéologiques, débutées en 2011 dans cette zone, permettra de mieux connaître le système politique, les pratiques sociales et les rituels existant en Arabie à cette époque. Dirigées par Guillaume Gernez du laboratoire Archéologies et sciences de l'Antiquité (CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Ouest Nanterre La Défense), ces fouilles ont également impliqué le laboratoire Archéorient (CNRS / Université Lyon 2). Elles ont bénéficié notamment du soutien du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international ainsi que du ministère omanais du Patrimoine et de la Culture.
La région d'Adam se situe à la frontière des oasis et des espaces désertiques d'Oman. Elle était totalement inexplorée du point de vue archéologique avant que la mission archéologique française en Oman central (anciennement mission archéologique française d'Adam), dirigée depuis 2011 par Guillaume Gernez1, n'y effectue ses premières prospections en 2007. Découvert en 2009, le site dénommé Mudhmar Est est constitué de deux bâtiments principaux et de quelques aménagements annexes. Il est localisé au pied du Jabal Mudhmar, à proximité de l'une des plus grandes vallées omanaises et au carrefour stratégique de plusieurs routes commerciales.

Long de 15 mètres, le plus grand des deux bâtiments, qui repose sur le flanc du Jabal Mudhmar, est constitué de blocs en grès taillés et de briques faites de terre. C'est au sein de cet édifice, dans une petite salle apparemment dépourvue de porte, que l'équipe vient de mettre au jour un ensemble exceptionnel d'armes en bronze. Datés de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.), ces objets semblent être tombés des meubles ou des étagères qui les supportaient. Autre hypothèse, ils étaient accrochés aux murs de la pièce.

Au sein de cet ensemble, deux groupes particulièrement remarquables se distinguent. Le premier est formé de deux petits carquois intégralement en bronze, y compris les six flèches contenues à l'intérieur de chacun d'eux. D'après leurs dimensions (35 cm), il s'agit de modèles réduits imitant des originaux en matériau périssable (cuir), qui ne sont habituellement pas retrouvés lors de fouilles archéologiques. Le fait qu'ils soient ici en métal sous-entend qu'íls n'étaient pas fonctionnels. De tels carquois n'ont jamais été retrouvés en Arabie et sont rarissimes ailleurs.

Le deuxième groupe comprend des armes métalliques, pour la plupart non utilitaires (d'après leurs dimensions légèrement réduites, la matière qui les compose, et/ou leur absence de finition). Il s'agit de cinq haches de combat, de cinq poignards à pommeau en forme de croissant caractéristiques de l'âge du fer II, d'une cinquantaine de pointes de flèches et de cinq arcs complets. Ces derniers sont formés d'une branche courbée plate, infléchie au niveau des deux extrémités, entre lesquelles est tendue une corde en bronze. La dimension de ces arcs (70 cm en moyenne) et surtout la matière utilisée indiquent qu'il s'agit d'imitations d'arcs en matériaux périssables (bois, tendons). De tels objets sont totalement inédits : aucun arc en métal n'était connu en Arabie ou au Moyen-Orient jusqu'à présent.

Cette découverte exceptionnelle apporte de nouvelles données sur l'armement pendant l'âge du Fer en Arabie orientale et sur les pratiques sociales à l'époque. Le caractère non utilitaire de la plupart des armes pourrait indiquer qu'elles ont été conçues pour être offertes à une divinité guerrière, et/ou comme élément-clé de pratiques sociales que les archéologues ignorent encore. La première hypothèse est confortée par la présence, dans le deuxième bâtiment du site, de quelques fragments d'encensoirs en céramique et de petits serpents en bronze, autant d'éléments souvent associés à des pratiques rituelles à cette période. Les fouilles à venir devraient permettre de mieux cerner la fonction du complexe, qui intrigue les archéologues.

Cet ensemble d'armes a été constitué au cours d'une période d'intensification de la production métallurgique observée en Arabie orientale à l'âge du Fer. Cette évolution économique et technique s'est accompagnée d'une complexification sociale attestée par la multiplication des sites fortifiés et de l'architecture monumentale. Cependant, au sein de cette société sans écriture, connaître le système politique et la structure sociale demeure une tâche ardue. La poursuite de l'exploration archéologique de ce site et de son environnement immédiat, ainsi que de la région centrale d'Oman s'avère ainsi essentielle pour reconstruire l'aube de l'Histoire en Arabie.


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IRAN - HISTOIRE

 

Iran : histoire

1. Les migrations et l'arrivée des Aryens (jusqu'au viie siècle avant J.-C.)

1.1. Les Aryens

Vers la fin du IIIer millénaire avant J.-C., l'aridité croissante ruine un certain nombre d'oasis et de cités, puis l'effondrement de la civilisation de l'Indus (xviiie siècle avant J.-C.) amène une diminution du grand commerce dans l'est de l'Iran. Mais la culture iranienne bénéficie des apports des populations caractérisées par leur poterie grise et en qui on voit généralement les Aryens.
Au cours du IIe millénaire avant J.-C., les nouveaux venus progressent du nord-est vers l'ouest de l'Iran, où apparaissent de brillantes cultures régionales qui mêlent la tradition indigène, les techniques de la Mésopotamie et l'apport des aristocraties guerrières venues du nord-est. Les réalisations les plus brillantes sont celles de l'art d'Amlach ou de Marlik (à partir du xive siècle avant J.-C., dans l'actuel Gilan), puis de Hasanlu (en Azerbaïdjan) et du Lorestan. Les maîtres des districts de l'Iran se font bâtir des forteresses et adoptent l'équitation, qui accroît leur puissance guerrière.
1.2. Première mention des Perses et des Mèdes

L'identité de ces conquérants n'est révélée qu'au ixe siècle avant J.-C., lorsque les Assyriens signalent, pour la première fois, les Perses et les Mèdes, qui atteignent alors le rebord occidental du Zagros, au milieu de populations qui vont bientôt adopter les langues des nouveaux venus. Morcelés en petits royaumes, les Mèdes et les Perses subissent la domination ou les exactions de l'Assyrie, de l'Élam ou des Scythes installés dans le Zagros.
2. L'Empire mède (612-550 avant J.-C.)

L'Assyrie, qui a détruit l'Élam (vers 646 avant J.-C.), s'effondre à son tour (612 avant J.-C.) sous les coups de la coalition des Babyloniens et des Mèdes. Le roi de ces derniers, Cyaxare, auteur ou bénéficiaire de l'unification du peuple mède, étend alors son empire à l'ouest, jusqu'à l'Halys, mais nous ne savons rien sur l'étendue de sa domination en Iran.
3. L'Empire perse de la dynastie achéménide (550-330 avant J.-C.)

3.1. Les Achéménides

L'Empire mède tombe intégralement aux mains du roi perse achéménide Cyrus II lorsqu'il vainc et capture le roi des Mèdes, Astyage (vers 550 avant J.-C.). Les Achéménides vont dominer tout l'Iran géographique et déborder même sur l'Asie centrale, où ils trouveront des populations parlant des langues du groupe aryen, les Bactriens et les Sogdiens, qui s'intégreront alors à l'ensemble iranien, les Chorasmiens et les Sakas, qui seront moins marqués par la domination perse.


