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CANADA - HISTOIRE

 

 

 

 

 

Canada : histoire
Jacques Cartier
Résumé

xe-xvie siècle : La découverte
Le premier peuplement du Canada est constitué par des tribus amérindiennes puis inuites. À la recherche du passage Nord-Ouest, Jean Cabot longe en 1497, le littoral terre-neuvien jusqu’au cap Breton. Au début du xvie siècle, le Florentin Verrazzano, au service de François Ier, baptise l’arrière-pays « Nouvelle-France ». La découverte s’amplifie avec les voyages de Jacques Cartier (1534, 1535-1536 et 1541-1542), qui remonte le Saint-Laurent jusqu’au site de Montréal.
xviie siècle : La colonisation de la Nouvelle-France
Champlain entreprend la colonisation de l’Acadie et fonde la ville de Québec (1608). Richelieu crée la Compagnie des Cent-Associés, chargée de coloniser le pays. Mais l’immigration est faible, et les Français et les Indiens qui leur sont alliés doivent faire face aux incursions des Iroquois. En 1663-1664, Louis XIV réintègre le Canada dans le domaine royal et le dote d’une nouvelle administration.
xviiie siècle : Le Canada britannique
Les Anglais (environ 100 000), établis sur la côte atlantique, se sentant menacés, attaquent les Français ; à l’issue de la guerre de Sept Ans (1756-1763), la France cède tout le Canada à la Grande-Bretagne (→ traité de Paris).
L’arrivée massive de loyalistes américains après l’indépendance des États-Unis provoque la création de la province du Nouveau-Brunswick (1784) et la division de la province de Québec en deux colonies : le Bas-Canada francophone (le Québec actuel) et le Haut-Canada anglophone (l’actuel Ontario), l’ensemble étant dirigée par la métropole britannique.
xixe siècle : Le Canada-Uni
La domination de cette dernière aboutit à la rébellion de 1837, qui, une fois matée, donne naissance en 1841 à une union forcée entre les deux provinces. Celle-ci évolue toutefois vers le schéma du dominion ou de la Confédération, avalisé en 1867 (et dont la Constitution sera finalement, symboliquement, rapatriée en 1982).
1867-1931 : Vers l'indépendance
Depuis, sans cesse étendu vers l’ouest et ouvert à l’immigration, le Canada, qui connaît une forte croissance agricole, minière, et industrielle, peut s’engager sur la voie d’une autonomie croissante envers la mère-patrie, ce qui ne l’empêche pas de contribuer à son effort de guerre lors de la Première Guerre mondiale. Le Canada acquiert sa véritable indépendance en tant que membre du Commonwealth avec le statut de Westminster de 1931.
De nos jours
Élément stratégique de l’Alliance contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie) pendant la Seconde Guerre mondiale, le Canada fait dès lors figure de second et partenaire du grand voisin américain, avec lequel il signe un accord de libre-échange en 1988, étendu au Mexique en 1992 (ALENA).
Les dividendes de la croissance des Trente Glorieuses permettent aux gouvernements libéraux du Canada de développer un État-providence, qui, malgré des remises en cause dans les années 1980 et 1990, demeure, avec le multiculturalisme instauré au même moment et la question du particularisme voire du séparatisme québécois que cette politique était censée résoudre, un des caractères identitaires d’une jeune nation toujours en formation – et en expansion.
1. Le régime français (xvie-xviiie siècle)

1.1. La découverte

Jacques CartierJacques Cartier
Le premier peuplement du Canada est constitué par des tribus indiennes, dispersées à travers d'immenses étendues du Pacifique à l'Atlantique. Dans le dernier quart du ixe s., des Irlandais chassés d'Islande se fixent sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent. Surviennent ensuite, au début du xie s., les Islandais du Groenland, sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador.
En 1497, Jean Cabot longe le littoral terre-neuvien jusqu'au cap Breton. Par la suite, à la recherche d'un passage de l'Atlantique au Pacifique vers les pays des épices asiatiques, surviennent des navigateurs portugais, espagnols, anglais et français. En 1524, voguant sous le pavillon de François Ier, le Florentin Verrazzano donne à l'hinterland nord-atlantique le nom de « Nouvelle-France ».
En 1534, Jacques Cartier, à la recherche d'un itinéraire nouveau vers l'Orient découvre le « pays de Canada ». Lors d'un deuxième voyage (1535-1536), il remonte le Saint-Laurent jusqu'aux lieux actuels de Québec et de Montréal. Faute d'y trouver des métaux précieux, une tentative de colonisation sous Cartier et Roberval reste sans suite. Un troisième voyage (1541-1542) est entrepris par Cartier, Roberval et « vingt hommes laboureurs », toujours pour rechercher une voie maritime vers la Chine. Dès lors, seuls les pêcheurs de morue et les traiteurs de fourrures visitent les eaux canadiennes.

Samuel de ChamplainSamuel de Champlain
En 1603, le premier voyage de Champlain s'effectue sous les ordres de François Gravé Du Pont (ou Dupont-Gravé).
1.2. Les débuts de la colonisation

En 1604, une première tentative de colonisation sérieuse est tentée en Acadie pour le titulaire du monopole commercial, Pierre du Gua, sieur de Monts. Champlain est le géographe du voyage. En 1608, celui-ci fonde Québec, qui reste, sous un régime de compagnies de commerce avec vice-rois, un comptoir de fourrures opposé à toute colonisation, mais d'où partent les missionnaires récollets et jésuites pour évangéliser les Indiens.
En 1627, Richelieu crée la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent-Associés, à qui il cède la propriété du pays avec monopole du commerce, à charge de le coloniser de Français catholiques. Prise par les Anglais en 1629, Québec revient à la France en 1632 par le traité de Saint-Germain-en-Laye.
Alors s'organise la première colonisation sous Champlain : des seigneurs, ou concessionnaires, reçoivent de vastes étendues de terre, dites « seigneuries », qu'ils doivent concéder à des censitaires. Faute de capitaux et d'émigrants, la colonisation languit, malgré la contribution des communautés religieuses et les fondations de Trois-Rivières (1634) et de Ville-Marie (1642), devenue par la suite Montréal.
Une petite population de 300 âmes ose fonder une société d'exploitation de la traite des fourrures, seul soutien économique du pays. De cette communauté des habitants sort le Conseil de Québec, qui, élu par le peuple, administre la finance et le commerce. Mais le pays doit subir pendant des années la guérilla des Iroquois, dressés contre les Français et les Hurons, dont l'alliance élimine leur rôle d'intermédiaires de la traite entre les tribus de l'Ouest et les Hollandais de Manhattan (→ New York).
1.3. Organisation et mise en valeur de la Nouvelle-France de 1660 à 1713

Louis XIV, Colbert et Jean Talon
La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713
Devant la détresse de la colonie, qui s'aggrave de la ruine des Cent-Associés et d'une querelle politico-religieuse au sujet de la vente de l'alcool aux Indiens, Louis XIV, sur les conseils de Colbert, confie le monopole du commerce canadien à une nouvelle société, celle des Indes occidentales (→ Compagnie française des Indes occidentales ; il réintègre le pays dans le domaine royal (1663) et le dote d'une nouvelle administration, avec gouverneur, évêque et intendant, assistés d'un conseil souverain investi de quelques fonctions politiques. Il dépêche le régiment de Carignan-Salières, qui force les Iroquois à signer une paix qui durera près de vingt ans.
Pour favoriser le peuplement, Colbert fait partir chaque année des émigrants – artisans et agriculteurs –, ainsi que des « engagés » pour trois ans, qui prennent ensuite des terres. De son côté, l'intendant Jean Talon se révèle un organisateur de génie, convertissant en « habitants » une partie des soldats du roi et faisant venir de France de nouvelles épouses pour les célibataires, concédant de nouvelles seigneuries, assistant les colons, distribuant des allocations aux familles nombreuses, important des animaux domestiques, des plantes (fruits et légumes), recrutant des artisans de tous métiers, activant l'agriculture, les pêcheries et la petite industrie.
Produisant bientôt de quoi se nourrir et se vêtir, la colonie passe en vingt ans de 2 000 âmes en 1660 à 10 000 en 1680. C'est à partir du Saint-Laurent que se fait la colonisation. Chaque exploitation est « en devanture » du fleuve et s'étend plus ou moins en profondeur selon la progression des abattis : c'est le « rang ». À la fin du régime français, les rives du Saint-Laurent étant presque entièrement occupées, on ouvre les seconds rangs, plus éloignés de l'eau et accolés au chemin.
Après l'arrêt de l'immigration systématique, la Nouvelle-France progresse lentement, l'agriculture constituant sa base économique. D'une contrée fertile et libre, le colon tire blé, fruits, légumes, bois, gibier et poisson, et, ne payant ni gabelle ni taille, il vit « plus heureux que ce qu'on nomme en France les bons paysans ». Le pays bénéficie de la traite des fourrures, métier dur qu'exercent les coureurs des bois, en canot d'écorce en été et les raquettes aux pieds en hiver.
En même temps se poursuit l'exploration de l'intérieur du pays : Denys de Saint-Simon remonte le Saguenay (1671) ; Perrot explore la région du lac Supérieur (1672) ; Du Luth visite le pays du haut Missouri (1680) ; Joliet atteint le Mississippi (1673), et La Salle, descendant ce fleuve, découvre la Louisiane (1682). Un nouveau gouverneur, Louis de Buade, comte de Frontenac, a su durant cette période maintenir la paix avec les Indiens.
Un territoire convoité
Établie sur les deux rives du Saint-Laurent, de Québec à Montréal, avec un hinterland s'étendant du Labrador au Mexique, la Nouvelle-France vit en partie repliée sur elle-même, quand les Iroquois déclenchent une nouvelle guerre de la fourrure (1684), à laquelle s'ajoute la guerre de la ligue d'Augsbourg. Frontenac repousse devant Québec l'escadre britannique de Phipps (1690), et le Canadien Le Moyne d'Iberville conquiert la baie d'Hudson (1697). Le traité de Ryswick 1697) laisse intacte la colonie, et les Iroquois signent (1701) une paix qui se prolongera quarante ans.
La guerre de la Succession d'Espagne rouvre les hostilités au Canada, mais les deux tentatives d'invasion de Walker par mer et de Nicholson par terre échouent en route (1711).
Il en est autrement de l'Acadie, la petite colonie de l'Atlantique. Toujours négligée, elle s'est quelque peu organisée sous Razilly et Menou d'Aulnay (1632-1650), avec une population agricole de 500 âmes. Conquise et rétrocédée trois fois par les Anglais, dont elle barre la route des pêcheries de Terre-Neuve, elle est prise de nouveau en 1710 et cédée à l'Angleterre par le traité d'Utrecht (1713). Pour garder l'entrée du Saint-Laurent, la France s'établit alors sur l'île du Cap-Breton, y bâtissant la forteresse de Louisbourg, bastion du Canada et port d'escale des flottes de guerre et de pêche.
1.4. La fin du régime français (1713-1763)

Une faible immigration
Après le traité d'Utrecht, la Nouvelle-France profite d'une longue et fructueuse période de paix. Le prix des fourrures subissant une forte baisse, l'agriculture connaît un essor rapide et considérable. Tous les objets manufacturés – draps, toiles, outils, vaisselle, quincaillerie – viennent de France, les importations se chiffrant à une moyenne de 2 millions de livres par an. L'exportation consiste en pelleterie, bois de construction, goudron, chanvre et lin. Elle reste presque toujours inférieure à l'importation. Exploitant une mine de fer, les forges de Saint-Maurice fabriquent des ustensiles, des poêles et des boulets. Un chantier naval construit, à la fin du régime, des navires et même des frégates.
Mais la Nouvelle-France manque de bras pour exploiter son immense domaine, que les explorations de La Vérendrye et de ses fils ont étendu jusqu'aux Rocheuses (1731-1743). L'immigration a pratiquement cessé dès le début des guerres de Louis XIV contre l'Europe coalisée. En soixante ans (1680-1740), il ne viendra qu'environ 5 000 immigrants. Seul le croît naturel a permis au pays de grandir, passant de 16 000 âmes au début du siècle à 70 000 à la fin du régime français.