Cambyse II (530-522 avant J.-C.) s'empare de l'Égypte ; Darios Ier (522-486 avant J.-C.) porte les frontières de l'empire au fleuve Iaxarte (aujourd'hui Syr-Daria), à l'Indus et au Danube.
3.2. Les guerres médiques

Mais les Athéniens l'emportent sur l'armée perse, lors de la première guerre médique (→ Marathon, 490 avant J.-C.) et, dans la seconde guerre médique, l'expédition, dirigée par Xerxès Ier (roi de 486 à 465 avant J.-C.), est vaincue à Salamine (480 avant J.-C.) et à Platées (479 avant J.-C.). Ces défaites marquent les limites de la puissance achéménide, qui ira peu à peu s'amenuisant sous les successeurs de Xerxès Ier.
L'Iran est la partie la plus étendue de l'Empire achéménide et celle qui fournit les meilleures troupes et les cadres de l'administration et de l'armée. Mais à l'est de la Médie et de la Perside (pays perse) il n'y a que des régions pauvres en villes et qui semblent encore ignorer l'écriture.
Pour en savoir plus, voir l'article Achéménides
4. La domination gréco-macédonienne (ive-iie siècle avant J.-C.)

Les satrapies de l'Iran oriental manifestent leur esprit belliqueux lors de l'expédition d'Alexandre qui est arrêté quatre ans (330-327 avant J.-C.) par leur résistance ou leurs révoltes. Mais le conquérant macédonien a l'habileté de faire appel à la noblesse guerrière de l'Iran tout entier pour administrer ces régions et renforcer son armée.
Sa politique est reprise, semble-t-il, par les premiers rois de la dynastie macédonienne des Séleucides, qui, depuis 309 avant J.-C., domine l'Iran : comme Alexandre, ils multiplient les fondations de villes à statut de cité grecque autonome et à décor grec, où la noblesse iranienne vient s'helléniser sans perdre ses qualités guerrières.
Mais la royauté séleucide, dont le domaine s'étire sur 4 000 km d'ouest en est, et qui se préoccupe en priorité de sa façade méditerranéenne, néglige l'Iran, où des dissidences se produisent à partir du iiie siècle avant J.-C. : ainsi en Médie Atropatène (Azerbaïdjan) et en Perside, où des dynasties perses s'appuient sur la religion mazdéenne et le souvenir des Achéménides, dans l'Élymaïde, qui garde une part de la tradition élamite, en Bactriane, où, pour résister aux peuples de la Grande Steppe, des rois grecs constituent un puissant État (vers 239 avant J.-C.).
À la même époque, un peuple scythe, qui prend le nom de Parthes de la Parthiène (ou Parthie, aujourd'hui Khorasan), où il s'installe, y forme, sous la dynastie des Arsacides, un royaume indépendant. Lors de sa grande expédition (212-204 avant J.-C.), le Séleucide Antiochos III doit se contenter de faire reconnaître sa souveraineté par les rois des Parthes et de Bactriane.
5. La domination parthe (iie siècle avant J.-C.-iiie siècle après J.-C.)

Les tentatives des Séleucides pour établir leur souveraineté sur les rois et dynastes locaux ne donnent que des résultats éphémères. Au milieu du iie siècle avant J.-C., l'Arsacide Mithridate Ier met la main sur la majeure partie de l'Iran et transforme la domination de sa horde en un véritable État conçu sur le modèle hellénistique.
Mais dans cet empire, l'hellénisation ne progresse plus guère, l'iranisme reprend le dessus et les principautés locales abondent. Cependant, si les Parthes ont dû abandonner l'extrémité orientale de l'Iran aux Tokhariens, maîtres de la Bactriane et de la vallée de l'Indus, ils ont étendu leur domination à la Mésopotamie, à partir de laquelle ils tenteront plus d'une fois de rééditer l'expansion achéménide vers l'ouest.
L'évolution politique et culturelle n'influe guère sur la civilisation matérielle. Malgré l'importance du commerce qui traverse l'Iran (dès l'époque parthe, au moins, la soie de Chine s'ajoute aux denrées traditionnelles), les villes et les monuments restent, en gros, cantonnés dans l'ouest de l'Iran. Les Séleucides se contentent de changer les noms des cités, et les Parthes placent leurs capitales de préférence en Mésopotamie.
6. L'Iran sassanide (224-651 après J.-C.)

6.1. Des Parthes Arsacides aux Perses Sassanides : une transition en douceur

L'époque sassanide
Comme les Achéménides, les Sassanides savent profiter de l'expérience de leurs devanciers, qu'ils n'écartent pas à tout prix des postes de responsabilité. Il n'y a pas rupture avec le passé, ainsi que l'atteste, tout au long du iiie siècle, la présence de la langue parthe, à côté du moyen perse. La grande inscription du roi Narsès (293-302) est encore rédigée dans les deux dialectes, parthe et moyen perse, et les Parthes y sont cités à de multiples reprises en compagnie des Perses. Aussi bien, dans le passage des Parthes Arsacides aux Perses Sassanides, il n'y a pas eu révolution, mais seulement changement de personnalités et de tendances. Le nouveau parti sait profiter d'une conjoncture exceptionnelle : désagrégation de la monarchie résultant de la sécession des satrapies (province gouvernée par un satrape) et de l'insoumission d'une partie de la noblesse, et faiblesse des Romains. Ainsi s'explique le succès des deux premiers Sassanides, Ardachêr (vers 226-241) et Châhpuhr Ier (241-272), dont les noms, au demeurant, sont parthes.
6.2. L'évolution religieuse : la domination du mazdéisme

Cependant, la Perse de cette époque fait partie d'un monde nouveau depuis que s'est étendu le christianisme, en Mésopotamie particulièrement, et que de nouvelles religions voient le jour en Iran, comme le manichéisme, ou y pénètrent, comme le bouddhisme à l'est, en Asie centrale. Il se produit là un fait nouveau, capital pour l'histoire religieuse de l'Iran : ce foisonnement de religions concurrentes et prétendant à l'universalisme conduira le zoroastrisme, ou mazdéisme, à s'organiser en une religion d'État puissante et hiérarchisée, et à se faire le persécuteur de ces religions étrangères. C'est la fin du monde iranien où la cohabitation des croyances était possible.
6.3. L'évolution culturelle : le passage de la tradition orale à la tradition écrite

Mais, au plan de la culture profane, l'Iran demeure toujours perméable aux apports étrangers. En dépit des persécutions religieuses inaugurées par le grand mage Kirdîr et poursuivies officiellement par l'appareil politico-religieux aux ive et ve siècles, on assiste en Iran, dans le domaine des lettres, à un phénomène d'importance majeure qui a pu se produire très probablement vers la fin de l'époque sassanide, aux vie et viie siècles, mais qui se prolongera bien au-delà dans les siècles suivants. Il s'agit du passage de la culture orale à la culture écrite. On sait, en effet, combien les Iraniens de l'Antiquité croyaient à la force des traditions orales. La rareté des documents historiques ou religieux, jusqu'à la fin de la période sassanide, en est la preuve. L'histoire de la Perse antique ne nous est connue qu'à travers les sources étrangères.
Mais, sous la pression des religions à écritures, et par l'effet du brassage des cultures au cœur même de l'Iran sassanide, qu'il s'agisse de la culture gréco-latine, arménienne, chrétienne (syriaque) ou indienne, les Iraniens, au cours d'une lente évolution, ont compris la nécessité de consigner par écrit leurs traditions, religieuses ou profanes. Ainsi la codification des textes sacrés de l'Avesta et la mise par écrit des commentaires en pahlavi ne se sont faites qu'à cette époque tardive, où les grands Khosrô encourageaient les lettres et les arts, voire plus tard. De même, la rédaction des premières épopées (Livre des Rois) en pahlavi, qui seront utilisées dans la littérature persane naissante, ou des recueils sapientiels (andarz), appartient à cette même époque. Cette transformation a conditionné tout l'avenir de la culture persane islamisée.
7. L'Iran arabe et turc