Mort de Montcalm de Saint-VéranMort de Montcalm de Saint-Véran
En face de cette faiblesse, les colonies anglaises, fortes de 1 500 000 hommes, supportent mal d'être endiguées par la frontière canadienne, qui leur ferme la route de l'intérieur. La guerre de la Succession d'Autriche leur permet de s'emparer de Louisbourg, qui sera restitué à la France par le traité d'Aix-la-Chapelle (1748).
La conquête anglaise
Bientôt survient la guerre de Sept Ans, et l'Angleterre décide de conquérir à tout prix le Canada. Trois ans de suite, Montcalm arrête l'attaque par des victoires, notamment au fort Carillon (1758), mais, devant la flotte de Saunders et les soldats de Wolfe, l'armée française est vaincue aux plaines d'Abraham (1759) ; les deux commandants trouvent la mort dans la bataille. La victoire de Lévis à Sainte-Foy, l'année suivante, est inutile, et la Nouvelle-France doit capituler à Montréal le 8 septembre 1760. Le traité de Paris la cède définitivement à l'Angleterre en 1763.
Dans l'intervalle, l'Acadie est devenue la Nouvelle-Écosse (1713). L'occupation anglaise s'y réduit à la garnison et aux habitants de Port-Royal (rebaptisé Annapolis Royal), la population du pays se composant de 2 000 Acadiens, presque tous agriculteurs. Lors de la guerre de la Succession d'Autriche, la France tentera sans succès de reprendre son ancienne colonie (1746).
Pour mieux se protéger, l'Angleterre fonde Halifax (1749), où elle installe d'un seul coup 2 500 émigrants. En 1755, Londres veut exiger de ses sujets acadiens, maintenant au nombre d'environ 16 000, un serment d'allégeance sans restriction, c'est-à-dire sans l'exemption du service militaire contre la France. Ils refusent inébranlablement. Alors le gouverneur Lawrence fait embarquer pêle-mêle, sans souci des liens de famille, tous ceux que la troupe peut saisir, environ 6 000 personnes, avec ordre de les disperser dans les colonies américaines, du Massachusetts à la Géorgie. Le reste de la population réussit à s'enfuir à travers le pays. C'est l'épisode du « grand dérangement ». Les terres sont distribuées à des colons anglais. Trois ans plus tard (1758), la Nouvelle-Écosse est dotée d'une Assemblée législative, devenant ainsi la première province canadienne à posséder le régime parlementaire.
2. Le régime anglais

2.1. Les débuts du régime anglais (1763-1837)

L'Acte de Québec
Après le traité de Paris, la proclamation royale du 7 octobre 1763 partage la Nouvelle-France. Les îles du Cap-Breton et du Prince-Édouard sont rattachées à la Nouvelle-Écosse. La vallée du Saint-Laurent, de Gaspé au lac Nipissing, forme la province de Québec, et le reste du pays, au nord et à l'ouest de l'Ottawa (ou Outaouais), constitue un territoire de chasse interdit à la colonisation, tandis que les terres de la baie d'Hudson demeurent la propriété de la compagnie de fourrures du même nom, à laquelle l'Angleterre les a concédées en 1670.
Dans la province française, grâce à la largeur d'esprit de Londres et surtout des deux premiers gouverneurs, James Murray (de 1763 à 1768) et Guy Carleton, baron Dorchester (de 1768 à 1778), les Canadiens obtiennent le libre exercice de leur religion et l'usage de leur langue. Leur première loi constitutionnelle, l'Acte de Québec (22 juin 1774), leur rend ensuite les anciennes lois françaises, tout en maintenant le droit criminel anglais. Le gouvernement est confié à un gouverneur, assisté d'un conseil législatif où, exemptés des serments antipapistes, siègent des Canadiens français et catholiques.
La révolution des colonies américaines
À ce moment, où la population anglaise n'atteint pas 1 000 âmes, éclate la révolution des colonies anglaises d'Amérique, dont les armées envahissent le Canada sous Montgomery. Des Anglo-Canadiens les appuient de leur influence, réussissant à recruter quelques centaines de partisans québécois, mais l'élite française et le clergé se rangent aux côtés de leur nouvelle mère patrie, les miliciens de Québec prenant leur part à la défaite de Montgomery sous les murs de la ville (1775). En définitive, c'est le loyalisme canadien-français qui garde la colonie à l'Angleterre.
À la suite du traité de Versailles (1783), qui reconnaît l'indépendance des États-Unis, il se produit une nombreuse émigration au Canada de « loyalistes », c'est-à-dire de colons américains restés fidèles au drapeau britannique. 16 000 à 17 000 d'entre eux s'établissent dans le Québec, le long du haut Saint-Laurent et du lac Ontario, et réclament sans tarder les lois anglaises et les institutions parlementaires. Se rendant à cette demande, Londres, par l'Acte constitutionnel du Canada (10 juin 1791), divise le territoire laurentien en deux, la province française du Bas-Canada, qui va du Labrador au lac Saint-François, et la province anglaise du Haut-Canada, qui s'étend du lac Saint-François aux territoires de la baie d'Hudson. Chaque province reçoit un régime parlementaire comprenant, sous un gouverneur, un Conseil exécutif, responsable devant le seul gouverneur, un Conseil législatif, nommé par le roi, et une Assemblée législative élue par le peuple. Chaque élément se trouve maître chez lui, avec cette différence que, dans le Bas-Canada, si le peuple est français, avec une majorité dans l'Assemblée, l'Administration et le haut commerce sont anglais, avec une majorité de représentants dans les Conseils exécutif et législatif.
Quant à la Nouvelle-Écosse, elle a vu affluer sur son territoire plus de 25 000 loyalistes, pendant qu'un autre contingent de 15 000 s'est fixé le long de la rivière Saint-Jean, sur la rive nord de la baie de Fundy. D'autres groupes, moins nombreux, ont pris des terres, les uns dans l'île du Cap-Breton et les autres dans l'île du Prince-Édouard. À la suite de cette immigration, Londres crée (1784) deux nouvelles provinces : celle du Nouveau-Brunswick et celle de l'île du Cap-Breton, rattachée dès 1820 à la Nouvelle-Écosse, et accorde à chacune des institutions parlementaires.
Les provinces canadiennes sont peuplées, au début du xixe s., d'environ 430 000 hommes, ainsi distribués : Bas-Canada, 250 000 ; Haut-Canada, 70 000 ; Nouvelle-Écosse, 65 000 ; Nouveau-Brunswick, 35 000 ; île du Prince-Édouard, 9 000 ; île du Cap-Breton, 2 000. Leur grande et presque unique occupation est l'agriculture, qui suffit à leur alimentation, mais leur commerce – fourrures, bois et pêche – s'accroît d'année en année.
La guerre de l'Angleterre contre les États-Unis et l'afflux d'immigrants
La guerre de 1812 entre l'Angleterre et les États-Unis fait alors du Canada un champ de bataille : les victoires de Brock à Queenston Heights (1812), de Salaberry et des Canadiens français à Châteauguay (1813) et de Morrison et de ses troupes (les « réguliers ») à Crysler's Farm (1813) libèrent le pays des invasions américaines jusqu'au traité de Gand, qui rétablit la paix (1814). Cette guerre a été aussi une nouvelle occasion pour le Bas-Canada de prendre position en faveur du régime anglais.
La fin des guerres napoléoniennes permet de diriger sur le Canada une émigration militaire à laquelle les autorités accordent des terres et des provisions. Quelques années plus tard, le passage de l'agriculture à l'élevage et l'introduction du machinisme en Angleterre déclenchent des exodes massifs vers les provinces canadiennes : environ 120 000 émigrants entre 1827 et 1832. Cette main-d'œuvre sert à pousser la construction de nombreux canaux, dont le canal Rideau, reliant Ottawa à Montréal, et le canal Welland, joignant les lacs Ontario et Érié. L'amélioration des transports active la colonisation et la production agricole, qui provoquent de leur côté, aux points stratégiques des échanges, la formation de petites villes, bientôt pourvues d'industries locales. En 1832, la population de tout le pays s'élève à 1 400 000 personnes.
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de l'Indépendance américaine.
2.2. Les rébellions de 1837

La situation politique se complique dans presque toutes les provinces. Leurs gouvernements représentatifs ne sont pas encore responsables devant le peuple. Ce régime paraît bientôt insuffisant en raison des antagonismes de classes et d'intérêts. Le monde politique s'est divisé : d'un côté s'est formé un parti populaire, comprenant la majorité des députés et de la population, qui réclame des réformes et une participation plus efficace dans la direction des affaires publiques ; en opposition s'est dressé le parti du statu quo, que constituent, autour des gouverneurs des provinces, les Conseils exécutif et législatif, appuyés par le haut commerce et les notables locaux.
William Lyon Mackenzie
Dans le Haut-Canada, la lutte s'engage entre les réformistes, représentant l'élément populaire, et le Pacte de famille, unissant les hauts fonctionnaires et les principaux négociants, à propos des terres publiques réservées à l'Église anglicane ou concédées aux favoris du régime. Menée par Bidwell, Ralph, Baldwin et surtout William Lyon Mackenzie, la lutte dure des années, visant à imposer la suprématie de l'Assemblée législative. Sur le point de toucher au but, le parti populaire est défait par l'intervention autocratique du gouverneur, sir Francis Bond Head. Désespérant de triompher par la voie constitutionnelle, Mackenzie lève l'étendard de la révolte, en décembre 1837, et marche contre Toronto, capitale de la province. Partout, les rebelles sont battus : 23 sont exécutés et 83 exilés en Australie.
Louis Joseph Papineau
Dans le Bas-Canada, les rivalités politiques sont plus complexes encore : 120 000 Français catholiques, en majorité de la classe paysanne, s'opposent à 10 000 Britanniques protestants, détenteurs de la finance et du commerce. L'élément français domine complètement dans l'Assemblée législative, tandis que le camp adverse possède la majorité dans les Conseils exécutif et législatif.
Sous la direction de Louis Joseph Papineau, chef du « parti canadien », élu en 1815 président de l'Assemblée de Montréal, la lutte s'engage autour des crédits budgétaires, dont la Chambre réclame la libre disposition, que lui refusent le gouverneur et la majorité anglaise des conseils, surnommée la « clique du château ».
La répression de lord Durham
Quant à l'Angleterre, elle n'est pas encore prête à reconnaître à une colonie le droit de se gouverner elle-même en dehors des instructions des gouverneurs. La lutte s'exacerbe. Lorsque le gouverneur refuse en 1834 de tenir compte des 92 Résolutions, formulées contre les abus du régime, et quand Londres autorise le même gouverneur à disposer des deniers publics sans l'assentiment de la Chambre, Papineau et ses « patriotes » déclenchent une campagne de boycott économique et d'insurrections armées. Le gouverneur Gosford ordonne l'arrestation des chefs, et la révolution éclate (1837). Après une première victoire, les rebelles sont écrasés.
L'Angleterre suspend la Constitution provinciale et dépêche un gouverneur, lord Durham, revêtu de pouvoirs dictatoriaux. Ce dernier exile huit chefs patriotes, mais sa décision est désavouée par Londres. Durham rentre en Angleterre et de nouveaux soulèvements se produisent, qui sont suivis de l'exécution de douze rebelles.
2.3. Les progrès de l'autonomie et du régime parlementaire (1838-1867)

Le Canada-Uni
Après l'échec des deux rébellions, lord Durham présente au ministère un rapport, où il recommande l'anglicisation de l'élément français en assurant la supériorité à l'élément britannique. Il préconise l'établissement d'un gouvernement responsable devant le peuple pour les questions provinciales. À la suite de ce rapport, le Parlement britannique dote le pays d'une nouvelle Constitution, l'Acte d'union de 1840, entré en vigueur en 1841.
Cette loi organique unit le Haut-Canada anglais et le Bas-Canada français en une seule province, le Canada-Uni, avec un gouverneur, nommé par le roi, un Conseil législatif, nommé de même, et une Assemblée législative élue par le peuple. L'exécutif est confié à un conseil de huit députés choisis par le gouverneur, mais sans responsabilité devant la Chambre. Pratiquement, tout le budget relève du vote de la législature. Instrument d'anglicisation, la Constitution accorde à chaque province un nombre égal de députés, quoique la province anglaise soit nettement moins peuplée que la française. En outre, elle ne reconnaît plus le français comme langue officielle.
Cette nouvelle forme de gouvernement marque pourtant un progrès sur l'ancienne Constitution, où dominait le gouverneur. Les anciens réformistes s'empressent de l'utiliser pour l'obtention d'un gouvernement responsable devant la législature. Bientôt, afin d'assurer la stabilité de l'Administration, les gouverneurs doivent graduellement choisir des conseillers exécutifs soumis aux dictées de la Chambre. En moins de huit ans, sous la direction de Louis Hippolyte Lafontaine et de Robert Baldwin, le gouverneur James Bruce, comte d'Elgin, avec l'approbation du secrétaire britannique aux Colonies, lord Grey, reconnaît officiellement le principe de la complète responsabilité du ministère devant l'Assemblée législative. Dès lors (1848), tout en conservant une influence considérable, les gouverneurs du Canada président l'Administration, mais ne la dirigent plus.
Les Provinces maritimes rencontrent les mêmes problèmes que les Provinces canadiennes. Après la prospérité que lui apporte la guerre de 1812, la population grandissante revendique une plus grande participation à l'administration des affaires publiques. Sous la direction de Joseph Howe, la Nouvelle-Écosse réussit graduellement à étendre le champ d'action de la législature, si bien que, en 1848, sans coup de force, elle est la première province à posséder le plein régime parlementaire. Au Nouveau-Brunswick, la lutte pour l'extension des droits de l'Assemblée se fait par étapes. Le premier ministère responsable ne se forme qu'en 1852. Dans l'île du Prince-Édouard, où sévit l'absentéisme des grands propriétaires, le citoyen s'intéresse plus à la question des terres qu'à la réforme parlementaire. L'évolution politique progresse lentement, et la responsabilité des ministres devant la Chambre ne sera reconnue qu'en 1851. Dans le Canada-Uni, une des premières initiatives parlementaires est d'obtenir la restauration du français au rang de langue officielle (1848).
Expansion économique et démographique
À ce moment s'ouvre pour le pays une période de prospérité. La construction des grandes routes, des chemins de fer et des canaux fait monter les salaires. À l'occasion de la guerre de Crimée (1854), le prix du blé double et la valeur des terres s'accroît, grâce également au traité de réciprocité commerciale avec les États-Unis (1854).
La sécularisation des terres du clergé protestant dans le Haut-Canada et l'abolition de la tenure seigneuriale dans le Bas-Canada décuplent la colonisation. L'abondance du travail et les terres bon marché attirent des vagues d'émigrants (57 000 dans la seule année 1857). Les campagnes se peuplent et la production agricole double. Les villes grandissent, où viennent s'installer de nombreuses manufactures.
Dans les Provinces maritimes se développent spécialement les pêcheries et la construction des navires. La population totale des cinq provinces passe de 2 382 000 en 1851 à 3 169 000 en 1861. Toutefois, les provinces qui se partagent le territoire canadien restent isolées, constituant chacune une colonie indépendante des autres.
2.4. Vers l'Union

Cependant, le rapide progrès du pays finit par se ralentir : l'arrêt des grands travaux publics, la baisse du prix du blé et la dénonciation du traité de réciprocité américain amènent un bouleversement des marchés, provoquant bientôt une crise économique, entre 1860 et 1870.
Devant le marasme des affaires, les Provinces maritimes, mécontentes du traité de réciprocité qui a ignoré leurs pêcheries, ainsi que de l'abandon du projet canadien d'un chemin de fer interprovincial, songent à former une union politique qui leur assurerait une économie des services publics et une extension des marchés.
Dans l'intervalle, l'union des deux provinces canadiennes, loin d'amener l'assimilation de l'élément français par l'élément anglais, a, au contraire, renforcé l'influence française, grâce à la plus grande cohésion de ses représentants. Dans chaque province, avec l'apparition de questions régionales, les députés se divisent en plusieurs partis, dont les programmes se compliquent de l'opposition de religion et de langue. Cet état de choses rend bientôt impossible toute stabilité gouvernementale : les ministères ne se maintiennent que peu de temps, à l'aide de compromis et de tractations. Il en résulte une véritable stagnation politique, aggravée par la menace d'une invasion des États-Unis, par la crise économique, les difficultés financières des chemins de fer et la fermeture du marché américain.
Alors se formule le projet d'une union des cinq provinces, union qui doublerait les forces militaires, décuplerait le volume des échanges et construirait une patrie plus grande, plus riche et plus forte.
C'est ce projet que les délégués du Canada présentent au congrès des Provinces maritimes en septembre 1864. Leur plaidoyer reçoit l'assentiment général et, un mois plus tard, les mêmes délégués élaborent le plan de constitution de la future Fédération canadienne. Après des hésitations, la Grande-Bretagne se rallie au projet. Son adoption ne se fait pas sans difficultés : l'île du Prince-Édouard refuse d'y participer, et le Nouveau-Brunswick s'y oppose par un vote populaire. Mais Londres et le Canada-Uni, l'un par pression administrative et l'autre par l'usage des fonds secrets, obtiennent les adhésions nécessaires, aidés, d'ailleurs, par la dénonciation du traité de réciprocité américain et par l'invasion du Canada (1866) par des insurgés irlandais, les Fenians (→ Fraternité républicaine irlandaise). Finalement, la réunion des délégués des provinces à Londres, en décembre 1866, règle les termes de la fédération, et le Parlement britannique en fait l'objet d'une loi, qui, votée le 29 mars 1867 et promulguée par la reine Victoria, prend effet le 1er juillet suivant.
3. Un siècle de croissance et d'expansion

3.1. La Confédération canadienne

Sous le titre d'« Acte de l'Amérique du Nord britannique », la loi de 1867, qui forme la Constitution canadienne, crée un nouvel État, la Confédération du Canada, unissant les quatre provinces du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Haut-Canada (l'Ontario) et du Bas-Canada (le Québec). Elle reconnaît à cet État son autonomie intérieure et l'usage de l'anglais et du français, et répartit les pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Expansion territoriale
La nouvelle fédération n'embrasse pas tout le territoire canadien. À l'ouest de l'Ontario, la terre de Rupert appartient depuis 1670, par concession de Charles II, à la Compagnie de la baie d'Hudson et englobe tout le bassin hydrographique de la baie de ce nom.
Au-delà de ce domaine se situent, exploités à bail par la même compagnie, les Territoires du Nord-Ouest, qui s'étendent jusqu'aux Rocheuses. Ces deux régions sont uniquement des pays de chasse à la fourrure, malgré la fondation, en 1811, par lord Selkirk, d'une petite colonie agricole au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. L'établissement progresse avec lenteur, quand le Canada, ayant acquis par achat toute la région (1869), érige cette petite colonie de la Rivière-Rouge en province du Manitoba, qui, après un bref soulèvement des métis anglais et français dirigés par Louis Riel, se joint à la Confédération canadienne (1870). En 1885, Louis Riel, revenu d'exil pour se mettre à la tête d'une nouvelle révolte des métis dans le district de Saskatchewan, sera vaincu et exécuté.
Quant au territoire à l'ouest des Rocheuses jusqu'au Pacifique, découvert par les Espagnols (1774), reconnu par Cook (1778) et revendiqué par Vancouver (1792), il s'est faiblement peuplé autour des deux centres de Victoria et de Vancouver. Constitué en province sous le nom de Colombie-Britannique, il s'unit à son tour, en 1871, au Canada fédéré. Finalement, jusque-là récalcitrante, l'île du Prince-Édouard suivra cet exemple en 1873.
Sir John Alexander Macdonald
Englobant tout le territoire de l'Atlantique au Pacifique et groupant 3 millions d'habitants, le Canada, sous la direction du ministère conservateur John Alexander Macdonald (avec un intermède libéral de 1874 à 1878), se met résolument à l'œuvre. Il construit un réseau de chemins de fer qui, reliant Montréal à Halifax et Vancouver, ouvre toutes les provinces à la colonisation et à l'expansion économique. En vingt ans, le Manitoba triple sa population et l'industrie multiplie ses usines. Cependant, l'agriculture – grains et produits laitiers – continue de former la base économique du pays, épaulée par l'exploitation de la forêt et des pêcheries. De 1867 à la fin du siècle, le commerce triple son volume.
Wilfrid Laurier
En 1896, le ministère conservateur tombe sur la question des écoles du Manitoba : l'Église catholique s'en était prise vigoureusement aux autorités du Manitoba qui refusaient des subventions à certaines écoles catholiques parce qu'elles n'entendaient pas se soumettre à un programme limitant la liberté de l'enseignement religieux. Un Canadien français, Wilfrid Laurier, forme alors le ministère libéral « de tous les talents », qui fait admettre un tarif préférentiel avec le Royaume-Uni et lève un contingent de 7 000 volontaires lors de la guerre de l'Angleterre contre les Boers (→ guerre des Boers).
D'autre part, appliquant une politique franchement autonomiste, Laurier fait reconnaître le droit du Canada de n'être pas lié par les traités anglais, et de réglementer à son gré toute l'immigration, même britannique. Bientôt, une politique active d'immigration fait augmenter la population de 34 % entre 1901 et 1911 (de 5 731 000 à 7 201 000 habitants). Deux nouvelles provinces sont créées : l'Alberta et la Saskatchewan, en 1905. En même temps, Laurier inaugure la construction d'un nouveau chemin de fer transcontinental.
Grande puissance économique
De ces mesures politiques, il résulte une énorme augmentation de production et, partant, de richesse nationale. En 1911, les libéraux sont remplacés au pouvoir par les conservateurs, sous sir Robert Borden.
La Première Guerre mondiale provoque un élan de soutien à la Grande-Bretagne, même au Québec. Sur une population de 8 millions d'habitants, 600 000 prennent les armes, volontaires pour la plupart. À l'issue du conflit, le Canada prend sa place à Versailles et signe le traité de paix : il est devenu une puissance internationale (→ traité de Versailles).
L'après-guerre, avec ses problèmes économiques, voit surgir, à côté des vieux partis, le groupe agraire ou progressiste, opposé à la politique industrielle des conservateurs. Aux élections de 1921, qui établissent le suffrage féminin, le parti libéral revient au pouvoir avec Mackenzie King et le garde grâce à l'appui des progressistes. Il recherche de nouveaux marchés d'exportation, encourage l'immigration européenne et réduit les impôts. La hausse du blé engendre des années d'abondance, ce qui attire dans le pays un million d'émigrants. Il s'ensuit un énorme développement des industries forestières, les centrales hydroélectriques et les manufactures se multiplient, et l'industrie minière décuple (nickel, or, amiante et cobalt). Dans l'Ouest s'organisent les grands cartels du blé.
3.2. La crise, les débuts de l'État providence et l'engagement dans la Seconde Guerre mondiale

Le statut de Westminster
Mais la crise de 1929 provoque la faillite de nombreuses entreprises ; la baisse des prix paralyse l'agriculture et ruine les cartels ; les salaires et les revenus s'effondrent, et le chômage gagne les villes et même la campagne. Les élections de 1930 amènent au pouvoir les conservateurs, avec Richard Bennett. La lutte contre le marasme économique s'engage : allocations aux sans-travail, arrêt de l'immigration, relèvement des tarifs et primes aux cultivateurs ; si bien que, malgré des déficits, le Canada peut solder toutes ses obligations au pair et couvrir ses emprunts sans difficulté.
Dans le domaine politique, James Woodsworth crée en 1932 un parti travailliste-agraire sous le nom de Cooperative Commonwealth Federation. La conférence impériale de 1926 reconnaît l'entière indépendance politique du Canada à l'égard de la métropole, en déclarant que la Grande-Bretagne et les dominions sont « des collectivités autonomes de statut égal », formule adoptée et promulguée par le statut de Westminster de 1931. Dès lors, seul signataire de ses traités internationaux, et nommant ses ambassadeurs auprès des autres pays, le Canada ne reconnaît d'autre limite à son indépendance que celle qu'il veut bien admettre afin de maintenir l'intégrité du Commonwealth.
Aux élections de 1935, les libéraux reprennent le pouvoir et s'appliquent à fortifier la situation économique par une augmentation du commerce international, et par des accords avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, notamment par un traité de réciprocité avec ce dernier pays (1938). L'entente cordiale entre les deux nations se transformera en pacte militaire de défense mutuelle, dit accord d'Ogdensburg (18 août 1940).
En guerre contre l'Allemagne nazie
La Seconde Guerre mondiale voit, pour la première fois dans son histoire, le Canada déclarer la guerre à un pays, l'Allemagne. En même temps, le pays convertit bientôt son industrie de paix en une industrie de guerre, qui produit plus de 10 milliards de dollars d'armes et de munitions, y compris des avions, des chars de combats et des navires. De plus, son agriculture transforme le pays en un immense grenier, qui déverse d'énormes quantités de blé et de vivres en Grande-Bretagne, à laquelle il prête, en outre, 700 millions de dollars (1942). Cependant le problème de la conscription a divisé le pays, le Québec la repoussant, alors que les anglophones l'approuvaient.
3.3. La vie politique fédérale pendant les années de croissance (1945-1965)

Après le conflit, le parti libéral, dirigé par Louis Saint-Laurent, Premier ministre à partir de 1948, se maintient au pouvoir jusqu'en juin 1957. Mais, à cette date, des élections donnent la majorité au parti conservateur (Progressive Conservative Party) ; son chef, John George Diefenbaker, devient Premier ministre. En 1949, le Canada s'était agrandi d'une nouvelle province : Terre-Neuve.
En février 1963, Diefenbaker est mis en minorité à la suite de problèmes soulevés par la défense militaire du pays. Les libéraux l'emportent et leur leader, Lester Pearson, devient Premier ministre.
Sur le plan extérieur, le Canada prend part à chacune des opérations de maintien de la paix entreprises par les Nations unies et signe le traité de Moscou sur l'arrêt des essais nucléaires (1963). Les relations avec les États-Unis restent déterminantes, et les deux pays possèdent des vues identiques sur les options fondamentales en matière de politique étrangère (→ Alliance atlantique). Cependant Ottawa manifeste une indépendance tenace à l'égard de son grand voisin.
Sur le plan constitutionnel, la conférence des Premiers ministres fédéral et provinciaux accepte en octobre 1964 la « formule Fulton-Favreau », prévoyant une modification de la Constitution canadienne : cette formule, après approbation par les provinces, doit transférer du Parlement du Royaume-Uni aux autorités législatives du Canada le pouvoir entier et exclusif de modifier la Constitution du pays. Ainsi le Canada tend à une souveraineté totale dont le symbole est le drapeau national adopté par le Parlement canadien le 15 décembre 1964 et proclamé par la reine le 15 février 1965.