L'histoire des premiers siècles de l'Iran islamique est particulièrement mal connue. L'islam dut être, lentement, imposé par la force et par les contraintes économiques. La conquête systématique de l'Iran est entreprise sous le règne du deuxième calife Umar (634-644). La première révolte réussie est celle d'Abu Muslim du Khorasan.
7.1. Des Omeyyades aux Abbassides

La politique omeyyade (principe dynastique, domination d'une aristocratie arabe, système fiscal écrasant) avait mécontenté les Iraniens et une partie des Arabes. La révolte aboutit, en 750, à la chute des Omeyyades et à l'accession au trône d'Abu al-Abbas, fondateur de la dynastie abbasside.
Au contraire des Omeyyades de Damas, dont l'empire était centré sur d'anciennes provinces byzantines, les Abbassides de Bagdad subiront l'influence de la civilisation sassanide.
Pour en savoir plus, voir l'article Omeyyades
7.2. Des dynasties indépendantes

Mais, bien qu'ils aient régné nominalement cinq siècles sur Bagdad, les Abbassides n'ont dominé l'Iran que peu de temps, car, dès les premiers signes de faiblesse des califes, après la mort d'Harun al-Rachid en 809, des mouvements séparatistes s'y développent. C'est ainsi que dans l'Iran oriental se succèdent des dynasties indigènes pratiquement indépendantes : Tahirides(820-873), Saffarides (863-902), Samanides enfin (874-vers 999), qui, depuis Boukhara, dominent la Médie et dont l'importance est capitale dans l'histoire de la civilisation iranienne. Dans l'Iran occidental, plus proche de Bagdad, les califes conservent une certaine influence sur une mosaïque de dynasties locales, jusqu'à ce qu'au xe siècle la contrée soit unifiée par les Buwayhides (932-1055), qui seront assez puissants en 945 pour imposer leur suzeraineté aux Abbassides.
7.3. L'influence turque

C'est entre le viiie et le xe siècle que les Turcs sont progressivement islamisés, au contact des Iraniens musulmans avec lesquels ils commercent, et dont les dynasties les plus puissantes leur imposent parfois leur tutelle. À partir de la seconde moitié du xe siècle, la situation commence à se retourner : en 962, une tribu turque s'empare du royaume afghan de Ghazni ; elle se développe rapidement à l'est vers l'Inde, ainsi qu'à l'ouest.
Plus au nord, à la même époque, d'autres Turcs, les Seldjoukides, commencent à s'étendre, et bientôt occupent le Khorasan. Ils rejettent les Ghaznévides vers l'Inde en 1040, détruisent l'État buwayhide, entrent à Bagdad, où le calife les accueille en libérateurs (1055), et battent les Byzantins (→  bataille de Mantzikert, 1071). Après la débâcle byzantine, les Turcs s'engouffrent dans la brèche, et un nouveau royaume de culture turco-iranienne est fondé en Anatolie (Seldjoukides du sultanat de Rum).
Les croisades et la constitution d'États latins en Orient (→  États latins du Levant) provoquent le reflux, puis le déclin des Seldjoukides au profit des forces centrifuges de leur empire. C'est ainsi qu'au nord-est de l'Iran les Turcs iranisés du Kharezm, aidés par les Mongols Kara Kitay, se révoltent et, finalement, écrasent en 1194 les Seldjoukides, qui sont d'autre part rejetés en Asie Mineure par la dynastie ayyubide fondée par Saladin, et devenue la championne de l'islam contre les Francs.
Pour en savoir plus, voir l'article Seldjoukides.
8. L'Iran sous l'occupation des Mongols

8.1. Les Ilkhans

Au début du xiiie siècle, les Mongols de Gengis Khan, ayant écrasé les Kara Kitay, puis le Kharezm à la suite de l'assassinat des 450 marchands qu'il avait envoyés dans ce pays, occupent l'Iran à partir de 1220, détruisent le califat de Bagdad en 1258, mais sont arrêtés deux ans plus tard par les nouveaux sultans mamelouks d'Égypte.
Après la mort de Gengis Khan (1227), la partie centre-occidentale de son empire, de l'Amou-Daria et de l'Afghanistan à la Mésopotamie et à l'Asie Mineure, revient à Hulagu et à ses descendants (1251, en fait 1256-1258 à 1335), les Ilkhans.
Bien que convertie à l'islam à la fin du xiiie siècle, la dynastie des Ilkhans demeure plus subie qu'acceptée ; par ailleurs leur domination a de graves conséquences sociales et économiques : anéantissant villes et villages, ils accélèrent le processus de nomadisation, déjà amorcé depuis l'arrivée des Turcs, et portent ainsi un coup mortel à l'agriculture ; leurs rivalités avec les autres branches des descendants de Gengis Khan et bientôt leurs morcellements les affaiblissent au xive siècle. Le seul État solide est alors celui des Djalayirides, qui tiennent l'Iraq et le sud-ouest de la Perse, tandis qu'une dynastie indigène, celle des Mozaffarides, se rend indépendante au sud du pays.
8.2. Les Timurides et la « Renaissance timuride »

C'est alors qu'apparaît Timur Lang (Tamerlan). En quarante-cinq ans, de 1360 à 1405, il constitue, par la terreur, avec ses hordes turco-mongoles, un immense empire dont le centre est Samarkand, et qui ne lui survivra guère. Refoulés à l'ouest, une dizaine d'années après sa mort, les Timurides ne se maintiendront, en fait, que sur le centre et le nord de l'Iran, tandis que dans l'est diverses tribus luttent d'influence pour dominer l'ensemble du pays.
Si les Turco-Mongols, et spécialement les Timurides, n'ont jamais su bâtir en Perse un État relativement durable, ils ont joué un grand rôle dans l'élaboration d'une civilisation perse musulmane originale par rapport au reste de l'islam en matière littéraire (usage exclusif de la langue nationale dans la documentation) et surtout en matière d'art, par l'introduction de techniques et de thèmes extrême-orientaux. C'est ainsi que l'ornementation et l'enluminure s'ouvrent à un délicat art animalier et à mille représentations de la nature, sans équivalents dans le monde du Coran.
9. Les Séfévides

L'État séfévide
Après la mort de Timur Lang, les tribus turkmènes de l'Azerbaïdjan et de l'Anatolie s'affranchissent du joug timuride et fondent, dès la première moitié du xve siècle, la confédération des Karakoyunlu (« Mouton noir »). Mais, au milieu du xve siècle, Uzun Hasan, chef de la confédération rivale des Akkoyunlu (« Mouton Blanc ») [au nord du lac de Van], supplante le Mouton Noir (1468), impose sa domination à la Perse occidentale, sa sujétion à la Géorgie, et noue des relations avec les Italiens en mer Noire. Il est cependant battu par les Ottomans, qu'il menaçait, et ne peut résister à la montée rapide des Séfévides.
9.1. L'affirmation du chiisme