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OKLAHOMA

 

 

 

 

 

Oklahoma


L'Oklahoma c'est l'Amérique authentique et intacte. Pays des Indiens, des bisons, des rassemblements de chevaux et de bétail. Plus que tout autre, l'Etat reste marqué par les traditions et la culture indienne. Son nom a pour origine deux mots de la culture Choctaw, « Okla » signifiant « Homme » et « homma », rouge.


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L'Oklahoma c'est l'Amérique authentique et intacte. Pays des Indiens, des bisons, des rassemblements de chevaux et de bétail. Plus que tout autre, l'Etat reste marqué par les traditions et la culture indienne. Son nom a pour origine deux mots de la culture Choctaw, « Okla » signifiant « Homme » et « homma », rouge.

Les symboles indiens sont nombreux en Oklahoma, jusque dans le drapeau de l'Etat sur lequel figure un bouclier des Indiens des plaines sur lequel se croisent une branche d'olivier et un calumet de la paix. L'Oklahoma est aujourd'hui le point de rencontre des 67 tribus originelles, dont les descendants vivent encore ici. Seul Etat à avoir été désigné Territoire Indien, il est le lien le plus étroit entre le pays et le monde indien. Trente sept nations vivent en Oklahoma, dont les tribus Kiowa, Delaware, Sac&Fox, Iowa et Potawatomi. Elles organisent des assemblées et des manifestations tout au long de l'été. « Red Earth », le plus grand « pow-wow » du pays se tient chaque année à Oklahoma City.
 
L'esprit du vieil Ouest est lui aussi resté vivant en Oklahoma, où des musées, des festivals et des divertissements comme le National Cowboy hall of fame et le Western Heritage center à Oklahoma City mettent en scène l'histoire du 46eme Etat de la nation. Les chevaux et les cowboys qui les montent sont une partie intégrante du passé et du présent de l'Etat.

Oklahoma City
La capitale  d'Etat se trouve à quelque 154 km au sud-est de Tulsa, pratiquement au centre géographique de l'Etat. C'est la plus grande ville des cinq Etats des plaines (Oklahoma, Kansas, Nebraska, Nord Dakota et Sud Dakota). Oklahoma City fut fondée en 1889, se développa à partir de la fin des années 1920 avec la découverte du pétrole qui fit sa richesse. Le capitole d'Etat a la particularité, unique dans le pays, d'avoir été construit sur un puits de pétrole, tandis que des derricks (tours de forage) en ornent les jardins, rappel de la vocation pétrolière de l'Etat. Les richesses pétrolières n'empêchèrent pas la ville de connaître une période de déclin à partir des années 1960, années durant lesquelles une part importante du patrimoine architectural historique fut détruite. Ce n'est qu'au début des années 1990 que la ville connut un renouveau économique et architectural avec la mise en place de plans drastiques. A découvrir, le quartier de Bricktown, aux entrepôts rénovés et au cœur duquel serpente un canal navigable.  Ne mas manquer non plus "Automobile Alley", où les commerces d'aujourd'hui occupent les bâtiments qui furent autrefois des garages et des concessions automobiles., ou Stockyards City pour tous les amoureux d'objets et de vêtements de l'Ouest Américain.
Bien des années après sa survenue, un terrible événement reste lié au nom d'Oklahoma City : le 19 avril 1995 un attentat terroriste au camion piégé, perpétré par un certain Timothy McVeigh, sympathisant de milices paramilitaires, tua 168 personnes et fit de nombreux blessés. Un mémorial remplace aujourd'hui l'immeuble fédéral sur le lieu même de la tragédie.

Tulsa
Territoire ancestral des nations indiennes Osage, Creek et Cherokee, la région de Tulsa fut autrefois l'étape finale du 'Trail of Tears", le Sentier des Larmes. En 1898, la ville commença à se développer en tant que "Frontier town" sur la longue route de l'Ouest. Avec la découverte et  l'exploitation du pétrole à partir de 1905, Tulsa connut une rapide croissance démographique :  plus de 18 000 habitants en 1910 et 140 000 en 1930. Capitale pétrolière à partir des années 1920, elle fut le siège de grandes compagnies telles que Sun Oil et Texaco. Pendant plus de la moitié du 20e siècle, Tulsa eut ainsi la réputation d'être la "Oil capital of the world". L'or noir permit un développement architectural de grande ampleur dont il reste aujourd'hui de nombreux immeubles de style art-déco. A l'industrie pétrolière s'adjoignirent les secteurs des finances, des transports et de l'industrie aérienne et spatiale.
Deuxième ville de l'Oklahoma par sa population, Tulsa est aussi la ville à la plus grande population indienne.  De cette ville traversée par l'historique Route 66, émane incontestablement un aire de Vieil Ouest. On y visitera le quartier du Blue Dome, avec ses bars musicaux et, de l'autre côté de la voie ferrée, le Brady Art District aux entrepôts rénovés et transformés en restaurants, boutiques ou salles de spectacle. Gilcrease institute of American History and art, consacré à l'artisanat indien et à l'histoire des pionniers. Lieu de naissance du musicien J.J. Cale et du chanteur country Garth Brooks, Tulsa est aussi le creuset du style musical connu sous le nom de Tulsa Sound.


Pawnee
A une heure de voiture à l'ouest de Tulsa, Pawnee fut un relais de pionniers et la patrie de Pawnee Bill, partenaire de la figure mythique de l'Ouest, Buffalo Bill. Au Pawnee Bill Museum, on découvrira une collection de vêtements et d'artisanat indiens. Patrie de Chester Gould, créateur du comics Dick Tracy, la ville possède la plus grande peinture murale hommage au célèbre détective.


Guthrie
Dans le centre de l'Etat, dont elle fut autrefois la capitale, Guthrie a pour principal intérêt ses anciens quartiers rénovés (aujourd'hui classés National Historic Landmark) regroupant un ensemble d'immeubles typiques de l'architecture commerciale de la fin du 19e et du début du 20e siècle.


L'Oklahoma c'est aussi une nature d'une grande richesse et un paradis pour la randonnée, avec quelque 56 parcs d'Etat et cinq réserves naturelles fédérales. C'est aussi un des Etats traversés par l'historique Route 66, la première route transcontinentale de la nation.

L'Oklahoma c'est l'Amérique authentique et intacte. Pays des Indiens, des bisons, des rassemblements de chevaux et de bétail. Plus que tout autre, l'Etat reste marqué par les traditions et la culture indienne. Son nom a pour origine deux mots de la culture Choctaw, « Okla » signifiant « Homme » et « homma », rouge.
Les symboles indiens sont nombreux en Oklahoma, jusque dans le drapeau de l'Etat sur lequel figure un bouclier des Indiens des plaines sur lequel se croisent une branche d'olivier et un calumet de la paix. Situé au nord de son voisin le Texas, l'Etat est aisément reconnaissable sur une carte des Etats-Unis pour sa configuration en forme de casserole, avec une "poignée" s'étendant vers l'ouest, la "Panhandle".

L'Oklahoma est aujourd'hui le point de rencontre des 67 tribus originelles, dont les descendants vivent encore ici. Seul Etat à avoir été désigné Territoire Indien, il est le lien le plus étroit entre le pays et le monde indien. Trente sept nations vivent en Oklahoma, dont les tribus Kiowa, Delaware, Sac&Fox, Iowa et Potawatomi. Elles organisent des assemblées et des manifestations tout au long de l'été. "Red Earth", le plus grand « pow-wow » du pays se tient chaque année à Oklahoma City.

L'esprit du Vieil Ouest est lui aussi resté vivant en Oklahoma, où des musées, des festivals et des divertissements comme le National Cowboy hall of fame et le Western Heritage center à Oklahoma City mettent en scène l'histoire du 46eme Etat de la nation. Les chevaux, et les cowboys qui les montent, sont partie intégrante du passé et du présent de l'Etat.



Oklahoma City
La capitale  d'Etat se trouve à quelque 154 km au sud-est de Tulsa, pratiquement au centre géographique de l'Etat. C'est la plus grande ville des cinq Etats des plaines (Oklahoma, Kansas, Nebraska, Nord Dakota et Sud Dakota). Oklahoma City fut fondée en 1889, se développa à partir de la fin des années 1920 avec la découverte du pétrole qui fit sa richesse. Le capitole d'Etat a la particularité, unique dans le pays, d'avoir été construit sur un puits de pétrole, tandis que des derricks (tours de forage) en ornent les jardins, rappel de la vocation pétrolière de l'Etat. Les richesses pétrolières n'empêchèrent pas la ville de connaître une période de déclin à partir des années 1960, années durant lesquelles une part importante du patrimoine architectural historique fut détruite. Ce n'est qu'au début des années 1990 que la ville connut un renouveau économique et architectural avec la mise en place de plans drastiques.

A découvrir, le quartier de Bricktown, aux entrepôts rénovés et au cœur duquel serpente un canal navigable. Ne mas manquer non plus Automobile Alley, où les commerces d'aujourd'hui occupent les bâtiments qui furent autrefois des garages et des concessions automobiles, ou Stockyards City pour tous les amoureux d'objets et de vêtements de l'Ouest Américain.
Bien des années après sa survenue, un terrible événement reste lié au nom d'Oklahoma City : le 19 avril 1995 un attentat terroriste au camion piégé, perpétré par un certain Timothy McVeigh, sympathisant de milices paramilitaires, tua 168 personnes et fit de nombreux blessés. Un mémorial remplace aujourd'hui l'Alfred P. Murrah Federal Building, sur le lieu même de la tragédie.



Tulsa
Territoire ancestral des nations indiennes Osage, Creek et Cherokee, la région de Tulsa fut autrefois l'étape finale du "Trail of Tears", le Sentier des Larmes, au terme duquel, en 1838, un grand nombre d'Indiens Cherokee furent "déplacés" en Oklahoma. En 1898, la ville commença à se développer en tant que "Frontier town" sur la longue route de l'Ouest.
Avec la découverte et  l'exploitation du pétrole à partir de 1905, Tulsa connut une rapide croissance démographique :  plus de 18 000 habitants en 1910 et 140 000 en 1930. Capitale pétrolière à partir des années 1920, elle fut le siège de grandes compagnies telles que Sun Oil et Texaco. Pendant plus de la moitié du 20e siècle, Tulsa eut ainsi la réputation d'être la "Oil capital of the world". L'or noir permit un développement architectural de grande ampleur dont il reste aujourd'hui de nombreux immeubles de style art-déco. A l'industrie pétrolière s'adjoignirent les secteurs des finances, des transports et de l'industrie aérienne et spatiale. Deuxième ville de l'Oklahoma par sa population, Tulsa est aussi la ville à la plus grande population indienne.

De cette ville traversée par l'historique Route 66, émane incontestablement un air de Vieil Ouest. On y visitera le quartier du Blue Dome, avec ses bars musicaux et, de l'autre côté de la voie ferrée, le Brady Art District aux entrepôts rénovés et transformés en restaurants, boutiques ou salles de spectacle. A découvrir, le Gilcrease institute of American History and art, consacré à l'artisanat indien et à l'histoire des pionniers. Lieu de naissance du guitariste et compositeur J.J. Cale et du chanteur country Garth Brooks, Tulsa est aussi le creuset du style musical connu sous le nom de Tulsa Sound.

Pawnee
A une heure de voiture à l'ouest de Tulsa, Pawnee fut un relais de pionniers et la patrie de Pawnee Bill, partenaire de la figure mythique de l'Ouest, Buffalo Bill. Au Pawnee Bill Museum, on découvrira une collection de vêtements et d'artisanat indiens. Patrie de Chester Gould, créateur du comics Dick Tracy, la ville possède la plus grande peinture murale hommage au célèbre détective.

Guthrie
Dans le centre de l'Etat, dont elle fut autrefois la capitale, Guthrie a pour principal intérêt ses anciens quartiers rénovés (aujourd'hui classés National Historic Landmark) regroupant un ensemble d'immeubles typiques de l'architecture commerciale de la fin du 19e et du début du 20e siècle.

L'Oklahoma c'est aussi une nature d'une grande richesse et un paradis pour la randonnée, avec quelque 56 parcs d'Etat et cinq réserves naturelles fédérales. C'est aussi un des Etats traversés par l'historique Route 66, la première route transcontinentale de la nation.

 

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LES MAYAS

 

 

 

 

 

 

Mayas
Tikal, Guatemala
Peuple indien d'Amérique centrale parlant des langues apparentées.
Introduction

Les Mayas occupaient au début du xvie s. une aire s'étendant du nord de la péninsule du Yucatán à la côte pacifique du Guatemala, et du Tabasco (Mexique) jusqu'au sud-ouest du Honduras. Leur répartition actuelle est plus limitée : on les trouve principalement concentrés dans les hautes terres du Guatemala et du Chiapas (Mexique) et dans la partie nord du Yucatán. D'après les données actuelles de la linguistique, leur habitat n'a guère varié depuis leur occupation progressive, probablement au cours du IIe millénaire avant notre ère et du début du Ier millénaire avant notre ère, de l'aire qu'ils peuplaient encore au xvie s. C'est vers la fin du IIe millénaire avant notre ère que les Huaxtèques se seraient séparés des autres groupes pour s'établir beaucoup plus au nord-ouest, sur la côte du golfe du Mexique, et connaître une évolution culturelle tout à fait distincte de celle des Mayas proprement dits.
Les archéologues divisent l'aire maya en trois parties : le nord, correspondant à peu près à la péninsule du Yucatán ; le centre, allant de l'État du Tabasco au Honduras ; et le sud, incluant les hautes terres du Guatemala et du Chiapas ainsi que la côte pacifique du Guatemala. Un climat tropical humide à courte saison sèche règne sur le centre, domaine par excellence de la grande forêt. Sur la côte pacifique, la saison sèche est plus longue. Au Yucatán, les pluies augmentent du nord au sud, et la pointe nord-ouest de la péninsule est quasi désertique. Dans les hautes terres, divers types de climat et de végétation s'étagent selon l'altitude, depuis les zones tempérées jusqu'aux zones froides.
Évolution culturelle

On la divise en plusieurs périodes : préclassique (d'environ 1500 avant notre ère jusqu'à 250 de notre ère), classique (de 250 à 950 de notre ère), postclassique (de 950 à la conquête espagnole), coloniale et moderne.
La période préclassique est mal connue. Les premiers villages d'agriculteurs ont été datés de 1500 avant notre ère sur la côte pacifique du Guatemala (La Victoria), d'environ 800 dans les hautes terres du Guatemala (Kaminaljuyú) et la vallée de l'Usumacinta (Altar de Sacrificios et Seibal), et d'un peu avant 700 dans le nord du Yucatán (Dzibilchaltun). Le Préclassique récent voit la naissance de centres importants, avec pyramides supportant des temples, dans toute l'aire maya. Un style de sculpture originaire du site d'Izapa, sur la côte du Chiapas, se répand sur la côte pacifique du Guatemala et à Kaminaljuyú, où apparaissent les premières inscriptions annonciatrices de l'écriture hiéroglyphique de la période classique. À Tikal, dans la zone centrale, les temples sont disposés sur une acropole dont la croissance sera continue au cours du Classique, et certaines tombes utilisent déjà la voûte en encorbellement caractéristique de l'architecture de la période suivante. La poterie polychrome apparaît dans certains sites centraux (Holmul, Barton Ramie). En raison des continuités culturelles entre la fin du Préclassique et la période suivante, que son écriture permet d'identifier de façon certaine comme maya, on suppose que la plupart des sites du Préclassique récent étaient occupés par des populations de langue maya.

La période classique correspond à l'épanouissement de la civilisation maya dans la partie centrale de l'aire, et dans une moindre mesure également dans la partie nord, tandis que la partie sud connaît un développement moins important et bien différent. La civilisation classique est caractérisée par l'apparition d'inscriptions hiéroglyphiques sur des stèles sculptées en bas relief et représentant des dignitaires. Ces inscriptions comportent des textes chronologiques se référant aux cycles du calendrier maya. Les stèles sont le plus souvent placées devant des édifices à soubassement pyramidal en degrés. Ces édifices sont construits selon le principe de la voûte en encorbellement renforcée de mortier. La stèle la plus ancienne, trouvée à Tikal, porte une date maya équivalente à l'année 292 de notre ère. La civilisation classique semble être née dans les forêts du Petén et s'être étendue rapidement vers l'est et l'ouest dans la partie centrale de l'aire maya, ainsi que vers le nord au Yucatán. On divise la période classique en ancienne (250-550) et récente (550-950) ; cette division repose principalement sur des changements de style céramique.


Au cours du Classique récent, la civilisation maya s'étendait de Comalcalco au Tabasco jusqu'à Copán au Honduras, et avait gagné certaines parties des hautes terres du Chiapas (Chinkultic, Toniná). Cependant, le Yucatán connaissait des styles architecturaux particuliers (Río Bec, Chenes, Puuc), associés à une diminution du nombre des stèles et à une simplification des inscriptions. Dans la plus grande partie des hautes terres et de la côte pacifique, les cultures demeurent marginales, sans inscriptions ni architecture à voûte. De fortes influences originaires du Mexique se manifestent : occupation de Kaminaljuyú par une colonie issue de Teotihuacán, la grande métropole du Mexique central (de 400 à 600), et développement dans la région de Cotzumalhuapa, sur la côte pacifique du Guatemala, d'une civilisation fortement influencée par le Mexique méridional (de 400 à 900). L'installation de populations en provenance du Mexique dans ces régions semble déterminée par le désir de s'emparer du contrôle du commerce à longue distance du cacao, produit en grande quantité sur la côte pacifique.
À la fin du Classique récent, la civilisation maya de la zone centrale entre en décadence rapide. Les différents centres cessent d'ériger des stèles à inscriptions, certains dès 800, et sont tous abandonnés avant 1000, en même temps que l'on note une diminution considérable de la population rurale. On tend à attribuer l'origine de cette catastrophe à une pluralité de causes : trop forte densité de population aboutissant à un épuisement des sols tropicaux fragiles, troubles sociaux et rivalités entre les cités, incursions de guerriers venus du Tabasco et de culture plus mexicaine que maya. Entre 900 et 1000, ces envahisseurs s'installent pour un temps à Altar de Sacrificios, situé au confluent des rivières navigables les plus importantes de la zone centrale. Au même moment, des guerriers d'origine toltèque s'emparent de Chichén Itzá, au Yucatán, où l'on voit également disparaître la civilisation classique de la région Puuc. Dans les hautes terres, certains centres sont abandonnés, sans doute en raison de leurs liens étroits avec la civilisation classique, tandis que d'autres continuent d'être habités, tel Zaculeu, capitale des Indiens Mam du Guatemala.
La période postclassique a été subdivisée en ancienne (de 950 à 1250) et récente (de 1250 à la conquête espagnole). Le Postclassique ancien est au Yucatán la période d'hégémonie totale de Chichén Itzá, où le culte de Quetzalcóatl, le serpent à plumes, héros légendaire de Tula et divinité puissante au Mexique central, accompagne celui du dieu de la Pluie des Mayas. Puis Chichén Itzá est remplacé par Mayapán au début du Postclassique récent, souvent désigné comme période décadente en raison de la dégénérescence générale des arts. Mayapán tombe à son tour, victime des rivalités des lignages nobles, et les Espagnols ne rencontreront que des petits États rivaux, qui seront pourtant de taille à leur opposer une résistance acharnée. Dans la partie centrale de l'aire maya, deux régions, la côte du Tabasco et la côte de l'actuel Honduras britannique, sont très actives durant cette période et se livrent au commerce à longue distance du cacao. Entre les deux, au long de la route que suivra Cortés pour se rendre au Honduras, on ne trouve que des villages fortifiés ou construits sur les îlots des lacs, à l'exception d'un seul centre important, celui des Itzá à Tayasal, sur le bord du lac Petén Itzá, qui résistera aux Espagnols jusqu'en 1697. Dans les hautes terres, le Chiapas ne connaît que des petits centres indépendants, mais au Guatemala, au cours du Postclassique récent, des dynasties se réclamant d'une origine toltèque fondent des États conquérants : celui des Quichés (capitale Utatlán) et celui des Cakchiquels (capitale Iximché). Les guerres sont incessantes, et la plupart des centres sont construits en position défensive sur des collines ou des promontoires.
Après la conquête espagnole, la partie centrale de l'aire maya devient le refuge des fuyards, dont certains, originaires du Yucatán, sont probablement les ancêtres des Lacandons d'aujourd'hui. Le Yucatán et les hautes terres voient leur population indigène concentrée en villages d'évangélisation et victime de terribles épidémies, qui auraient au cours du xvie s. fait périr jusqu'à 90 % des habitants et causé le dépeuplement total de la côte pacifique. Une nouvelle culture se crée, faite d'éléments indigènes et espagnols mêlés et modifiés, et qui persiste encore de nos jours dans les villages les plus difficiles d'accès des montagnes du Chiapas et du Guatemala. La résistance à la colonisation et à l'oppression des nouveaux États nés de l'indépendance a été marquée par des soulèvements indigènes (rébellions du Chiapas en 1712 et en 1869-1870, « guerre des castes » au Yucatán de 1847 à 1855). La forme de résistance la plus courante se manifeste par le caractère volontairement fermé et conservateur des communautés mayas. L'accroissement démographique commencé à la fin du xviiie s. a permis à la population indigène de rattraper et probablement de dépasser les densités préhispaniques, tandis que l'accélération des activités économiques modifie de plus en plus la culture traditionnelle héritée de la période coloniale.
La civilisation classique