Depuis le xive siècle, la région d'Ardabil, en Azerbaïdjan, était soumise à des descendants du calife Ali, les Séfévides. À la fin du xve siècle, un de ceux-ci, le chah Ismaïl, élimine les Akkoyunlu, prend le titre de chah de Perse (1501) et constitue un vaste empire, s'étendant, vers 1510, de l'Iraq au Khorasan et de Bakou au golfe Persique, et dont la prospérité est grande (commerce de Tabriz, armes de Chiraz). Comme les Sassanides 1 250 ans avant lui, il s'appuie sur un véritable nationalisme iranien ; ne disposant pas, comme eux, d'une religion spécifiquement perse, il fait du chiisme la religion nationale.
9.2. Le péril ottoman

Mais la prospérité de la Perse, le caractère hérétique de sa religion incitent les Ottomans à attaquer les Séfévides, menacés d'autre part sur leur frontière du Nord-Ouest par les émirats turcomans. Vainqueur à Tchaldiran, Selim Ier enlève le Kurdistan (1514) au chah Ismaïl, qui s'empare, en revanche, de la Géorgie, peu avant sa mort en 1524. Sous son successeur, Tahmasp Ier (1524-1576), la lutte se poursuit dans un cadre élargi à la scène internationale, car les Habsbourg, aussi menacés que les Perses par le péril ottoman (défaite de Mohács, 1526), cherchent à prendre les Turcs à revers pour échapper à l'étreinte franco-turque, conséquence du rapprochement entre François Ier et Soliman le Magnifique. Ce dernier réussit d'ailleurs à s'emparer de la Mésopotamie (Bagdad, 1534), dont Tahmasp reconnaît la perte (paix d'Amasya, 1555) ; la Géorgie et l'Azerbaïdjan, berceau des Séfévides, sont à leur tour occupés par les Turcs. La Perse est désormais cantonnée sur le plateau iranien, sauf période exceptionnelle et de peu de durée.
9.3. Abbas Ier et l'apogée de la Perse séfévide



Ispahan, la Mosquée royale Mausolée dans les environs de Kerman
L'apogée de la Perse séfévide se situe pourtant au début du xviie siècle sous Abbas Ier (1587-1629). Après quelques revers initiaux, ce dernier renonce temporairement à lutter contre les Ottomans (traité de Constantinople, 1590), puis s'étend au nord-est, rejetant les Ouzbeks au-delà de l'Amou-Daria (1598) ; enfin, il va même jusqu'aux îles du golfe Persique. Il réorganise son armée avec l'aide de deux Anglais, Anthony et Robert Sherley, et y instaure un corps de renégats, à l'exemple des janissaires chez les Turcs. Il passe alors à la contre-offensive (1620-1621), prend Kandahar à l'est, et chasse les Portugais d'Ormuz au sud. Il s'attaque ensuite aux Ottomans et reconquiert l'Iraq avec Bagdad (1623-1624), mais pour peu de temps, car, dès 1638, le sultan Murad IV récupère définitivement la Mésopotamie.
Partout, Abbas Ier restaure l'ordre, reconstruit les ouvrages d'art, rétablit la sécurité sur les routes et réorganise les caravansérails aux étapes. Sédentarisant la dynastie, il est à l'origine de la splendeur d'Ispahan, dont il fait sa capitale.
9.4. Le déclin

La médiocrité de ses successeurs, Safi (1629-1642) et Abbas II (1642-1667), entraîne le déclin politique de l'Empire. Ceux-ci s'épuisent en vain en luttes stériles contre l'empire rénové des Köprülü, dans l'espoir de reprendre pied en Mésopotamie ou de s'étendre dans le Caucase. À l'autre extrémité de l'Iran, ils résistent difficilement aux entreprises des Afghans sunnites. Ces derniers progressent de façon décisive au début du xviiie siècle. L'émir Mir Mahmud de Kandahar, attaquant l'Empire séfévide dès 1709, s'empare d'Ispahan (1722) et prend le titre royal, mettant fin, en fait, à la dynastie séfévide.
10. Nader Chah, les Zends

La domination afghane sur la Perse ne dure guère. Un chef de bande des confins du Khorasan, Nader, occupe tout le Khorasan, s'empare de la Perse et, entrant à Ispahan, affecte d'y rétablir Tahmasp II (1730-1731), avant de déposer, en 1736, le dernier Séfévide, Abbas III (1732-1736), et de prendre la couronne pour lui, devenant ainsi Nader Chah (ou Nadir Chah) [1736-1747].
Les conquêtes de Nader Chah sont foudroyantes ; en quelques années, il récupère sur les Ottomans toute la Mésopotamie, l'Azerbaïdjan (1738) et l'Arménie. Au nord, il reprend aux Russes les provinces caspiennes, dont ils s'étaient emparés à la faveur de l'invasion afghane. À l'est, il soumet les Afghans (1738), après les avoir refoulés chez eux. Victorieux à Panipat (mars 1738), il pénètre en Inde, qu'il parcourt jusqu'à Delhi, rançonnant le Grand Moghol, et rapportant son trône en Perse sans annexer son empire. Il envahit alors le Turkestan et fait du khan de Boukhara un vassal. Mais il est assassiné (1747), et son État ne lui survivra pas.
Son neveu, Adel Chah (ou Adil Chah), perd l'Afghanistan, et son petit-fils, Chah Rokh, n'est plus que l'un des nombreux dynastes d'origines ethniques variées se disputant le territoire perse : descendants de Nader Chah dans le Khorasan, Turcs aux confins caucasiens, chefs de tribu iraniens dans le Lorestan et le Fars. L'un de ces derniers, Karem Khan (1750-1779), de la tribu zend, rétablit quelque temps l'unité de la majeure partie de l'Empire perse, de la Caspienne au golfe Persique. Il ne prend pourtant pas le titre de chah, mais celui, plus modeste, de wakil (régent). Bien que maître d'Ispahan, Karem Khan fixe sa capitale à Chiraz. Après lui, les Zends perdent toute puissance en quelques années.
11. Les Qadjars (1794-1925)

11.1. Agha Mohammad Chah et la fin de la puissance perse

L'un des chefs des Qadjars, tribu turco-mongole iranisée, Agha Mohammad Chah, les unifie et fonde la dynastie du même nom, qui subsistera jusqu'en 1925. Il fait de Téhéran sa capitale (1786) et se fait proclamer chah (1796). Vainqueur des Zends (1794), il s'empare d'Ispahan et de Chiraz (1795) ; en quelques mois, il ravage la Géorgie – coupable de soumission à Catherine IIde Russie – et conquiert le Khorasan, dont il élimine les successeurs de Nader.
Contre-attaqué par les Russes, il est assassiné alors qu'il se portait à leur rencontre (1797). Cet événement marque la fin de la puissance perse ; le pays va désormais être livré aux ambitions et aux convoitises rivales des Européens, notamment des Russes et des Anglais, dont le représentant, Malcolm, obtient pour son pays la liberté de commercer le long des côtes de Perse (1801). La rivalité des deux puissances préservera d'ailleurs le pays de la conquête coloniale, mais non de la dépendance politique et économique, jusqu'au xxe siècle.
11.2. Babisme, béhaïsme