Palenque, le temple des InscriptionsPalenque, le temple des Inscriptions
Les cités mayas sont essentiellement composées de temples et de palais disposés autour de places, constituant fréquemment des groupes distincts reliés par des chaussées surélevées. La plupart des cités possèdent également un ou plusieurs terrains de jeu de balle, qui se présentent sous la forme d'une allée comprise entre deux plates-formes allongées. Les pièces des temples et des palais sont étroites et sans fenêtres, en raison de la masse des murs soutenant la voûte. Les édifices sont placés sur des soubassements pyramidaux, plus hauts pour les temples que pour les palais, et sont pourvus d'escaliers d'accès. Autour des groupes principaux, on rencontre de nombreuses plates-formes d'habitation, en disposition très desserrée ; les cités mayas n'ont rien d'une ville à constructions contiguës, à la manière européenne. La plus grande cité maya connue est Tikal, délimitée et protégée par des fossés et des étangs. On estime à 50 000 habitants sa population au cours du Classique récent. Outre les grandes cités, on trouve un réseau de centres secondaires et un semis général de hameaux à maisons plus ou moins dispersées.
La construction de ces agglomérations suppose l'existence d'une organisation sociale hiérarchisée et complexe. Et cependant, la base économique de cette société semble avoir été une agriculture à techniques élémentaires : outillage de pierre et de bois, culture sur brûlis avec jachère longue, production alimentaire reposant essentiellement sur le maïs, pas d'animaux domestiques à part le dindon et le chien.
L'architecture utilise une maçonnerie de pierre taillée jointe au mortier. Les façades sont simples, soulignées de moulures horizontales. Elles étaient fréquemment décorées de bas-reliefs en stuc modelé, assez bien conservés à Palenque ; ils étaient généralement peints. Le décor de la façade était prolongé par celui des hauts blocs de maçonnerie placés sur le toit. La sculpture maya est surtout renommée pour ses stèles, autels et linteaux. Les stèles, accompagnées d'autels, sont en général disposées devant les temples. Elles figurent le plus souvent des dignitaires à parure complexe, portant un sceptre ou une barre cérémonielle. Les linteaux peuvent être en pierre, ou en bois comme à Tikal. La sculpture maya est généralement exécutée en bas relief, mais elle peut être en ronde bosse quand le matériau le permet (à Copán, Quiriguá et Toniná). Les fresques décorant les pièces sont rarement conservées ; les plus célèbres que l'on connaisse sont celles de Bonampak. Les arts mineurs sont très brillants : parures de jade gravé, objets en os et coquille, figurines moulées et modelées (dont celles du célèbre style de Jaina) et céramique figurative polychrome se développent au Classique récent.
L'écriture maya est la plus élaborée de l'Amérique ancienne. Elle utilise à la fois des idéogrammes, souvent lus en forme de rébus, et des phonogrammes. Seuls les textes chronologiques et astronomiques ont pu jusqu'à présent être presque entièrement déchiffrés. On a établi l'existence d'inscriptions dynastiques sur les stèles de plusieurs sites. Les calculs sont effectués grâce à une arithmétique de système vigésimal utilisant une numération de position qui implique l'usage du zéro. Le calendrier, extrêmement complexe, repose sur la combinaison d'un cycle solaire annuel de 365 jours, divisé en 18 mois de 20 jours avec 5 jours additionnels, et d'un cycle cérémoniel de 260 jours, reposant lui-même sur deux cycles de 13 chiffres et 20 jours. Chaque date est exprimée dans les deux calendriers ; la même combinaison de date ne peut se reproduire que tous les 52 ans. La date d'origine du calendrier, base de tous les calculs, correspond à l'année 3113 avant notre ère selon la corrélation de J. E. S. Thompson entre calendriers maya et grégorien. L'astronomie maya avait atteint un grand degré de précision, permettant l'élaboration de tables de prévision des éclipses solaires et le calcul de la révolution synodique de la planète Vénus. Les connaissances astronomiques étaient utilisées pour des prédictions astrologiques concernant l'influence des divinités et des cycles chronologiques qui leur étaient attribués. Les principaux dieux représentés dans l'iconographie classique sont le dieu serpentiforme au long nez (qui est probablement le dieu de la Pluie Chac), le dieu solaire, qui se transforme chaque nuit en jaguar du monde inférieur, le dieu du Maïs, le dieu de la Mort, et un dragon souvent bicéphale que l'on suppose être le monstre de la terre. On note également des représentations du dieu de la Pluie mexicain, Tlaloc. Les motifs serpentiformes dominent l'iconographie.
À la fin de la période classique, le Yucatán voit se développer des variantes de cette civilisation, avec une architecture distincte décorée de mosaïques de pierre à motifs géométriques et à masques de dieu au long nez.
Les civilisations postclassiques

Après l'abandon des cités classiques, Chichén Itzá, au Yucatán, devient le seul centre important. Fondée à la fin du Classique récent, la cité compte des édifices de style Puuc. Tombée sous la domination des Toltèques à la fin du xe s., elle connaît un grand développement architectural qui mêle traditions mayas (pièces voûtées, masques de Chac…) et innovations imitées de l'architecture de Tula (colonnades, grand terrain de jeu de balle, représentations de Quetzalcóatl et d'une divinité appelée Chac-Mool…). Certaines des représentations d'origine toltèque indiquent la prépondérance de mœurs et institutions provenant du Mexique central : aigles et jaguars dévorant des cœurs, symbolisant probablement les ordres militaires ayant ces animaux pour emblème ; processions de guerriers armés de traits lancés à l'aide de propulseurs ; plates-formes qui supportent des râteliers recevant les crânes provenant des sacrifices humains.
Toute construction fut abandonnée sur le site de Chichén Itzá à une date que l'on situe entre 1204 et 1224, sans doute à la suite des attaques de la tribu Itzá, qui s'y installa (d'où le nom du site, qui signifie « puits des Itzá ») pour un temps assez bref. Un lignage Itzá fonda ensuite une nouvelle capitale à Mayapán, avec l'aide de mercenaires mexicains qui introduisirent au Yucatán l'arc et la flèche. Les chefs des autres cités furent astreints à résider à Mayapán. La ville est entourée d'un mur défensif, et son habitat peut être considéré comme concentré, bien que les maisons ne soient pas contiguës. Au centre sont les temples principaux et les édifices à colonnades, qui devaient servir de bâtiments administratifs, de magasins royaux, d'écoles… Puis on trouve les maisons des nobles, et à la périphérie les habitations des gens du commun. Tous les arts et techniques connaissent une décadence marquée. Certains temples sont des copies de ceux de Chichén Itzá, mais avec une maçonnerie grossière dont les défauts sont masqués par un revêtement de stuc. Les influences mexicaines sont toujours fortes, et sur les encensoirs anthropomorphes caractéristiques de Mayapán sont représentés soit des divinités mayas, soit des dieux du Mexique central. Parallèlement, on observe une renaissance de certaines traditions mayas, telle l'érection de stèles à inscriptions hiéroglyphiques. Mayapán fut abandonné à la suite de révoltes vers 1450. On connaît peu les cités de la période qui précéda immédiatement la conquête, à l'exception de Tulum sur la côte est. Là encore l'influence mexicaine est forte, en particulier dans le style des fresques de l'un des temples.

C'est de la période postclassique du Yucatán que datent les trois codices mayas connus : le Codex Dresdensis, qui est une copie d'un manuscrit de la période classique et comporte une large partie consacrée à l'astronomie, le Tro-Cortesianus de Madrid et le Peresianus de Paris, qui ont trait principalement à la divination. On dispose en outre pour cette période de textes espagnols (Relation des choses de Yucatán, de Diego de Landa [vers 1524-1579]) ou indigènes (Chilam Balam), rédigés à l'époque coloniale.
Les hautes terres du Guatemala ne manifestent guère d'activité artistique digne d'être mentionnée, mais au début de la période coloniale y ont été rédigés des documents extrêmement importants pour la connaissance de la civilisation protohistorique de ces régions : le Popol-Vuh, qui comprend une partie mythologique et une partie historique, et diverses chroniques dont les Annales des Cakchiquels.

 

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RWANDA ou RUANDA

 

 

 

 

 

Rwanda 


État d'Afrique centrale situé dans la région des Grands Lacs, le Rwanda est limité au nord par l'Ouganda, à l'est par la Tanzanie, au sud par le Burundi et à l'ouest par la République démocratique du Congo et le lac Kivu.
Le Rwanda est membre du Commonwealth.


Superficie : 26 338 km2
Nombre d'habitants : 11 777 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Rwandais
Capitale : Kigali
Langues : anglais, français et rwanda
Monnaie : franc rwandais
Chef de l'État : Paul Kagame
Chef du gouvernement : Pierre Damien Habumuremyi
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Adoption : 26 mai 2003
Entrée en vigueur : 4 juin 2003
Pour en savoir plus : institutions du Rwanda


GÉOGRAPHIE

C'est un pays de hauts plateaux, proche de l'équateur, mais au climat tempéré par l'altitude. L'agriculture vivrière (patates douces, haricots) occupe la majorité des terres cultivables. Le café et le thé constituaient les ressources commerciales. Ravagé en 1994 par le conflit opposant Hutu (majoritaires) et Tutsi, le Rwanda connaît aujourd'hui un certain redressement économique mais reste l'un des pays les plus pauvres du monde (avec une tendance à l'accroissement des inégalités).
Le Rwanda correspond à une partie du socle africain, dont le relief est le résultat de mouvements tectoniques qui l'ont cassé, porté en hauteur, et qui ont permis la formation de la chaîne des Virunga, composée d'une série de volcans, dont le plus élevé, le Karisimbi (4 507 m), porte le point culminant du pays. Il se divise en trois éléments : la crête ou dorsale Congo-Nil, le Plateau central et les Basses Terres. La crête s'étire du nord au sud sur une largeur de 20 à 50 km et avec une altitude variant de 1 900 à 3 000 m. Elle domine le lac Kivu par un abrupt fortement découpé. Le versant oriental, à la pente plus douce, se raccorde au Plateau central, formé d'une multitude de collines. À l'est s'étendent les Basses Terres lacustres (1 300 à 1 500 m d'altitude), qui annoncent déjà la pénéplaine tanzanienne. Le Rwanda, malgré la proximité de l'équateur, a, grâce à l'altitude, des températures (moyenne annuelle : 19 °C) et des pluies (de 700 à 2 500 mm) modérées.
Le Rwanda se situe dans la région des Grands Lacs, la plus densément peuplée de toute l'Afrique. Le pays comptait près de 300 habitants par km2 au début des années 1990, voire plus de 400 habitants par km2 dans certaines préfectures comme celles de Kigali, de Ruhengeri ou de Butare. Le dynamisme démographique était alors extrêmement élevé, avec une croissance naturelle proche de 4 % par an, du fait d'une forte fécondité (8 enfants par femme) et d'une mortalité relativement basse (de l'ordre de 18 ‰). Il en résultait une extrême jeunesse de la population, près de la moitié des habitants ayant moins de 15 ans. Le drame de 1994 a notablement modifié ces données, du fait des nombreuses victimes qu'il a occasionnées, mais aussi du départ des réfugiés dans les pays voisins, dont une partie seulement est rentrée au pays. L'habitat est très majoritairement rural, réparti sur les « collines », et le taux de population urbaine est inférieur à 20 %. Il est le reflet de la prépondérance écrasante des productions agricoles dans l'économie nationale. Le petit élevage (ovins, caprins, volailles) prend peu à peu le pas sur les bovins, faute d'espace, et les cultures vivrières sont dominées par la banane plantain (dont on tire notamment une « bière » qui est la boisson nationale), le manioc et la patate douce. Thé et café, d'excellente qualité, sont les principales cultures d'exportation. Il est difficile de savoir si l'industrie, limitée à quelques productions de biens de consommation (boissons, chaussures), est en voie de retrouver son niveau de la fin des années 1980. Il serait de même hasardeux de donner des chiffres précis à propos des finances publiques et de la balance commerciale, dont on sait seulement qu'elles sont structurellement déficitaires. Le Rwanda est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres du monde.
Le génocide a répandu dans le monde entier l'image d'un Rwanda déchiré entre deux « ethnies », l'une majoritaire, les Hutus, l'autre minoritaire, les Tutsis. On a de ce fait tendance à laisser de côté ce qui fait l'unité de la population. En effet, outre un mode de vie rural dominant, les Rwandais ont en commun une langue unique de type bantou, le kinyarwanda, et ils professent très majoritairement la même religion, le catholicisme. Les causes des tragiques affrontements de 1994 doivent en réalité être davantage recherchées dans l'histoire du pays que dans un quelconque déterminisme « ethnique ».
HISTOIRE

1. Le Rwanda pré-colonial

Peuplé dès la préhistoire, le Rwanda est érigé en État au xive s. sous la forme d'une monarchie quasi théocratique à la tête de laquelle se trouve la dynastie des mwamis (rois) Banyiginyas, qui régnera jusqu'en 1960. L'organisation de la société, qui vise notamment à assurer la pérennité des deux ressources du royaume, l'agriculture et l'élevage, fait progressivement l'objet de règles extrêmement précises, instaurant notamment un véritable code du fermage-métayage, tant en ce qui concerne les troupeaux que les terres.
Le pays est divisé en circonscriptions administratives, les districts, avec à leur tête deux chefs, l'un pour le bétail, l'autre pour les terres. La distinction entre les Tutsis et les Hutus est en quelque sorte fonctionnelle : les premiers sont éleveurs, les seconds agriculteurs. Le passage d'une catégorie à une autre est possible (un agriculteur hutu peut devenir tutsi et réciproquement) de même que les mariages mixtes. L'aristocratie – qui possède bétail ou terre – est aussi bien hutue que tutsie.
2. La colonisation et la création du mythe tutsi

2.1. Le Ruanda-Urundi sous mandat belge

Comme au Burundi, ce sont les Allemands qui « découvrent » le Rwanda. La conquête est pacifique, se traduisant par un traité de protectorat (1898) et par l'installation de la première mission des Pères blancs dès 1900. Attaqués par les Belges, les Allemands doivent se retirer de la région en 1916. Les traités de paix entérinent cette situation, et le Ruanda-Urundi, placé sous mandat belge par la Société des Nations (SDN) en 1924, est rattaché au Congo belge, avec cependant une certaine autonomie.
Si les Belges maintiennent la monarchie traditionnelle, ils en dénaturent complètement la signification. L'ancien système de redevances-prestations est en grande partie aboli, comme est supprimée l'administration des districts. En 1931, le mwami Musinga est déposé et remplacé par son fils, baptisé dans la religion catholique.
Pour en savoir plus, voir l'article Ruanda-Urundi.
2.2. Les Tutsis érigés en caste dominante par le colonisateur

Dans ce pays pauvre, l'Église devient la principale puissance, et convertit massivement la population, tout en lui prodiguant soins et enseignement. Ses membres contribuent à la reconstruction de l'histoire à propos des Tutsis, qui seraient d'origine nilotique et se distingueraient par leur « grande taille » et la « finesse » de leurs traits. Cette survalorisation de leur apparence – sans doute liée pour une part au mode d'alimentation spécifique des éleveurs, et qui d'ailleurs n'est pas homogène – l'emporte sur la recherche historique objective. Ainsi distingués par leur origine supposée, les Tutsis vont devenir les privilégiés de la puissance coloniale, et assurer, sous l'autorité des Belges, l'encadrement du pays.
3. L'indépendance et le début de quarante années d'affrontements

3.1. La « Toussaint rwandaise » (1er novembre 1959)

En 1957 est publié le « Manifeste des Bahutu » (pluriel de Hutu en kinyarwanda), qui dénonce « le monopole politique dont dispose une race, la Mututsi ». Les revendications hutues sont désormais soutenues par l'Église catholique en la personne de Monseigneur Perraudin, d'origine suisse, qui devient archevêque de Kigali en 1959.
Cette même année voit la naissance d'un parti monarchiste, l'Union nationale rwandaise (Unar) et d'une formation ethnique, le Parmehutu (parti du Mouvement pour l'émancipation des Bahutu). Elle s'achève avec le déclenchement, le 1er novembre, jour de la Toussaint, d'une révolte des Hutus, qui ensanglante le pays et entraîne le départ en exil (notamment en Ouganda) de très nombreux Tutsis, mais aussi de Hutus.
3.2. La république et l'indépendance

La Belgique dépêche sur place un véritable proconsul, le colonel Logiest, qui, renversant la ligne politique belge traditionnelle, décide de donner le pouvoir aux Hutus. Ces derniers triomphent aux élections communales de juillet 1960, ce qui amène les autorités belges à déposer le mwami Kigeri V en décembre suivant.
Avec l'accord du colonel Logiest, la république est proclamée à Gitarama le 28 janvier 1961. Ce « coup d'État » est entériné le 25 septembre par un référendum, et Grégoire Kayibanda, « Hutu du Centre », est élu président de la République le 26 octobre 1961. Les législatives permettent au Parmehutu de recueillir 78 % des voix. L'indépendance intervient le 1er juillet 1962.
4. Grégoire Kayibanda et le pouvoir hutu (1962-1973)

Le Parmehutu se transforme en Mouvement démocratique républicain (MDR), appelé à dominer la vie politique rwandaise au cours des années 1962-1973.
Une attaque menée par des exilés tutsis venus du Burundi a lieu en décembre 1963 (une première attaque s'était déjà produite en mars 1961). En représailles, plusieurs milliers de Tutsis de l'intérieur sont massacrés, et les membres tutsis du gouvernement d'union nationale sont exécutés. Une nouvelle vague d'émigration vient renforcer la diaspora tutsie qui commence à se constituer, non seulement en Afrique (Burundi, Tanzanie, Ouganda, Congo-Kinshasa), mais aussi en Belgique et aux États-Unis. Elle est active et influente.
L'antitutsisme devient une constante de la politique de Grégoire Kayibanda. Il culmine en février 1973 avec une épuration systématique menée dans les écoles, l'administration et le secteur privé, et de nouveaux massacres. Mais en juillet de la même année, un coup d'État sans effusion de sang porte le général Juvénal Habyarimana, Hutu du Nord, au pouvoir.
5. Juvénal Habyarimana et la seconde République (1973-1994)

5.1. Une brève pacification

Avec Juvénal Habyarimana et la seconde République, une ère moins brutale commence.
Le Parlement et le MDR sont suspendus. En 1978, une nouvelle Constitution est adoptée, qui instaure un parti unique – le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND) –, auquel appartiennent tous les Rwandais dès leur naissance.
La « question ethnique » est censée être résolue par le système des quotas, inspiré du modèle belge. L'accès aux écoles, aux postes administratifs, etc., est calqué sur la répartition « ethnique » de la population, soit 9 % pour les Tutsis, 1 % pour les Twas (→ Pygmées), 90 % pour les Hutus.
Pour les observateurs étrangers, le Rwanda est entré dans une période de stabilité et de progrès économique. L'image du pays et celle de son président sont bonnes, les aides affluent (belge et française notamment, mais pas uniquement), les ONG multiplient leurs interventions, la Banque mondiale délivre un satisfecit au gouvernement pour avoir fait en sorte que la production vivrière croisse plus vite que la population.
5.2. L'offensive du Front patriotique rwandais (FPR)

Dans le même temps en Ouganda, les émigrés rwandais – les Banyarwandas –, qui ne sont pas tous tutsis, se sont regroupés au sein d'une organisation de soutien aux réfugiés qui donne naissance en 1987 au Front patriotique rwandais (FPR). Plusieurs milliers d'entre eux, et notamment l'officier tutsi Paul Kagame, ont combattu aux côtés de Yoweri Museveni lors de sa conquête du pouvoir en 1986.
Cette présence rwandaise est cependant de moins en moins bien supportée par les Ougandais. Convaincu que les Banyarwandas ne pourront rentrer pacifiquement dans leur pays (en 1982, J. Habyarimana en a refoulé 80 000 qui venaient d'être expulsés par le président ougandais alors en exercice, Milton Obote), le FPR, soutenu par l'Ouganda qui lui sert de base arrière, pénètre en force au Rwanda le 1er octobre 1990.
L'offensive du FPR permet au président Habyarimana d'obtenir un renforcement considérable des Forces armées rwandaises (FAR) par la France et la Belgique. Elle déclenche une guerre civile entrecoupée de trêves, d'exodes et de massacres de populations.
5.2. Les tentatives de démocratisation et les accords d'Arusha (1993)

Sous la pression de la France, qui conditionne son aide militaire à la poursuite de la démocratisation amorcée en 1990, une nouvelle Constitution est adoptée (juin 1991), qui reconnaît notamment le multipartisme et crée un poste de Premier ministre. Prenant acte de la victoire des partis d'opposition aux élections législatives de 1992, le président Habyarimana accepte en avril pour Premier ministre Faustin Twagiramungu – un Hutu modéré, président du MDR. Ce dernier ne parvient pas à former un gouvernement de coalition.
Sous la pression internationale, le gouvernement et le FPR entament à Arusha (Tanzanie) en juin 1992 des négociations pour rétablir la paix et organiser le partage du pouvoir entre le MRND, le FPR et les partis d'opposition. En dépit de nombreuses vicissitudes et de la poursuite des opérations militaires, les négociations débouchent sur la signature des accords d'Arusha le 4 août 1993. Mais ces derniers restent sans effet, malgré la présence des contingents de la Minuar (Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda) chargés de les faire respecter.
En effet, la démarche entreprise à Arusha est totalement rejetée par les extrémistes hutus. En 1992, ceux-ci ont fondé la Coalition pour la défense de la République (CDR), regroupant les éléments les plus farouchement extrémistes ainsi que les milices Interahamwe (« ceux qui tuent ensemble » en kinyarwanda), le bras armé du MRND. À partir de 1993, les extrémistes hutus se livrent via le journal Kangura et la radio des Mille Collines, à une propagande massive outrageusement antitutsie et à des assassinats ciblés de responsables politiques modérés.
5.3. Les cent jours d'un génocide planifié (6 avril-19 juillet 1994)

C'est dans ce contexte que, le 6 avril 1994, l'avion transportant le président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, est abattu lors de son atterrissage à Kigali.
L'attentat (dont les circonstances exactes et les responsabilités ne sont toujours pas établies) sert de prétexte au déclenchement des tueries qui, dès le—6 avril au soir, éclatent simultanément dans la capitale, le sud, l'est et le nord du pays. La minorité tutsie, ainsi que les populations hutues qui cherchent à la protéger, sont victimes d'un génocide organisé par les milices Interahamwe et une partie des Forces armées rwandaises (FAR) suivant des plans et des listes établis de longue date.
Les combats qui opposent les FAR au Front patriotique rwandais (FPR, soutenu militairement par l'Ouganda) gagnent rapidement l'ensemble du pays, provoquant d'atroces tueries et un exode massif de Hutus vers les pays voisins. Face à l'impuissance de la Minuar, dont les effectifs, réduits, tardent à se renforcer, l'ONU autorise finalement la France à engager une opération militaire à but humanitaire limitée à une durée de deux mois (opération Turquoise) pour porter assistance aux civils rwandais réfugiés par centaines de milliers dans une « zone humanitaire sûre » créée dans le sud-ouest du pays, à la frontière du Zaïre. Malgré l'opération Turquoise (juin-août 1994), les massacres de Tutsis continuent dans la « zone humanitaire sûre ».
Après sa victoire sur les forces gouvernementales, le FPR entre dans Kigali le 4 juillet et prend le pouvoir le 19.
5.3.1. Des controverses toujours vives
Si les faits sont connus, leur interprétation fait encore l'objet, plusieurs années après le drame, de vives controverses. Concernant les victimes, les chiffres cités vont de 800 000 à 1 million.
La responsabilité de l'attentat du 6 avril 1994 est aussi bien attribuée aux extrémistes hutus qu'au FPR. Le président Habyarimana est présenté soit comme un élément modérateur, soit au contraire comme un dictateur ayant soutenu les extrémistes. Pour certains, la France est coupable d'avoir soutenu un régime dictatorial et d'avoir protégé, avec l'opération Turquoise, les auteurs du génocide, alors que d'autres estiment qu'elle a fait pression en faveur des accords d'Arusha et qu'elle a permis de sauver de très nombreuses vies humaines. L'attitude de la Belgique, celle des États-Unis, de l'ONU, sont également mises en question.
Face à une tragédie de cette ampleur, de longues années seront nécessaires pour que la vérité puisse émerger du maelström des passions.
6. Le Rwanda post-génocidaire

6.1. La difficile transition politique dans un pays meurtri (1994-2003)

Le 19 juillet 1994, un gouvernement d'union nationale se met en place sur la base des accords d'Arusha. Pasteur Bizimungu (un Hutu modéré) devient président de la République. Paul Kagame, qui a mené les troupes du FPR à la victoire militaire contre les FAR, est nommé vice-président et ministre de la Défense. Faustin Twagiramungu, ancien opposant au président Juvénal Habyarimana, est proposé comme Premier ministre d'un « gouvernement de transition à base élargie ». Ce dernier, après avoir accusé le FPR de continuer à tuer des populations innocentes, démissionnera en août 1995 et s'exilera en Belgique.
Au lendemain du génocide, le Rwanda fait immédiatement appel à l'aide de la communauté internationale pour reconstruire son appareil judiciaire détruit. Peu confiant dans l'efficacité du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) institué par l'ONU à Arusha le 8 novembre 1994, le gouvernement rwandais tente de mettre en place son propre dispositif pour juger les présumés génocidaires. Mais les prisons sont rapidement surpeuplées, les tribunaux engorgés. De nombreuses voix – notamment celle de Faustin Twagiramungu – s'élèvent pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme commises par le FPR.
En juin 1999, le forum des partis politiques rwandais, à l'origine du premier gouvernement mixte de réconciliation nationale mis en place en 1994, décide de repousser de quatre ans la transition politique (qui devait s'achever en juillet 1999), au cours de laquelle étaient prévues l'élaboration d'une Constitution et l'organisation d'élections.
De graves dissensions au sommet de l'État poussent Pasteur Bizimungu à démissionner de ses fonctions de président de la République et de vice-président du FPR (mars 2000). À la suite d'un bref intérim, Paul Kagame, désigné par les députés de l'Assemblée nationale transitoire et par le gouvernement, lui succède à la tête de l'État. Cette rupture entre les deux hommes, censés symboliser la réconciliation nationale, porte un coup sérieux aux efforts visant à réconcilier majorité hutue et minorité tutsie.
6.2. Les interventions militaires du Rwanda au Zaïre puis en RDC