En fait, la Perse qadjar, au xixe siècle, est un État en régression, où, à quelques exceptions près, les souverains ne jouent qu'un rôle sans grandeur, en face de l'aristocratie quasi féodale des seigneurs ruraux et de la classe sacerdotale des mollahs.
Les abus de ces derniers et le ritualisme formaliste qu'ils tendent à donner à l'islam favorisent, sous le règne de Mohammad Chah (1834-1848), les progrès rapides du babisme, que prêche le Bab à partir de 1843. Sa prédication appelle une religion épurée, dont les implications sociales, notamment une libération égalitaire de la femme, inquiètent vite les musulmans stricts. Aussi ses disciples, insurgés contre le jeune chah Naser al-Din (1848-1896), sont-ils écrasés et fusillés (1850). Le babisme n'en continue pas moins à s'étendre jusqu'à la répression de 1852.
Les survivants sont alors déportés en Mésopotamie ottomane, où leur prosélytisme reprend sous la forme neuve du bahaïsme : un nouveau prophète, disciple du précédent, Mirza Husayn Ali Nuri, dit Baha Allah, élabore en effet une nouvelle doctrine syncrétiste, se réclamant « des deux Testaments et des deux Corans », appelant en particulier à une sorte de pacifisme fraternel universel.
11.3. La pénétration européenne

Par ailleurs, l'histoire de l'Iran est dominée, au cours du xixe siècle, par le problème de la pénétration européenne. Sous le règne de Fath Ali Chah (1797-1834), la Russie se fera céder, après deux guerres (1804-1813 et 1826-1828), Bakou, le Daguestan, la Géorgie (1813) et l'Arménie (1828). L'Iran a fait appel à l'intervention de la France napoléonienne, qui prend le pays sous sa protection (accord du 4 mai 1807). Cependant, face à la Russie menaçante, l'Iran se rapproche de l'Angleterre, dont le représentant, Malcolm, revient à Téhéran (1808), fait fermer le pays aux Français (1809), mais garantit son intégrité contre la Russie (1809). L'Angleterre s'installe ainsi dans le golfe Persique et commence à regarder vers l'Afghanistan.
À plusieurs reprises, l'Iran tente d'exploiter l'affaiblissement de ce dernier pays pour s'y réimplanter ; chaque fois, notamment en 1837 et en 1856 (prise de Harat par les Perses), l'Angleterre l'arrête. Mais la Russie, à son tour, s'oppose aux entreprises anglaises. C'est ainsi qu'est signé l'accord de 1844, dit « de désintéressement », entre les deux puissances. En 1856, la Russie est paralysée par sa défaite de Crimée, et l'Iran de Naser al-Din(ou Nasir al-Din) se tourne de nouveau, à partir de 1860, vers la France pour contrebalancer l'influence britannique.
La rivalité anglo-russe s'exaspère à la fin du siècle, au fur et à mesure que s'étendent la domination des Anglais sur le nord-ouest de l'Inde et le Baloutchistan (1876), et celle des Russes sur le Turkestan (entre 1860 et 1884). La solution n'est trouvée que sous le règne de Mozaffar al-Din (ou Muzaffar al-Din) [1896-1907], dans le cadre de l'Entente cordiale franco-anglaise, qui nécessite un rapprochement anglo-russe : l'accord colonial du 31 août 1907 délimite les frontières de l'Iran et partage le pays en deux zones d'influence (Nord-Ouest aux Russes, Sud-Est aux Anglais) et une zone neutre centrale et occidentale.
À l'intérieur, Mozaffar al-Din a dû instituer, à la fin de son règne, un nouveau régime constitutionnel afin de satisfaire une opposition nationaliste mécontente de la pénétration étrangère, de l'arbitraire monarchique et de la corruption des fonctionnaires qui ruinent le pays. La politique absolutiste de son successeur, Mohammad Ali (1907-1909), provoque une révolution nationaliste qui contraint le roi à l'exil. Un enfant de 11 ans, Ahmad, lui succède, qui ne peut stopper l'invasion économique étrangère, britannique et russe surtout.
12. Les Pahlavis (1925-1979)

12.1. Reza Chah Pahlavi

Le créateur de la dynastie qui succède aux Qadjars est Reza Khan, chef d'un régiment de cosaques, qui, en se révoltant le 21 février 1921, impose d'abord un nouveau gouvernement, puis un nouveau régime en 1925 et se fait finalement couronner le 25 avril 1926 sous le nom de Reza Chah Pahlavi.
Sous son impulsion autoritaire, l'unité du pays est consolidée – la population est sédentarisée par la force –, des réformes sont entreprises grâce à l'augmentation des profits pétroliers, négociée en 1933 avec l'Anglo-Iranian Oil Company. Reza Chah choisit de donner une orientation pro-allemande à sa politique étrangère, mais, en 1941, l'URSS et la Grande-Bretagne occupant l'Iran, le chah est contraint d'abdiquer au profit de son fils, Mohammad Reza. L'influence russe et anglaise rappelle de fâcheux précédents historiques et suscite des troubles en 1945-1946, notamment au Kurdistan.
12.2. Mohammad Reza : nationalisme et occidentalisation

Mohammad RezaMohammad Reza
La renaissance d'un courant nationaliste est concrétisée par la fondation, en 1949, du Front national de Mossadegh (de son vrai nom Mohammad Hedayat), le clergé chiite et le parti Tudeh (communiste, créé en 1941) participant également à ce renouveau national.
En 1951, après l'assassinat du Premier ministre Razmara, Mossadegh est porté au pouvoir. En 1953, la nationalisation de l'industrie pétrolière provoquant des protestations anglaises, le chah démet son Premier ministre, recule un temps face à l'émeute mais, après un bref exil, fait juger et emprisonner Mossadegh, qui ne recouvrera la liberté qu'en 1956. Au terme d'un nouvel accord pétrolier, le consortium des compagnies rétrocède au chah 50 % des droits de la production. Avec la manne ainsi amassée, le souverain lance une politique de modernisation autoritaire et d'occidentalisation forcée, génératrice de bouleversements sociaux et économiques. Ses ambitions régionales, appuyées par une politique ambitieuse d'armement, provoquent l'opposition de ses voisins arabes.
En 1963, la « révolution blanche » – réforme agraire, nationalisation des forêts et des pâturages, vente des usines de l'État, distribution de 20 % des bénéfices aux ouvriers, droit de vote pour les femmes, lutte contre l'analphabétisme, pour l'hygiène et la reconstruction – suscite la colère du Bazar (la bourgeoisie commerçante), du clergé chiite et des grands propriétaires terriens. L'accaparement de la manne pétrolière par une minorité, la corruption, le libéralisme sauvage et l'urbanisation rapide favorisent l'opposition de gauche, rassemblée autour du parti communiste Tudeh, du mouvement des Moudjahidin du peuple (Moudjahidine-e Khalq, MEK, créé en 1965, et des libéraux du Mouvement pour la libération de l'Iran (MLI), créé en 1964 par Mehdi Bazargan.
12.3. L'orientation autoritaire du régime

Le régime se durcit alors : la Savak, police politique créée en 1958, et l'armée deviennent des instruments de gouvernement à part entière. Des révoltes éclatent dans le Fars, un embryon de guérilla urbaine s'installe, l'ayatollah Ruhollah Khomeyni, porte-parole d'un clergé qui se considère de plus en plus comme un contre-pouvoir, est emprisonné puis exilé (1964).
Malgré l'assassinat de son Premier ministre Ali Mansur en 1965, le chah maintient ses orientations. Fort de sa politique pro-américaine, ayant amélioré ses relations avec son ennemi traditionnel irakien (accord de 1967 sur l'exploitation conjointe de ressources en pétrole et en eau), s'étant également rapproché de l'URSS et des pays du Golfe, ayant amélioré ses richesses pétrolières grâce à de nouvelles négociations avec le consortium, le chah fait de l'Iran une puissance régionale. Il est solennellement couronné le 26 octobre 1967 : c'est l'apogée de la dynastie Pahlavi, dans un contexte cependant gros de tensions sociales, économiques – l'inflation est de 25 % – et politiques.
Alors que l'Iran confirme sa puissance dans la région – la frontière avec l'Iraq est modifiée unilatéralement en 1969, trois îlots du golfe Persique sont occupés en 1971 –, sur la scène intérieure, les tensions se multiplient. Des troubles agitent le Kurdistan ; des dirigeants du MEK sont exécutés ; en mai et en juillet 1972, des grèves et des affrontements opposent la police et les manifestants. Cependant, en 1973, le régime conclut de nouveaux accords encore plus avantageux avec le consortium pétrolier et poursuit, imperturbable, sa politique d'industrialisation et de modernisation, tandis que l'audience des religieux s'accroît.
Sourd à la contestation, le chah instaure, en mars 1975, un régime de parti unique, dit de la Résurrection nationale, et resserre l'étau politique. Deux ans après, en 1977-1978, l'Iran entre en ébullition. Les trois courants de l'opposition s'unissent : les partis marxistes, autour du Tudeh et des MEK, les libéraux, qui se réclament de l'héritage de Mossadegh, et les religieux, exaltés par les prêches sur cassettes de l'ayatollah Khomeyni, alors exilé en Iraq. Le 7 janvier 1978, c'est un article injurieux publié contre ce dernier qui met le feu aux poudres. Une marche de protestation, sévèrement réprimée, se solde par une centaine de morts. Dès lors, les manifestations, qui réunissent de plus en plus de protestataires, se déroulent rituellement tous les 40 jours, durée du deuil chiite. Parti de province, le mouvement gagne finalement Téhéran. L'ayatollah Khomeyni, expulsé d'Iraq, se réfugie alors en France. Le 8 septembre 1978, la loi martiale est proclamée, mais les manifestations, bien que très sévèrement réprimées, ne cessent pas. Le chah tente de sauver son régime en promettant des réformes et des mesures d'apaisement (libération des prisonniers, levée de la censure, augmentation des salaires). En vain. En novembre, l'émeute est générale, le départ du chah inévitable.
Pour en savoir plus, voir l'article Iran : la République islamique d'Iran depuis 1979.

 

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le royaume de France sous Louis XIV

 

le royaume de France sous Louis XIV

Cet article fait partie du dossier consacré à Louis XIV.
Le désir de grandeur de l'État, Louis XIV essaiera de l'accomplir par une politique de prestige et une suite de guerres de conquête. Le roi avait-il les moyens de mener à bien cette politique ? Pour répondre à cette question, il faut se demander quel était alors l'état de la France et quels étaient les instruments de gouvernement à la disposition du pouvoir.

La taxe par tête
Malgré les ravages occasionnés par la Fronde, la France en 1661 est un pays riche. L’historien Pierre Goubert écrit : « Le fait le plus caractéristique est l'augmentation des impôts dus aux guerres de Louis XIII et de Mazarin. Le montant des tailles des seuls pays d'élection passe de 20 millions en 1624 à 45 en 1635 et les impopulaires gabelles de 7 à 14 millions dans le même temps. Ce qui frappe le plus c'est l'extraordinaire richesse du royaume qui fut capable de supporter cela. Un tel effort n'affecta sérieusement ni l'équilibre financier, ni la balance des comptes, ni la solidité de la monnaie, la preuve en est qu'il ne fallut pas trois ans à Colbert pour mettre clarté et ordre dans les finances. »
1. La population

À une époque où le travail musculaire est l'énergie essentielle, la grande force du pays, c'est le nombre de ses travailleurs. Démographiquement, la France est le premier pays d'Europe avec 18 millions d'habitants environ, plus que tout l'Empire germanique, trois fois plus que l'Angleterre. Démographie stagnante, d'ailleurs, où les familles nombreuses, contrairement à la légende, sont rares. Les familles ont quatre ou cinq enfants en moyenne. Sur 100 enfants qui naissent, 50 n'atteignent pas l'âge adulte, 25 disparaissent entre vingt-cinq et quarante ans, 10 seulement deviennent sexagénaires.
Ainsi, à cause de la mortalité précoce, l'espérance de vie moyenne est seulement de vingt-cinq ans environ. Ce taux de remplacement voisin de l'unité est donc très fragile et à la merci d'une crise. Or, les crises démographiques sont alors fréquentes. Elles sont provoquées essentiellement par des famines dues à la cherté des blés, à la suite de mauvaises récoltes consécutives à des conditions climatériques défavorables.

La disette
Les épidémies diverses, appelées uniformément « pestes », ne sont que les conséquences des pénuries alimentaires. Au cours de ces crises (les plus importantes se situant en 1661-1664, 1693-1694 et 1709-1710), qui touchent principalement les catégories les plus pauvres, on voit le prix du pain tripler, les taux de décès quadrupler et les conceptions baisser d'autant. Puis, après l'élimination des faibles (vieillards, enfants malades), la récupération est aussi rapide que la récession, et les vides sont rapidement comblés, jusqu'à la prochaine crise qui rétablira de nouveau l'équilibre entre la population et les subsistances.
2. L'économie

2.1. Une économie de subsistance

Distribution du pain au LouvreDistribution du pain au Louvre
L'immense majorité des sujets du Grand Roi travaille à la terre ou en vit (85 % de paysans et 8 % de rentiers du sol). L'économie fondée sur les produits agricoles est une économie de subsistance caractérisée par la prédominance absolue de l'agriculture vivrière et des céréales, à cause des faiblesses de la production et des rendements. C'est le manque d'engrais qui en est responsable (inexistence des engrais chimiques et insuffisance du bétail).
Cette économie est paralysée par la médiocrité des échanges, causée par le mauvais état des routes, la forme de la monnaie et les douanes intérieures.
2.2. Le monde de la paysannerie

La société tout entière repose donc sur la paysannerie. Celle-ci, d'ailleurs, est loin de constituer un groupe homogène ; depuis les gros « fermiers de seigneurie » jusqu'aux simples « manouvriers », on trouve toute la gamme des situations allant de l'aisance à la plus grande indigence.
Cependant, sous Louis XIV, le sort de toutes ces catégories va plutôt en s'aggravant. Impôts et prélèvements de toutes sortes s'abattent sur tous les paysans : tailles et gabelles royales, droits seigneuriaux, dîmes ecclésiastiques, rentes à payer aux bourgeois propriétaires.
2.3. Prospérité des grands propriétaires terriens

En revanche, ceux qu'on peut appeler les rentiers du sol, eux, semblent prospérer. Au cours du règne, la rente foncière, surtout jusque vers 1680, ne cesse de monter. Les grosses propriétés terriennes sont en effet entre les mains de la noblesse, de l'Église, de la bourgeoisie des villes, qui, tous, depuis le xvie siècle, rassemblent les terres et constituent de grands domaines au détriment des paysans, de plus en plus endettés à cause des charges qui pèsent sur eux. Par exemple, dans la Brie, la noblesse possède deux cinquièmes des terres, le clergé un cinquième, la bourgeoisie urbaine un cinquième. Le cinquième restant est la propriété des paysans, divisée généralement en nombreuses parcelles, trop minces pour assurer la subsistance d'une famille.
2.4. Artisanat rural