 La traque des extrémistes hutus dans l'Est zaïrois (septembre 1996-mai 1997)
Alors que la Minuar quitte le Rwanda à l'expiration de son mandat (mars 1996), le nouveau pouvoir rwandais s'attache prioritairement à assurer sa sécurité. Il estime celle-ci menacée par la présence dans l'Est zaïrois (Nord- et Sud-Kivu) de plus d'un million de réfugiés hutus dans des camps servant de bases arrière et de centres de recrutement aux extrémistes hutus.
 Avec l'Ouganda, son voisin et allié, le Rwanda fait appel à Laurent-Désiré Kabila, opposant de longue date au maréchal Mobutu. La rébellion des Banyamulenge (Zaïrois tutsis rwandophones installés au Sud-Kivu depuis les années 1930) éclate en octobre 1996. Rejointe également par des opposants de tous bords à Mobutu, et soutenue militairement par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, elle s'organise en Alliance des forces démocratiques pour la libération du Zaïre (AFDL).
Chassés par l'AFDL, une partie des réfugiés hutus rentrent au Rwanda, certains gagnent l'Angola, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Cameroun. 300 000 d'entre eux sont massacrés dans les forêts. Mais les extrémistes hutus, encouragés par la rébellion hutue du Burundi, ne désarment pas et continuent de massacrer de nouvelles victimes, justifiant de ce fait la politique répressive et sanglante du Rwanda.
 Les poussées expansionnistes du Rwanda en RDC (1998-2002)
En août 1998, le Rwanda, aux côtés de l'Ouganda et du Burundi, réengage son armée en République démocratique du Congo (RDC, nouveau nom du Zaïre depuis la chute de Mobutu, le 15 mai 1997, et la prise du pouvoir par L.-D. Kabila).
Après avoir aidé en 1996 L.-D. Kabila dans sa conquête du pouvoir, ces trois pays cherchent à présent à le renverser, et s'allient à trois groupes rebelles congolais, aux revendications divergentes. Dans le camp adverse, l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie soutiennent le régime de L.-D. Kabila. Débute alors un conflit de quatre ans qui fera entre 4 et 4,5 millions de victimes.
Le Rwanda apporte son soutien à la rébellion du RCD/Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie). Outre ses motivations sécuritaires, il cherche à s'arroger un contrôle politique sur l'est du pays et surtout à consolider sa mainmise sur l'exploitation illicite des immenses ressources minérales et forestières des deux Kivus. C'est d'ailleurs pour le contrôle des richesses diamantifères que le Rwanda et l'Ouganda – ce dernier soutenant le RCD/Kisangani, une faction rivale du RCD/Goma – s'affrontent sporadiquement entre 1999 et 2000, notamment à Kisangani, instaurant une guerre dans la guerre.
 La difficile paix (2002-2005)
La mort de L.-D. Kabila, assassiné le 16 janvier 2001, et auquel succède son jeune fils Joseph, change la donne. La nécessité de combattre celui qui faisait l'unanimité contre lui disparaît. Lors de l'ouverture des négociations entre les factions congolaises, le 25 février 2002, à Sun City (Afrique du Sud), le Rwanda tente en vain d'obtenir une reconnaissance de son occupation dans l'Est congolais. Isolé alors que ses alliés du RCD/Goma sont écartés du pouvoir, le Rwanda ne reconnaît pas l'accord de Sun City du 19 avril. Ce n'est que le 30 juillet 2002, grâce à la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki, que le Rwanda et la RDC signent, à Pretoria, un accord de paix prévoyant le démantèlement des milices Interahamwe en échange du retrait des 20 000 soldats rwandais du territoire congolais (retrait achevé en octobre 2002).
Cependant, l'Armée patriotique rwandaise (nouvelle appellation des FAR depuis juin 2002) apporte son soutien à une nouvelle rébellion de Banyamulenge qui, en juin 2004, s'emparent brièvement de Bukavu. En décembre 2004, Kigali menace de détruire les bases d'extrémistes hutus toujours présentes dans l'Est congolais si la communauté internationale ne règle pas cette question. Finalement, le 31 mars 2005, après plusieurs mois de pourparlers entre autorités congolaises et rwandaises, l'ensemble des groupes armés hutus, regroupés depuis 2000 au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), s'engage à déposer les armes et à rentrer au Rwanda.
Pour en savoir plus, voir l'article République démocratique du Congo.
6.3. La dérive autoritaire du régime

 La suprématie du FPR
Paul Kagame instaure au Rwanda un mélange de volontarisme économique (son plan « Vision 2020 » fait largement appel aux privatisations et libéralisations) et d'autoritarisme.
En 2002, l'ex-président Bizimungu est placé en résidence surveillée puis arrêté alors qu'il tentait de fonder un nouveau parti politique. Condamné à quinze ans de prison en 2004 pour « divisionnisme » (terme désignant officiellement les dérives d'une politique sur base ethnique mais s'avérant, à l'usage, une arme contre toute forme de contestation), puis bénéficiant d'une grâce présidentielle, Bizimungu sera libéré en 2007. Début 2003, à quelques mois des premières élections présidentielle et législatives depuis le génocide de 1994, et dès l'annonce de la candidature de l'ex-Premier ministre, Faustin Twagiramungu, rentré de son exil en Belgique, le MDR est dissous pour « divisionnisme ».
En juin 2003, une nouvelle Constitution instaure un Parlement bicaméral, le rétablissement du multipartisme et, pour la première fois depuis 1994, l'élection des députés au suffrage universel. Le président de la République est également élu au suffrage universel pour un mandat de sept ans, renouvelable une seule fois.
Au terme d'une campagne ponctuée d'opérations d'intimidation et largement dominée par le candidat sortant du FPR, Paul Kagame est réélu le 25 août 2003 avec 95,1 % des voix devant son principal adversaire, F. Twagiramungu (3,6 %). Les élections législatives de septembre-octobre confirment la victoire écrasante du FPR, qui conquiert la majorité absolue au Parlement. Toutefois la présence massive de représentants de Paul Kagame participant à la gestion des bureaux de vote, le harcèlement de ses adversaires politiques par le régime, la mainmise de ce dernier sur les médias ainsi que le silence de la communauté internationale disqualifient lourdement la légitimité des scrutins.
 Le recours à une justice traditionnelle
Les nouvelles autorités rwandaises se sont trouvé face à un nombre considérable d'auteurs présumés du génocide. Après avoir différencié les catégories de criminels y ayant participé (1996), quelque dix-mille tribunaux, inspirés des assemblées villagoises (les juridictions gacaca) sont institués en 2001. Ils sont chargés des poursuites et du jugement du crime de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis entre le 1er octobre 1990 et le 31 décembre 1994.
En 2005, les juridictions gacaca accueillent les premiers procès, au cours desquels sont confrontés survivants et exécutants du génocide (à l'exception des planificateurs et des auteurs de viols). Conformément à l'une des exigences de la communauté internationale pour que les procédures judiciaires à l'encontre des génocidaires soient transférées à la juridiction nationale rwandaise avant la dissolution du TPIR prévue en 2008 (reportée jusqu'à fin 2012, afin d'examiner les derniers cas en instance), le Rwanda abolit la peine de mort le 26 juillet 2007.
 Verrouillage électoral et violences politiques
Aux élections législatives de septembre 2008, la coalition au pouvoir (FPR, associé à six petits partis) remporte la majorité absolue des sièges. À cette occasion, la communauté internationale salue les efforts des autorités rwandaises pour sa mise en œuvre de la promotion des femmes ; celles-ci ont obtenu 44 des 80 sièges de l'Assemblée nationale – une première mondiale. Toutefois, l'opposition (une douzaine de partis en exil) n'a pas participé au scrutin.
À l'approche de l'élection présidentielle du 9 août 2010, le régime montre des signes de raidissement. En vertu de la loi de 2008 qui réprime « l'idéologie génocidaire » ou le « divisionnisme », et qui vise à empêcher le retour de la haine ethnique, le régime du président Kagame muselle toute liberté d'expression et anéantit toute velléité d'opposition. Menacés, d'anciens piliers du FPR passés dans l'opposition (Faustin Kayumba Nyamwasa, ex-chef d'état-major, Patrick Karegeya, ex-chef des renseignements extérieurs) se réfugient en Afrique du Sud (où ce dernier sera finalement assassiné en janvier 2014) ; d'autres sont exécutés, tels le journaliste André Kagwa Rwisereka (juin 2010) ou le premier vice-président du parti démocratique vert André Kagaw Rwisereka (juillet). Victoire Ingabire, présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), tout comme Bernard Ntaganda, président du parti social (PS), sont empêchés de participer au scrutin du 9 août, où faute de véritable rival, Paul Kagame est réélu avec 93 % des suffrages et un taux de participation record de 97,51 %.
6.4. Politique extérieure

 Politique régionale
Sur le plan régional, le Rwanda poursuit sa politique de réglement du problème posé par la présence de groupes armés congolais et rwandais dans l'est de la République démocratique du Congo. Fin 2008, les combats que se livrent le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du général rebelle congolais Laurent Nkunda – soutenu par le Rwanda – et les forces congolaises alliées aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), menacent de rallumer une guerre régionale. Cependant, fruit du dialogue entamé en 2007 entre les gouvernements rwandais et congolais et d'un accord secret scellé en décembre 2008 entre les deux capitales, un renversement d'alliances inespéré permet la menée d'opérations militaires conjointes contre les FDLR (janvier-février 2009). Après la rencontre de leur deux présidents (août), le Rwanda et la RCD décident de reprendre leurs relations dilomatiques interrompues depuis plus de dix ans.
Les tensions avec l'Ouganda, portées à leur paroxysme lorsque les deux pays s'étaient affrontés militairement pour le contrôle de la ville de Kisangani en RDC (août 1999) puis en mai 2000 et en juin 2002, s'apaisent grâce à la médiation de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Mais en dépit de plusieurs rencontres au niveau présidentiel entre 2007 et 2009, une certaine défiance demeure, nourrie par une rancune personnelle entre les deux ex-compagnons d'armes, et par des soupçons réciproques de liens suspects avec leur opposition respective.
Le Rwanda poursuit sa politique d'intégration régionale. Membre du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), il se retire en juin 2007 de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et adhère en juillet à la Communauté est-africaine (EAC), privilégiant le maintien de ses relations en Afrique de l'Est. En novembre 2009, le Rwanda devient, le 54e membre du Commonwealth tout en demeurant au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Épinglé par un rapport de l’ONU paru le 1er octobre 2010 et mettant en évidence la participation des troupes rwandaises à des massacres de réfugiés hutus en RDC entre 1995 et 2003, Kigali – un des plus gros contributeurs africains de Casques bleus au Darfour – répond en menaçant de retirer ses troupes si le texte n'est pas amputé de certaines parties.
 Les relations avec la France
Les relations avec la France, soupçonnée d'avoir aidé les milices hutues lors du génocide de 1994, ne cessent de se détériorer. En novembre 2006, au lendemain de la publication de l'ordonnance d'un juge français mettant en cause le président Kagame et neuf de ses proches dans l'attentat du 6 avril 1994 contre J. Habyarimana, le Rwanda rompt ses relations diplomatiques avec la France, non sans exiger une repentance « officielle » de celle-ci pour sa participation aux événements de 1994, et la fin des poursuites contre le chef de l'État.
Après quelques signes de réchauffement à l'automne 2007, une entrevue, en marge du sommet Union européenne-Afrique de Lisbonne (décembre), entre les deux présidents permet de lancer le processus de normalisation entre Paris et Kigali. Conséquence de la crise qui affecte les relations franco-rwandaises, Kigali institue l'anglais, et non plus le français, langue de l'enseignement, de l'école primaire à l'université. À la suite du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays (novembre 2009), Nicolas Sarkozy en visite au Rwanda (février 2010) reconnaît, sans présenter d'excuses officielles, « de graves erreurs d'appréciation, une forme d'aveuglement " de la part de la France pendant le génocide ; lors de sa première visite officielle en France (septembre 2011), Paul Kagame exprime sa volonté de « tourner la page des différends du passé ».

 

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