Jean-Baptiste ColbertJean
La place de l'industrie et du commerce doivent – sans être minimisées – être comprises dans cette perspective et ces proportions, de même que l'action du ministre Colbert. L'artisanat urbain ne groupe en effet que quelques dizaines de milliers d'ouvriers. La masse la plus importante est rurale et constituée par de petits artisans-paysans qui y trouvent un salaire complémentaire indispensable. Ainsi, dans l'Amiénois, l'industrie rurale de tissage n'a cessé d'augmenter sous Louis XIV et, à la fin du règne, elle égale en importance l'industrie urbaine.
Cet essor de l'industrie rurale est particulièrement important à partir de 1680, époque précisément où la rentabilité de la terre diminue. Il démontre cependant que si l'industrie et le commerce sont quantitativement inférieurs à l'activité agricole, à laquelle ils sont d'ailleurs liés, leur rôle au point de vue de l'expansion économique est considérable. À côté d'une agriculture qui stagne, la croissance industrielle et commerciale du xviie siècle continue celle du xvie siècle et annonce le « décollage » du siècle suivant.
3. L'administration du royaume

C'est entre 1661 et 1672 que Louis XIV, aidé essentiellement de Michel Le Tellier et de Colbert, va rétablir l'ordre dans l'administration en s'efforçant de l'unifier et de la centraliser.
La monarchie absolue prend alors la forme qu'elle conservera jusqu'en 1789. Au moment de sa prise de pouvoir personnel, Louis XIV peut écrire : « Le désordre régnait partout. » Jugement sévère pour ses prédécesseurs, Richelieu et Mazarin. Le premier, il est vrai, a été handicapé par sa lutte contre la maison d'Autriche. La conduite de la guerre a désorganisé ses finances et ne lui a pas laissé le temps de mener à bien la remise en ordre de l'administration intérieure. À cause de la Fronde, il en a été de même pour Mazarin, qui a dû lui aussi se contenter d'expédients.
En 1661, il y a donc beaucoup à faire. Jusqu'en 1672, à part la « promenade » militaire que sera la guerre de Dévolution (1667-1668), le royaume bénéficiera de onze années de paix. C'est dans ce court laps de temps que les différents rouages de la machine gouvernementale seront réformés et perfectionnés.
3.1. Le gouvernement et l'administration centrale

L'organe essentiel en est le Conseil d'État (ou Conseil d'en haut), composé du roi et des ministres d'État.
La nouveauté essentielle, c'est la réforme des finances. Celles-ci sont dirigées par un Conseil royal des finances composé du roi, du chancelier, du contrôleur général (ce sera Colbert jusqu'à sa mort en 1683) et de deux ou trois conseillers d'État.

Louis XIV tenant les sceaux royauxLouis XIV tenant les sceaux royaux
La justice a pour chef le chancelier, qui est aussi garde des Sceaux. Cette dernière fonction lui permet d'être le lien entre le gouvernement et l'administration puisque tous les actes du roi doivent être scellés, publiés et expédiés par lui.
Les autres services publics sont répartis entre les différents secrétaires d'État : Guerre, Affaires étrangères, Maison du roi et le Conseil de la religion prétendue réformée, qui s'occupe de la question protestante jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes.
Il faut noter que l'Agriculture, l'Industrie, le Commerce, les Colonies, les « Affaires culturelles » sont rattachés au contrôleur général des finances, ce qui donne une idée de l'importance de Colbert.
3.2. L'administration des provinces

Les intendants sont choisis parmi les maîtres des requêtes du Conseil d'État. Ils reçoivent leurs ordres par le moyen du Conseil des dépêches, qui transmet arrêts et décisions.
Ce Conseil est composé du roi, du chancelier, des ministres et des secrétaires d'État. L'importance grandissante des intendants permet de comprendre l'aspect véritablement révolutionnaire du gouvernement de Louis XIV.
L'enjeu
Il s'agit en effet de savoir qui va administrer le royaume : des fonctionnaires royaux nommés et révoqués à volonté, agissant dans l'intérêt du roi, qui se confond avec les intérêts généraux du royaume, ou des corps d'officiers propriétaires de leur charge, irrévocables et héréditaires depuis le début du siècle (édit de la Paulette de 1604) et donc peu maniables, devenus des puissances provinciales ou locales très particularistes et représentant davantage les provinces et les intérêts particuliers en face du roi que le roi devant les intérêts particuliers et les provinces.
Les intendants
À cause de la vénalité et de l'hérédité des offices, le roi a perdu toute prise sur l'administration locale. C'est pourquoi, incapable de supprimer la vénalité en remboursant les officiers (titulaires d'un office), Richelieu avait tâché d'y substituer une administration nouvelle, celle des commissaires ou intendants (règlement d'août 1642).
À partir de 1666, l'intendant réside longtemps dans la même province et en administre une seule à la fois. Ses pouvoirs en matière de finances, de justice et de police sont très étendus et prépondérants : par exemple, il s'empare de l'administration financière (tout ce qui concerne la répartition de la taille) aux dépens des intérêts et des profits du puissant corps d'officiers qu'étaient les trésoriers de France, dont le rôle et l'importance diminuent considérablement. Les intendants iront même jusqu'à régenter et surveiller l'administration des villes.
La mise au pas des cours souveraines et du parlement
Grâce aux intendants, le roi essaie de faire exécuter sa volonté jusqu'au fond des provinces. L'institution des intendants est un instrument très souple qui, en temps de guerre ou de crise, s'empare de tous les pouvoirs appartenant encore aux officiers.
Des cours souveraines ou du parlement, Louis XIV – qui n'oubliera jamais leur attitude durant la Fronde – ne tolère aucune incartade ; elles doivent enregistrer les édits, tels quels et immédiatement, le droit de remontrances n'est toléré qu'ensuite. C’est par lettres patentes du 24 février 1673 que Louis XIV a enlevé au parlement de Paris le droit de remontrances préalables à l'enregistrement, qui permettait jusque-là aux parlementaires d'exprimer leurs doutes sur la légalité ou l'opportunité d'une ordonnance royale. En fait, cours souveraines et parlement sont exclus de la politique générale.
Paris
Le roi, pour la même raison, surveille particulièrement Paris ; il crée la charge de lieutenant général de police, qu'il confie en 1667 à Nicolas de La Reynie.

Les embarras de ParisLes embarras de Paris
Paris, avec 400 000 habitants environ, est une ville turbulente qui compte 40 000 mendiants et autant de domestiques. L'Hôpital général est créé en 1657, et on y enferme pêle-mêle indigents, vagabonds ou malfaiteurs. Les rues de la capitale sont éclairées et, pour la première fois, on peut y circuler de nuit sans craindre de s'y faire détrousser.
3.3. La bourgeoisie au détriment de la noblesse

Il faut remarquer que ministres, secrétaires d'État, fonctionnaires royaux sont presque toujours choisis dans la bourgeoisie, et dans ce qu'on appelle la noblesse de robe ou d'offices (acquise par l'achat de certaines charges), au détriment de la noblesse d'épée, dont ils encourent la haine ; il n'est que de lire Saint-Simon pour s'en convaincre : « Ce fut un règne de vile bourgeoisie », écrit-il du règne de Louis XIV.
Le roi donne lui-même la raison de cette politique dans ses Mémoires : « Il était important que le public connût, par le rang de ceux dont je me servais, que je n'étais pas en dessein de partager avec eux mon autorité. »
À la noblesse, frustrée de ses ambitions politiques, l'absolutisme aura l'habileté d'accorder des privilèges fiscaux et de laisser une grande prépondérance dans les décisions prises à l'échelon local, sans parler des pensions de toutes sortes ou des bénéfices ecclésiastiques donnés aux mieux en cour de ses membres.
4. La situation religieuse

Les affaires religieuses occupent une place importante durant le règne de Louis XIV et constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme – au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.
4.1. L'Église de France

Jacques Bénigne BossuetJacques Bénigne Bossuet
Avec l'Église de France, il n'y aura guère de problèmes. L'épiscopat – rangé derrière son « maître à penser », Bossuet – est tout entier soumis à son roi. Louis XIV a le souci, sauf exception, de ne nommer aux sièges épiscopaux que des prélats dignes et conscients de leurs devoirs. Il tient particulièrement à ce que ses évêques résident dans leur diocèse plutôt qu'à la Cour ; de tout le règne, aucun homme d'Église n'entrera dans son gouvernement.
Louis XIV donne en revanche aux évêques une grande autorité sur leurs prêtres. Par ses édits de 1695 et de 1698, il livre en fait ceux-ci à l'arbitraire épiscopal, situation qui accentuera au xviiie siècle le clivage entre les deux clergés.
4.2. Les questions conflictuelles

Envers les deux grands problèmes religieux du règne – le gallicanisme et les conflits avec Rome, ainsi que les rapports avec les protestants –, la politique suivie par Louis XIV aboutit à un échec total.
Il faut y ajouter l'inefficacité de sa politique antijanséniste, entamée dès 1661. Loin de réussir, la lutte de Louis XIV contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus (1713) – qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du xviiie siècle.
Le roi contre le pape
La crise du gallicanisme sous Louis XIV est le choc de deux absolutismes aussi intransigeants l'un que l'autre. Cette doctrine solidement implantée en France depuis la pragmatique sanction de Bourges de 1438, confirmée par le concordat de Bologne en 1516, était très favorable à l'autorité des rois de France. En gros, l'Église de France se considérait, pour l'administration de ses affaires intérieures, assez indépendante du pape.
Au xviie siècle, le renforcement de l'autorité de l'État va provoquer le conflit. Durant les trente premières années du règne personnel de Louis XIV, il y aura une tension constante entre Rome et Paris.
Dès 1662, l'affaire de la « garde corse » pontificale, qui attaque la suite de l'ambassadeur de France, met le feu aux poudres. Louis XIV s'empare un moment du comtat Venaissin et impose au pape Alexandre VII d'humiliantes réparations.
L'affaire de la régale (1678-1682)
La régale était un droit royal de percevoir les revenus de certains sièges épiscopaux vacants. En 1673, le roi déclare tous les évêchés assujettis à celle-ci. Sur cent trente évêques, deux seulement protestent, deux jansénistes – Nicolas Pavillon, d'Alet et Étienne François de Caulet, de Pamiers –, et font appel au pape. Innocent XI les soutient et, en 1680, parle d'excommunier le roi.
Au bord de la rupture
En 1681-1682, celui-ci convoque une assemblée générale du clergé, qui, sous l'impulsion de Bossuet, édicte quatre articles proclamant l'indépendance absolue des rois envers le pape pour les affaires temporelles et la suprématie du concile sur le pape. En représailles, Innocent XI déclare nulles ces décisions et refuse d'accorder l'investiture canonique pour pourvoir aux évêchés vacants.
Vers la fin de la crise (1689-1692)
En 1687, une nouvelle querelle à propos des privilèges de l'ambassade de France à Rome envenime la situation, et Louis XIV se dispose, un temps, à envahir les États du pape, avant de renoncer à imposer ses vues à Rome. La disparition d'Innocent XI, en 1689, facilite les choses, et Louis XIV, aux prises avec les difficultés de la ligue d'Augsbourg (→ guerre de la ligue d'Augsbourg), répudie complètement en 1692 l'édit de 1682 ; Rome triomphe.
Si le schisme n'a pas eu lieu, c'est que le concordat de 1516 donnait déjà au roi tous les avantages qu'il aurait retirés d'une Église nationale. De plus, il n'y a jamais eu simultanément à Rome et à Paris des adversaires résolus à aller jusqu'à l'irrémédiable ; enfin, la coalition européenne contre Louis XIV a dissuadé le roi de s'engager dans d'autres conflits.
4.3. La révocation de l'édit de Nantes

Envers les protestants, la politique suivie au xviie siècle ira de l’attitude pacificatrice et compréhensive d'Henri IV à l'intolérance de Louis XIV ; c'est la démarche inverse de celle de la papauté, qui ira, elle, de l'intolérance à la compréhension, autre cause de friction entre Paris et Rome. Quelles que soient les pressions exercées sur le roi, la révocation de l'édit de Nantes, signée à Fontainebleau en 1685, est une grande erreur politique. La responsabilité du clergé catholique, qui ne cesse de demander la fin du scandale causé par l'édit de Nantes, est prépondérante. Il faut y ajouter le poids d'une opinion publique travaillée par ses prêtres et portée à l'intolérance.
Le protestantisme après la paix d'Alès (1629)
Après la paix d'Alès en 1629, qui dépouille de tout pouvoir politique et militaire le protestantisme français, celui-ci a connu une période d'accalmie qui lui a permis de former un solide corps de pasteurs qui ont donné au peuple une conscience très vive de sa foi. Durant la Fronde (1648-1653), les protestants restent loyalistes, et certains, tel Samuel Bochart (1599-1667), se font même les champions de l'absolutisme royal.
L'ère des « dragonnades » (1681-1685)
Pourtant, il ne leur en sera pas tenu compte : à partir de 1661, les persécutions commencent, sournoises d'abord, puis violentes. De la campagne de propagande aux tentatives de séduction (il y a une caisse spéciale récompensant les conversions) et aux pressions sur l'élite sociale, c'est-à-dire sur la noblesse protestante, on en arrive dès 1681 aux « missions bottées » qui vont entraîner des abjurations massives. L'ère des « dragonnades » (persécutions exercées par les dragons envers les protestants) pourra commencer et, l'édit de Nantes révoqué, on pourra considérer officiellement, dès la fin de 1685, que les trois quarts des réformés ont abjuré.
Conséquences politiques et économiques
Mais cette politique se solde par un échec certain, et les conséquences politiques et économiques en sont désastreuses pour le royaume.
Tout d'abord, la plupart des conversions forcées ne sont pas sincères ; le pape lui-même désapprouve « le motif et le moyen de ces conversions par milliers dont aucune n'était volontaire ». Les protestants des Cévennes se révoltent en 1702 (révolte des camisards), et il ne faut rien moins, en pleine guerre de la Succession d'Espagne, qu'une armée commandée par Villars pour les réduire.
Surtout, l'émigration fait perdre à la France entre 200 000 et 300 000 sujets actifs. Si peu de paysans émigrent, l'élite bourgeoise part, et la France se voit privée de chefs d'industrie (surtout dans le textile), de banquiers, d'armateurs, d'artisans, qui vont renforcer la richesse de l'Angleterre, du Brandebourg, de la Hollande et des royaumes scandinaves. De plus, les armées des futures coalitions compteront dans leurs rangs nombre de valeureux officiers français (et surtout ces derniers soutiendront efficacement Guillaume d'Orange contre les tentatives de restauration des Stuarts).
Pour en savoir plus, voir les articles Louis XIV, révocation de l'édit de Nantes.

 

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